Montée Baronnie: Quand le vélo prend le chemin du grenier

par Steve Martin de l'Initiative de journalisme local
Montée Baronnie: Quand le vélo prend le chemin du grenier
« Les camions ne respectent pas la distanciation minimale prévue par le règlement, croit madame Jodoin, 79 ans. Ils nous frôlent presque, alors ça m’inquiète beaucoup. » (Photo : Steve Martin)

Durant des années, faire du vélo près de sa maison du chemin de la Baronnie a fait partie du quotidien de Nicole Jodoin. L’an dernier, en raison du cortège de véhicules lourds qui circule maintenant en permanence près de sa maison, la dame a dû accrocher sa bicyclette.

Par matin de pluie ou de beau temps, Nicole Jodoin et son conjoint ont répété leur rituel chaque été durant plusieurs années. Ils sortaient leurs bécanes, le temps d’aller prendre un café avec leurs amis avant de revenir à la maison. Ces moments font aujourd’hui partie des souvenirs.

« Je suis encore très forte, s’enorgueillit madame Jodoin, mais à 79 ans, ça m’inquiète un peu plus. D’autant plus que je suis seule maintenant. Les mastodontes respectent rarement les vitesses alors ça me fait perdre l’équilibre. J’ai peur de tomber. Et puis, ils ne respectent pas non plus la distanciation minimale prévue par le règlement. Ils nous frôlent presque, alors ça m’inquiète beaucoup. »

Pour Nicole, l’arrivée du géant Costco sur le chemin de la Baronnie et les changements de trajet n’ont pas été synonymes de prospérité.

« Ça fait 30 ans que mon mari a construit notre maison. C’est un rêve de plusieurs années. C’était calme et nous étions en sécurité ici. Nous pouvions partir avec nos filles sans avoir à nous inquiéter, mais aujourd’hui, avec le déplacement d’air [causé par les camions], c’est devenu trop risqué pour moi. »

De bien beaux arrêts

Situé à proximité de l’intersection empruntée généralement par plus de deux milliers de camions par jour, Mme Jodoin fait partie d’un groupe de citoyens qui espèrent que des mesures seront adoptées afin d’atténuer les inconvénients de l’intense trafic routier qui a transformé le secteur.

« Moi, j’ai toujours réussi à dormir avec les fenêtres ouvertes, mais avec le bruit continuel, ce n’est plus possible. C’est excessif. Je n’avais jamais eu besoin d’air climatisé parce que nous étions à la campagne. Ce n’était pas nécessaire. Mais je n’aurai pas le choix d’avoir de la climatisation artificielle. Avec des journées chaudes comme celles que nous avons connues, je ne passerai pas à travers. »

Malgré les demandes pour que soit respectée l’interdiction de bruits excessifs entre 23h et 7h, Nicole Jodoin admet ne pas avoir constaté de changement significatif… à une exception près.

« Souvent, les camionneurs ne font pas d’arrêt complet même s’il y a un ralentissement. Les policiers viennent rarement dans le coin, mais en début de semaine, ils étaient là. Je peux vous dire que je n’avais jamais vu d’aussi beaux arrêts! »

Bicyclette en veilleuse

Pour sa part, Olivier Côté est un jeune papa de deux garçons qui habite sur la route Marie-Victorin, face à la montée de la Baronnie.

Comme Mme Jodoin, Olivier, Mathias et Victor ont dû laisser leurs bicyclettes en veilleuse ce printemps.

« Nous avions l’habitude de faire du vélo sur la montée de la Baronnie. C’était le coin le plus tranquille que nous avions, mais aujourd’hui, c’est trop dangereux. On n’en fait plus, mis à part la fin de semaine. Quand on voit un camion, on s’arrête sur le bord de la route et on attend qu’il passe. La plupart des conducteurs ne se tassent pas, même quand ils voient qu’il y a des enfants. Le flot est quand même régulier, mais ce n’est rien en comparaison. La semaine, c’est vraiment infernal. »

Matières dangereuses

Olivier confie par ailleurs avoir remarqué que l’éthique de conduite pouvait, à son avis, varier grandement selon les conducteurs.

On peut espérer que, dans un secteur où le transport de matières dangereuses est chose courante, les consignes ont été claires et comprises dans certains milieux.

« Parmi ceux qui font hyper attention, il y a les camions qui appartiennent à des compagnies comme Air Liquide ou Kemira par exemple. Leurs véhicules sont super bien entretenus et les chauffeurs sont respectueux. Lorsqu’ils freinent, on ne les entend presque pas. »

Comme ses voisins, il espère que des mesures vont être mises en place afin de diminuer le risque et les irritants.

« Une pancarte a été installée sur la montée de la Baronnie, mais la majorité des camions avec des brokers ne la respecte pas. J’ai fait des demandes au ministère des Transports afin que des pancartes soient aussi installées sur la 132. J’ai dû les relancer et j’ai eu un retour durant la crise de la COVID-19. On m’a dit qu’on prenait note de ma demande et que des affiches seraient installées, mais je n’ai toujours rien vu pour l’instant. »

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