La pénurie de main-d’œuvre menace pour les petits établissements de la région

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Par Steve Martin, Initiative de journalisme local
La pénurie de main-d’œuvre menace pour les petits établissements de la région
Si les restaurateurs peuvent rêver de jours meilleurs après des mois de fermeture, pour plusieurs la bataille n’est pas terminée. (Photo : Lily Gourmande)

Si les restaurateurs peuvent rêver de jours meilleurs après des mois de fermeture, pour plusieurs la bataille n’est pas terminée. Après deux années de pandémie, la chasse aux candidats pour pourvoir les nombreux postes laissés vacants ne fait que commencer.

En ouvrant le café Lily Gourmande à Contrecœur en 2020, en pleine pandémie, Laurie Pagé et ses partenaires de projet, Stéphanie Dufour et Valérie Taillon, savaient qu’elles prenaient un risque. Mais les belles opportunités ne frappent pas à votre porte tous les jours.

Malgré les difficultés liées à la gestion de la Covid-19, la situation sanitaire n’allait pas être leur seule préoccupation. Comme c’est le cas de bien des petits (et grands) établissements en région, les administratrices ont en effet de la difficulté à recruter du personnel et espèrent toujours mettre la main sur un nouveau chef pour prendre en charge les cuisines de leur projet d’économie sociale.

« Nous avons ouvert le poste à la fin du mois de novembre, explique Laurie Pagé. On savait que notre chef devait partir en congé de maternité, alors nous avons affiché à plusieurs endroits et de façon répétée. On a fait des publications sur Facebook, on en a parlé autour de nous… Mais c’est très difficile en ce moment de recruter dans l’industrie de la restauration. Et ça avait commencé avant la pandémie. »

Loin des grands centres

Laurie Pagé nous rappelle par ailleurs que, après les trois premiers mois de pandémie, une étude avait démontré que bon nombre d’employés du secteur avaient l’intention de se réorienter. « C’était autour de 30 % des gens qui travaillaient en restauration à l’époque, avance-t-elle. Alors, disons que deux ans plus tard, ça doit être pas mal plus élevé. »

Si le problème touche toutes les régions, pour certains secteurs éloignés des grands centres, la situation peut être encore plus complexe et menace même la survie des commerces qui n’arrivent pas à pourvoir les postes vacants.

« Ça reste que le bassin de main-d’œuvre qualifiée est quand même assez restreint ici. On est assez près de Montréal pour qu’un candidat qui veut travailler dans un grand restaurant soit prêt à se déplacer, mais ça ne fonctionne pas dans le sens inverse ! »

Candidatures de l’étranger

Laurie, qui admet avoir dû chercher durant six mois pour trouver leur précédent chef, raconte par ailleurs avoir reçu un certain nombre d’offres de services provenant de l’étranger, de France et d’Afrique notamment.

« C’est quand même un gros défi de faire venir de la main-d’œuvre de l’étranger, croit-elle. Et nous ne sommes pas dans un secteur où il y a des programmes pour nous aider, comme le milieu agricole par exemple. On a peu de soutien. »

Afin de rendre leur offre alléchante, l’équipe du Lily Gourmande doit donc, comme d’autres commerces du secteur, proposer différents avantages afin de repêcher une perle qui se fait de plus en plus rare.

« C’est pourquoi nous avons éliminé le salaire à pourboire notamment, avance-t-elle. Une échelle salariale, ça permet aux employés d’avoir un revenu plus stable. On regarde aussi ce qu’on peut offrir en matière d’avantages sociaux, en santé mentale par exemple. Ce n’est pas toujours facile de travailler quand on a des horaires de soir ou qui ne sont pas réguliers. C’est quelque chose qui est hyper important pour nous. »

Une réflexion

Les petits commerces doivent par ailleurs composer avec les mesures mises en place par le gouvernement afin d’attirer les employés potentiels vers d’autres secteurs comme la technologie, la santé et l’éducation. « Je comprends, admet Laurie Pagé. Ce sont des milieux qui sont en demande, mais en même temps, ça nous prive d’un autre bassin d’employés potentiels. »

Une chose est certaine, le temps qu’il faudra pour que le milieu se stabilise pourrait durer beaucoup plus longtemps que la pandémie elle-même. « Ça va prendre de l’aide des différents paliers gouvernementaux, résume Mme Pagé. Mais aussi une réflexion générale sur ce que nous, en tant qu’employeurs, nous pouvons faire pour attirer la main-d’œuvre. »

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