L’avenir d’une île laboratoire à Varennes inquiète

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Par Daniel Bastin
L’avenir d’une île laboratoire à Varennes inquiète
Des chercheurs étudient sur l’île Deslauriers à Varennes le goéland à bec cerclé, qui est la sentinelle des changements d’un écosystème. (Photo : Shutterstock)

L’île Deslauriers, qui fait partie de l’archipel des îles de Varennes, est toute petite, mais elle est grandement intéressante puisqu’elle est le laboratoire à ciel ouvert de chercheurs universitaires de l’UQAM et de McGill. Sur place, ils étudient un oiseau sentinelle, le goéland à bec cerclé, qui est le baromètre des changements d’un écosystème.

Selon des reportages de ICI Radio-Canada et du Journal de Montréal, il resterait trois fois moins de couples nicheurs sur l’île Deslauriers qu’il y a 20 ans, alors qu’on avait recensé à cet endroit plus de 50 000 couples, soit plus de 100 000 goélands.

Cette diminution s’explique en raison du batillage incessant des navires sur le fleuve, grugeant lentement mais inexorablement l’île de seulement un kilomètre carré. Les données d’Environnement Canada indiquent qu’en 10 ans, elle aurait perdu le tiers de sa superficie, ce qui signifie que si rien n’est fait, elle est condamnée à disparaître, tout comme ce fut le cas pour l’île Bellegarde, qui se trouvait un peu plus au nord.

Un autre problème, c’est la prolifération d’une plante envahissante à cet endroit, le phragmite ou roseau commun exotique, qui rend la nidification difficile pour les goélands à bec cerclé. S’il n’est pas possible pour cette espèce de s’installer à cet endroit, les chercheurs craignent qu’ils ne s’établissent dans les zones urbaines à proximité, ce qui provoquerait des désagréments liés au cris et aux déjections.

Des composés toxiques

Ce laboratoire à ciel ouvert diminue donc rapidement, au grand dam des chercheurs universitaires qui posent de petits GPS aux goélands et effectuent des prélèvements sanguins afin de comprendre les effets de certains polluants sur le cerveau de ces oiseaux.

Grâce à leurs recherches, ils ont découvert qu’on retrouve dans les systèmes de ces oiseaux des polluants reliés aux retardateurs de flammes, soit des composés qu’on ajoute à une foule de produits de consommation contenant du plastique, des mousses ou des tissus synthétiques. Ces composés sont pour la plupart persistants, bioaccumulables et toxiques. Ils s’accumulent dans les tissus des oiseaux et perturbent le fonctionnement de leurs hormones thyroïdiennes.

Ces retardateurs de flammes ont été progressivement bannis jusqu’en 2015, mais il y a encore des milliers de tonnes en circulation dans le monde, intégrés aux meubles, voitures, ordinateurs ou maisons. De plus, ces composés ont été remplacés par de nouvelles familles de retardateurs de flammes pour lesquels il faudra des années avant d’en connaître les impacts environnementaux sur les oiseaux. Et éventuellement, ils pourraient peut-être même agir comme sirène d’alarme pour la population humaine.







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