Le Port de Québec a aussi son mégaprojet de terminal de conteneurs, Laurentia, évalué au coût de 775 millions de dollars. Le hic, c’est qu’il vient en concurrence avec le projet du Port de Montréal à Contrecœur…
Au total, 91 entreprises disent souhaiter utiliser les futures installations dans la Capitale-Nationale, dont Congebec, Produits forestiers Résolu et Breton Tradition 1944, alors que la grande majorité de ces compagnies ont toutefois préféré ne pas être nommées afin de ne pas nuire à leur relation d’affaires avec d’autres ports.
L’Administration portuaire de Québec (APQ) espère démarrer en 2021 son projet qui consiste à prolonger la ligne de quai de 610 mètres afin d’exploiter un terminal de conteneurs en eau profonde, mais celui-ci n’a pas encore obtenu les autorisations des différents paliers de gouvernement. Avec Laurentia, elle se dit confiante d’augmenter de 50 % son chiffre d’affaires, qui est près de 43 millions de dollars présentement.
Dans sa présentation du projet, APQ fait valoir : « Le transport maritime compte pour plus de 85 % des échanges commerciaux internationaux. Plusieurs facteurs structuraux dans cette industrie font en sorte que le nouveau standard mondial est maintenant une voie de navigation et un accès portuaire de 15 m de profondeur d’eau. La grande majorité de la flotte mondiale nécessite dorénavant cette profondeur et les lignes maritimes recherchent des ports pouvant accueillir ces navires. Laurentia, terminal de conteneurs en eau profonde de Québec est d’ailleurs une réponse à ce nouveau standard. »
L’Administration portuaire de Québec a aussi signé une entente à long terme avec deux partenaires d’importance pour réaliser le projet, soit Hutchison Ports et le CN. « Les trois partenaires procéderont ensemble à des investissements d’environ 775 M$, dont 75 % proviendront des partenaires du projet et 25 % des deux paliers de gouvernement. Le projet est donc viable avec relativement peu d’investissement public », est-il également indiqué dans la présentation.
« En plus de fixer un nouveau standard en logistique intermodale sur le fleuve Saint-Laurent, le terminal Laurentia exploitera les installations les plus avancées sur les plans environnemental et technologique en Amérique du Nord et pourra accueillir des navires de grand gabarit et de grands trains. Ces facteurs généreront ainsi des économies de temps et permettront de diminuer les coûts pour l’ensemble des acteurs de la chaîne logistique. Ce sont toutes les entreprises importatrices et exportatrices qui seront ainsi plus compétitives au niveau mondial.»
En concurrence avec le projet de Contrecœur
Dans son édition du vendredi 12 juin dernier, le Journal de Montréal soulignait qu’une récente étude commandée par le Port de Québec et réalisée par le professeur Alain Dubuc de HEC Montréal démontrait que Laurentia aurait un impact sur les activités du Port de Montréal. L’auteur estime que le nouveau terminal de Québec par lequel transiterait près de 700 000 conteneurs « équivalent de vingt pieds » pourrait ravir environ 190 000 conteneurs à Montréal et la croissance annuelle de celle-ci pourrait passer de 3,5 % à 2,5 %. Le projet d’APQ entrerait également en concurrence avec les ports de Norfolk en Virginie, de New York/New Jersey et de Halifax.
Dans les heures qui ont suivi la publication de cet article dans le Journal de Montréal, la Ville de Contrecœur a publié un communiqué qui réaffirme la nécessité du projet sur son territoire. « L’expansion du terminal portuaire à Contrecœur est un projet attendu qui fait l’objet d’un large consensus parmi les milieux économiques locaux, québécois et pancanadiens et qui jouit d’un grand niveau d’acceptabilité sociale », a fait valoir la mairesse, Maud Allaire.
« Cette expansion sur notre territoire a été rigoureusement planifiée pour répondre aux besoins de l’ensemble des marchés pendant plusieurs décennies. Le Port de Montréal travaille avec des opérateurs, des partenaires et un écosystème logistique qui est d’ici », a ajouté Mme Allaire en rappelant que la Banque de l’infrastructure du Canada a annoncé en décembre 2019 qu’elle s’engageait à financer jusqu’à 300 millions de dollars le projet du Port de Montréal.
Mentionnons en terminant que, selon les estimations de l’Administration du port de Montréal (APM), ce terminal permettra de manutentionner 1,15 million de conteneurs par an et entraînera la création d’environ 1 000 emplois directs et 5 000 emplois indirects, en plus d’avoir un impact récurrent sur le produit intérieur brut (PIB) de 119 millions de dollars.