Le prix du carburant et la pénurie de main d’œuvre font mal aux Autobus Boucherville et Varennes

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Par Diane Lapointe
Le prix du carburant et la pénurie de main d’œuvre font mal aux Autobus Boucherville et Varennes
Jean-Guy Provost, propriétaire des Autobus Boucherville et Varennes, est inquiet. Il se dit confronté à plusieurs problèmes. (Photo : Diane Lapointe)

Les Autobus Boucherville et Varennes qui assurent le transport scolaire dans la région ont vécu la pire année de leur histoire, de l’avis du propriétaire Jean-Guy Provost. « Notre entreprise traverse une zone de turbulences et je suis très préoccupé par la prochaine rentrée scolaire », laisse-t-il tomber.
Monsieur Provost explique que, comme toutes les industries, celle du transport scolaire vit aussi des problèmes reliés à la pénurie de main-d’œuvre, à l’inflation et à la hausse fulgurante du prix du carburant.
Sur ce dernier point, le coût du diesel a augmenté de 85 % depuis septembre dernier, passant de 1,20 $ à 2,20 $ le litre tout récemment, menaçant du coup la rentabilité de son entreprise fondée en 1957. Le plein d’un autobus coûte maintenant 440 $ comparativement à 240 $ il y a quelques mois, et tous les deux jours, il doit mettre en moyenne 200 litres dans chacun de ses 52 véhicules.
Le ministère de l’Éducation du Québec a annulé la compensation financière qui permettait aux transporteurs scolaires d’éponger une partie de la facture du carburant et qui était en vigueur depuis le début des années 2000. Le gouvernement a mis fin à ce programme d’aide alléguant qu’il allait à l’encontre de son virage vert en vue de l’électrification des autobus scolaires. « Le prix du carburant n’a jamais été aussi élevé et nous ne bénéficions d’aucune aide. Ça ne peut pas continuer ainsi », affirme M. Provost.
Il explique que l’industrie du transport scolaire ne peut ajuster les contrats conclus avec les centres scolaires pour absorber la hausse des prix du diesel.
Ces ententes sont habituellement d’une durée de cinq ans et elles sont indexées à l’Indice des prix à la consommation, ce qui, présentement, est insuffisant, indique-t-il.
La Fédération des transporteurs par autobus est d’ailleurs en discussion avec le ministère de l’Éducation sur ces points.
Bris de service à prévoir
M. Provost explique par ailleurs qu’au cours des quatre dernières années, les salaires de ses employés ont augmenté de 20 % alors que les contrats, basés sur l’IPC, ont été haussés de 7 %. « Je suis obligé d’augmenter les salaires si je veux trouver de la main-d’œuvre », souligne-t-il. Le taux horaire est maintenant de 22 $.
À cela s’ajoute également la difficulté, depuis déjà quelques années, à recruter des chauffeurs d’autobus. « Six de mes conducteurs ont annoncé leur départ à la retraite. Ce n’est pas facile d’en recruter de nouveaux et de les former à temps pour la rentrée scolaire. Il est possible qu’il y ait des bris de service sur le territoire », avise-t-il.
L’accélérateur sur l’électrification
Au Québec, la flotte d’autobus scolaires est majoritairement au carburant. En janvier 2021, on dénombrait seulement 130 autobus électriques immatriculés aux fins du transport scolaire sur un parc de plus de 10 000 véhicules. Avec son Programme d’électrification du transport scolaire, le gouvernement espère que le parc d’autobus scolaires de la province soit électrique à 65 % d’ici à 2030. Ainsi, depuis le 31 octobre 2021, il n’est plus possible d’immatriculer un autobus scolaire neuf qui consomme du carburant.
Aux Autobus Boucherville et Varennes, la flotte est assez récente et le remplacement des autobus par des véhicules électriques ne commencera pas avant trois ans. Les autobus ont une durée de vie utile de 12 ans, selon le Règlement sur le transport des élèves. Le prix d’un autobus électrique, d’après Luc Lafrance, PDG de la Fédération des transporteurs par autobus, est trois fois supérieur à un autobus fonctionnant au diesel. Il est d’environ 340 000 $.

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