Hommage aux intervenants des centres jeunesse qui font face à des défis exceptionnels durant la pandémie

par Steve Martin de l'Initiative de journalisme local
Hommage aux intervenants des centres jeunesse qui font face à des défis exceptionnels durant la pandémie
La pandémie peut être déstabilisante pour les enfants, mais les intervenants qui sont sur place font vraiment un gros travail pour que leur quotidien soit stable à la résidence. (Photo : Shutterstock)

On a beaucoup parlé des résidences pour personnes âgées et du personnel qui se dévoue pour répondre à leurs besoins en cette période de pandémie. Si leur réalité est moins souvent évoquée, ceux qui œuvrent dans les centres qui accueillent les enfants vivant des situations familiales problématiques doivent eux aussi faire face à des défis exceptionnels.

« Comme les personnes âgées, certains enfants n’ont plus de contact avec leur famille, raconte une résidente de la MRC de Marguerite-D’Youville qui travaille actuellement dans un centre de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ). Certains d’entre eux ont été placés, car ils avaient des troubles de comportement. Ils sortaient voir leurs parents la fin de semaine, mais là, ils ne peuvent plus sortir. »

Celle qui a préféré garder son anonymat par conscience professionnelle rappelle que certaines fratries ont par ailleurs été séparées en raison de l’écart d’âge entre les enfants ou parce que ceux-ci doivent faire face à des problématiques différentes.

« Les intervenants qui sont sur place ont conscience de la situation et les jeunes ont droit à une demi-heure d’appel téléconférence par jour pour parler aux membres de leur famille. Mais un appel sur «Zoom«, ça n’est pas comme s’ils pouvaient les voir en personne. »

En mode adaptation

La pandémie ayant créé de multiples formes de situations exceptionnelles, les intervenants et administrateurs ont par ailleurs dû s’adapter aux différents imprévus qui se sont présentés au fil des semaines. C’est le cas notamment d’un centre qui a accueilli un enfant de cinq ans vivant avec le trouble du spectre de l’autisme (TSA) et qui a dû être retiré d’urgence de son milieu familial.

« Il n’y avait plus de place dans les centres accueillant les enfants avec un TSA. C’était une situation particulière, car le garçon était dans un milieu vraiment défavorisé. Il y a des cas comme celui-là où les parents ont l’habitude de voir leurs enfants quelques heures le soir et la fin de semaine, et ce, en ayant beaucoup de services à leur disposition. Du jour au lendemain, ils se sont retrouvés avec eux 24 heures sur 24 et ils ne sont pas capables de les gérer. »

Afin que leur nouveau pensionnaire soit le plus à l’aise possible, les intervenants du centre en question se sont mobilisés afin de trouver, dans leur réseau, des vêtements et des jouets en plus de s’évertuer à permettre au garçon de retrouver rapidement une forme de routine.

« Je pense que les intervenants de plancher, on peut vraiment leur lever notre chapeau parce qu’ils s’arrangent avec un rien. Ce sont des événements qui peuvent être déstabilisants pour les enfants, mais les intervenants qui sont sur place font vraiment un gros travail pour que leur quotidien soit stable à la résidence. On n’écoute pas les nouvelles avec eux. On fait plutôt des trucs, on essaie de faire en sorte que le milieu soit le plus heureux possible. »

Le don de soi

Il semble par ailleurs que les employés des centres ont reçu un coup de main providentiel de la part des éducatrices et éducateurs œuvrant dans le milieu scolaire dans la région. Plusieurs se sont en effet portés volontaires afin de prêter main-forte à leurs collègues. Un renfort qui est le bienvenu considérant que certains intervenants ont eux-mêmes dû se retirer après avoir contracté la COVID-19.

« Je parlais avec quelqu’un qui travaille pour la DPJ et elle me disait que, étrangement ces temps-ci, ils ont plus de personnel qu’à l’habitude. Il y a de nombreux éducateurs qui travaillaient dans les écoles qui ont décidé de prêter main-forte dans les résidences en donnant leur nom. »

Un geste certainement louable et apprécié venant d’individus qui ont voué leur carrière à aider les jeunes à bien se développer.

« Dans le fond, quand on va dans ces métiers-là, c’est parce qu’on a le sens du don de soi. On veut aider. »

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