Les comités logements Rive-Sud et de Beauharnois et le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) se sont rendus au bureau de la députée de Châteauguay Marie-Belle Gendron le mardi 5 décembre réclamant un engagement à long terme de la part du gouvernement du Québec pour le développement de logements sociaux.
Les gouvernements provincial et fédéral ont confirmé au début novembre un investissement de 1,8 G$ pour la construction de 8000 logements sociaux et abordables dans la province. Pour les groupes communautaires qui militent pour les droits au logement, cette annonce est une bonne nouvelle, mais ils considèrent que c’est insuffisant pour répondre à la demande actuelle. «Ça prend un programme qui est dédié au logement social et qui nous permet de nous projeter dans l’avenir et d’en construire ici, maintenant, et ne pas arrêter par la suite», explique Carl Lafrenière, du FRAPRU en point de presse à Châteauguay.
«Ça fait des dizaines et des dizaines d’années qu’on ne construit peu ou pas de logements sociaux. On ne veut pas que ce soit un boom, qu’on en construise 20 000 logements et qu’après on n’en construise plus», poursuit-il.
M. Lafrenière déplore que le gouvernement du Québec ait aboli le programme AccèsLogis, qui selon lui était plus efficace. «Ça faisait 50 ans qu’on travaillait avec ce programme-là. Les groupes étaient habitués de le faire», illustre-t-il. Désormais, les groupes et sociétés d’habitation doivent passer par le Programme d’habitation abordable Québec.
Annick Frappier, du Comité logement Beauharnois, travaille depuis plus de cinq ans pour réaliser un projet de logement social à Beauharnois. Elle témoigne de la difficulté de réaliser des montages financiers pour combler la partie non financée par le gouvernement.
«Il faut tricoter et tricoter pour trouver de l’argent, ça ne marche pas, on doit recommencer. Les dépôts des projets qui ont été faits au cours des quatre dernières années par l’Office d’habitation, malgré des montages financiers serrés, ç’a été mis en attente. D’autres projets ailleurs qui ont finalement hérité de ces budgets-là», explique-t-elle.
Crise à l’année
L’actuelle pénurie de logements fait en sorte que la crise du logement persiste maintenant à l’année, selon Stéphane Moreau du Comité logement Rive-Sud. «On s’est retrouvé dans une crise qui dépasse ce qu’on avait vu jusqu’à maintenant. On approche du temps des Fêtes et on parle encore de crise du logement alors qu’avant c’était limité au 1er juillet», mentionne-t-il.
Du côté de Châteauguay, bien que la municipalité soit réputée pour avoir un bon taux de logement social sur son territoire, son nombre a diminué en raison de deux incendies en 4 ans qui ont rasé des immeubles d’une trentaine de logements.
Concernant le feu survenu en août, M. Moreau souligne que les sinistrés se sont soit relocalisés dans d’autres logements ou chez des connaissances. Comme c’était une situation d’urgence, les locataires ont eu accès rapidement au programme de supplément au loyer, mentionne-t-il. Malgré ce document qui garantit en quelque sorte le paiement du loyer, les locataires sinistrés peinent à se trouver un toit.
«Les propriétaires privés sont peu ou pas intéressés aux programmes d’accès au loyer, mentionne Carl Lafrenière. Avec un taux d’inoccupation aussi bas, les propriétaires ont le gros bout du bâton et peuvent choisir des ménages qui ont amplement les moyens de payer leur loyer.»
Pourcentage de hausse de loyer entre 2016 et 2021
Candiac : 34 %
Mercier : 29,3 %
Saint-Philippe : 25,4 %
Brossard : 20,7 %
Léry : 18,6 %
Châteauguay : 17,1 %
Agglomération Longueuil : 14,6 %
Source : Tiré du dossier noir logement et pauvreté au Québec, septembre 2023
Logement social : les groupes communautaires réclament un plus grand engagement de Québec
Valérie Lessard