Intersection Marie-Victorin et montée de la Baronnie: danger à la croisée des chemins?

par Steve Martin de l'Initiative de journalisme local
Intersection Marie-Victorin et montée de la Baronnie: danger à la croisée des chemins?
(Photo : Steve Martin)

La modification du trajet emprunté par les véhicules lourds à Varennes polarise les avis depuis sa mise en place. Deux années plus tard, pour un groupe de citoyens inquiets, ce débat n’est pas terminé.

La Ville de Varennes connait depuis quelques années un essor économique sans précédent. Mais au-delà de cette manne qui profite à de certains citoyens et entreprises, un groupe de Varennois ont expérimenté un côté qui fut moins mis en lumière durant cette période de prospérité. Cette semaine, nous avons laissé la parole à certains d’entre eux.

Deux réalités bien différentes

En juin 2018, lors que la Ville de Varennes a annoncé que le passage des camions lourds était interdit sur la montée de la Picardie (à l’exception des livraisons locales), les résidents du secteur se sont sans aucun doute réjouis.

En ajoutant une douzaine de kilomètres à leur odomètre pour chaque transport, les conducteurs de ces véhicules allaient abandonner leur parcours habituel, laissant derrière eux une zone certainement plus calme que par les années précédentes.

À l’inverse, les propriétaires vivant aux abords de la montée de la Baronnie et à l’intersection de la route Marie-Victorin semblent depuis vivre une expérience pour le moins différente, voire diamétralement opposée. De nos jours, il ne faut pas passer plus d’une heure à la croisée des chemins pour comprendre l’inconfort créé par cette situation.

Un passage, deux véhicules

Conducteurs indisciplinés, dépassements illégaux, passages simultanés de véhicule lourds à l’intersection, débordement sur la voie réservée aux cyclistes… Pour certains de ces observateurs qui ont hérité, malgré eux, de sièges aux premières loges, la question ne serait plus de savoir si un accident grave va se produire, mais bien à quel moment il va survenir.

« Ça fait un moment que nous disons à la Ville que c’est dangereux », explique la Varennoise Diane Yelle qui habite le secteur. L’intersection a été construire de manière à ce qu’un seul camion tourne à la fois. On s’entend que, quand 1 200 camions passent dans une journée, ils ne vont pas tous respecter la règle. »

Selon Mme Yelle, lorsqu’une telle situation se produit, le véhicule concerné doit empiéter sur la piste cyclable afin de compléter son virage, passant du même coup à quelques pouces de sa boîte aux lettres.  « Alors, imaginez comment je me sens quand je vais chercher mon courrier », ajoute celle qui, en compagnie de son conjoint, a pris systématiquement notes et photos de chaque véhicule lourd sur une période de quelques jours afin de prouver que le risque était bien réel.

« Ç’a été un travail monstre. Et quand nous disons 1 200 camions, c’est pour une période allant de 6 h à 18 h. Nous avons 7 000 photos et 700 vidéos pour démontrer qu’il y a danger. Le problème, c’est qu’à un moment donné, l’impatience des conducteurs [qui doivent attendre que les camions effectuent leur virage] entre en ligne de compte, alors ils coupent. »

Comme d’autres résidents du secteur, Mme Yelle espère la mise en place par les autorités de solutions simples et pratiques, comme ce fut le cas sur le trajet de la montée de la Picardie par le passé. Un espace de contournement par exemple qui permettrait, à son avis, de diminuer les risques lorsque les camions effectuent leur virage.

Un bruit de ferraille

À quelques mètres de là, la voisine de Mme Yelle habite directement devant l’intersection en question.

Ces dernières années, en plus des irritants que constituent le bruit répétitif des freins à compression et la lumière projetée par les phares qui éclaire sa maison la nuit, Rhonda Genest a assisté à plusieurs incidents.

« Un homme est rentré de plein fouet dans le ponceau de mon voisin Olivier, se souvient-elle. Il a perdu le contrôle et le véhicule a pris feu. C’est moi qui ai appelé le 9-1-1. Une autre nuit, j’ai entendu un vacarme près de la maison. Un véhicule avait frappé mon arbre qui est situé à environ 10 pieds du coin de ma chambre à coucher. L’impact a été tellement fort. J’ai entendu le bruit de ferraille. C’est un son qui me revient continuellement dans la tête. »

Les images de la jeune conductrice vont également demeurer dans les souvenirs de celle qui dit subir les effets du stress que lui apporte cette situation depuis deux ans.

« C’était horrible, décrit-elle. Ils ont dû prendre des pinces de désincarcération. J’ai eu des nouvelles de la jeune femme plus tard. Elle avait le nez cassé, le tibia cassé… Ç’a été tout un accident. »

Aveuglement saisonnier

Selon une information fournie par la Régie intermunicipale de police Richelieu Saint-Laurent, un seul incident mineur serait survenu à l’intersection au cours des premiers mois de 2020. Rappelons cependant que la circulation sur la route a été moins dense qu’à l’habitude durant les premières semaines de la pandémie.

Certaines saisons semblent par ailleurs apporter leur lots de difficultés supplémentaires pour les conducteurs dans le secteur.

« En janvier, février, [le soleil est plus bas à l’horizon] et, si vous conduisez sur la 132, il y a des moments où vous pouvez être complètement aveuglé, explique Rhonda Genest C’est arrivé à un camionneur qui s’engageait pour prendre la montée de la Baronnie. Il avait le soleil en plein visage alors il a vu à la dernière minute le véhicule qui était arrêté devant lui. Plutôt que de le frapper, il a donné un coup de volant et il est rentré dans la plate-bande devant chez moi. »

Comme d’autres citoyens, Mme Genest espère que ses demandes formulées par les citoyens du secteur trouveront enfin une oreille attentive du côté des décideurs à qui ils se sont adressé à quelques reprises au cours des dernières années.

« Ce n’est pas qu’une question de camion, croit la Varennoise. C’est la configuration de l’intersection qui est dangereuse depuis qu’il y a eu les travaux. »

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