Affectés par le transport lourd généré depuis deux ans: Un jugement favorable pour un groupe de Varennois

Par Steve Martin, journaliste de l'initiative de journalisme local
Affectés par le transport lourd généré depuis deux ans:  Un jugement favorable pour un groupe de Varennois
« D'autres solutions auraient pu être envisagées mais la Ville n’a pas agi en bon père de famille, croit Marie-Éve Dulude, représentante du groupe et mère de trois enfants âgés de 4 à 13 ans. Son devoir, c’est de protéger les citoyens. » (Photo : Steve Martin)

C’est avec un certain soulagement qu’un groupe d’une centaine de citoyens habitant le secteur de la montée de la Baronnie ont accueilli une décision de l’honorable Thomas M. Davis le 12 mars dernier. Le juge a alors autorisé la poursuite d’une action collective contre la Ville de Varennes pour les troubles et inconvénients anormaux présumément subis par les résidents en raison du passage de plus de 2000 camions par jour devant leur demeure, et ce, sept jours sur sept.

Pour ces Varennois qui habitent dans le secteur autrefois paisible, il s’agit d’un premier pas dans leur tentative de faire reconnaître les torts causés, selon eux, par la modification de parcours des camions lourds mise en application par la Ville depuis l’été 2018. Une situation qui serait amplifiée par l’arrivée récente du centre de distribution de Costco sur le chemin de la Baronnie.
Rappelons que l’entreprise a investi dernièrement 100 millions de dollars afin de relocaliser à Varennes son centre de distribution autrefois situé à Saint-Bruno-de-Montarville. Le transport de marchandises généré par le géant du commerce de détail sur le chemin de la Baronnie compterait de nos jours pour environ la moitié du trafic de véhicules lourds dans le secteur.

Des mesures pour améliorer la situation

Pour Marie-Ève Dulude, qui représente le groupe de citoyens concernés, le but de la démarche n’est pas de revenir en arrière, mais d’inciter la Ville à collaborer avec les résidents affectés par la décision afin de trouver des solutions.
« Aujourd’hui, je ne peux plus manger dehors, explique cette mère de famille. Pourtant, j’ai acheté mon terrain pour jardiner, pour profiter de la nature. Je ne peux même plus ouvrir les fenêtres de ma maison, à aucun moment, ni faire de promenade avec mes enfants ou faire du vélo avec eux. »
Parmi leurs demandes, les Varennois espèrent obtenir une injonction afin d’amener la Ville à mettre en place des mesures pour atténuer les problèmes causés par le transport lourd, notamment ceux liés au bruit continu.
Ils réclament également le droit de poursuivre la Ville afin d’obtenir des sommes pour compenser la perte de valeur de leur propriété ainsi que des dommages compensatoires et moraux.
« Ce que nous souhaitons, c’est de retrouver notre qualité de vie et une certaine tranquillité, ajoute Mme Dulude. Il ne faut pas oublier que nous sommes dans une zone agricole. Avant, il n’y avait rien. La circulation, c’était des cyclistes et c’est tout. Le camionnage était très peu fréquent et quand il y en avait, c’était pour les besoins du secteur agricole. »

Un enjeu de sécurité

Dans sa décision, le juge a en outre tenu compte des implications possibles en matière de sécurité pour les personnes habitant aux abords de la montée de la Baronnie où défilent maintenant les véhicules lourds. Il a par ailleurs reconnu que la demande d’autorisation soumise « contient suffisamment d’allégations sur la mauvaise gestion de l’itinéraire en question pour donner ouverture à une preuve de mauvaise foi contre la Ville de Varennes. »
En rendant sa décision, le juge Davis a par ailleurs refusé d’accorder l’immunité à la Ville de Varennes. « Le défaut de Varennes de bien veiller à la protection et à la sécurité de ses citoyens à la suite de l’adoption du nouveau règlement ne serait pas protégé par l’immunité, car elle n’est plus dans la sphère de l’exercice de son pouvoir politique », peut-on lire dans le document signé par le magistrat.
Ce dernier précise par ailleurs que « certaines allégations pourraient également permettre à Mme Dulude de faire valoir que l’exercice de ce pouvoir par Varennes était irrationnel ».
« Le danger est réel, croit Mme Dulude. D’autres solutions auraient pu être envisagées, mais la Ville n’a pas agi en bon père de famille. Son devoir, c’est de protéger les citoyens. Elle ne peut pas prendre des décisions aussi importantes sans tenir compte des impacts et des inconvénients générés et sans se soucier de nous. »
La Ville de Varennes a la possibilité de faire appel et de contester la décision rendue par le juge Davis.

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