La police de l’avenir débarque à Boucherville

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Par Diane Lapointe
La police de l’avenir débarque à Boucherville
Pour leur première journée de travail à titre de policiers RESO, les agentes attitrées à Boucherville, Amélie Tapp et Martine Boutin, étaient au Centre de répit dépannage Aux Quatre Poches. (Photo : Diane Lapointe)

Un nouveau modèle de police qualifié de police de l’avenir s’installe dans l’agglomération de Longueuil. Les policiers Réseau d’entraide sociale et organisationnel (RESO) sont en service depuis le 8 décembre. À Boucherville, Martine Boutin et Amélie Tapp sont les deux agentes RESO attitrées au territoire. Leur but : venir en aide aux personnes vulnérables en intervenant en amont de la crise, bien avant que les appels d’urgence soient faits au 911.

L’escouade est formée de dix-sept policiers RESO qui se concentreront sur la prévention dans des secteurs déterminés à travers les cinq villes de l’agglomération. Pourquoi? Parce que les interventions policières se complexifient et se métamorphosent et parce que sept appels sur dix au 911 ne concernent ni des événements criminels ni pénaux. Ils sont plutôt reliés à des problématiques de santé mentale ou de détresse psychologique. « Les patrouilleurs courent d’un appel à l’autre et n’ont pas le temps de travailler en amont ou en prévention », explique le relationniste Ghyslain Vallières.

À Boucherville, les agents Boutin et Tapp travailleront en immersion dans les deux quartiers de Boucherville qui ont été ciblés à la suite d’une analyse criminologue des appels au 911 et des problématiques récurrentes dans ces secteurs, précise le sergent Éric Martin. Il s’agit du secteur Montarville situé en périphérie de l’école secondaire De Mortagne, du Centre multifonctionnel Francine-Gadbois et des résidences pour personnes âgées, ainsi que celui du Vieux-Village.

Proche de la population

Le policier RESO est une police communautaire qui se veut proche des gens et de leur réalité, qui travaillera en amont, par des interventions préventives, plutôt que par la répression lors des moments de crise alors que sont logés des appels au 911. Pour développer des liens de confiance avec la population, les policiers veulent être visibles, accessibles et disponibles, ce pour quoi ils se promèneront à pied.

En synergie avec les organismes locaux, ils interagiront notamment auprès de clientèles vulnérables, telles que des personnes aux prises avec un enjeu de dépendance, en situation d’itinérance, des personnes âgées ou jeunes, des personnes dépressives, des victimes de violence conjugale, d’agressions sexuelles ou de maltraitance, etc.

Nouvelle approche de police de concertation

Le projet Policiers RESO a été développé en adéquation avec la philosophie de Police de Concertation mise en chantier en 2018 au SPAL. Il s’agit d’une approche unique au Québec et qui pourrait contribuer à définir un nouveau modèle policier au Canada, a mentionné le directeur du SPAL Fady Dagher. La ministre de la Sécurité publique Geneviève Guilbault l’a d’ailleurs qualifié d’avant-gardiste. Elle a octroyé au SPAL 3,6 M$ pour sa mise en place sur une période de trois ans. Un montant équivalent a aussi été versé par l’agglomération de Longueuil.

Le sentiment d’appartenance était déficient

Les deux policières RESO à Boucherville connaissent bien le territoire bouchervillois. L’agente Amélie Tapp a commencé sa carrière ici en 2003. Mais depuis, mentionne-t-elle, la police a changé en raison notamment du nombre grandissant d’appels d’urgence. « J’avais moins de temps à consacrer aux appels pour réaliser une approche plus près des citoyens et ça me manquait beaucoup. Alors, le projet RESO m’a interpelée, car j’aime être disponible et conseiller les gens au maximum de mes connaissances et en les référant aux bonnes ressources communautaires. »

Martine Boutin est policière depuis 14 ans. Depuis quelques années, elle travaille en solo à Boucherville. « C’est déjà une approche plus près de la population, mais on a plus le temps pour écouter et pour assurer des suivis. Ça me manquait vraiment dans mon travail, ce pour quoi ce projet est venu me chercher. Je vais pouvoir travailler plus en profondeur et guider les gens vers les ressources nécessaires pour leur venir en aide.

Les policiers RESO sont sélectionnés en fonction de leur grande intelligence émotionnelle et leur désir d’aider les gens. Ils  ont participé à un programme de développement professionnel constitué d’un stage d’immersion sociale et citoyenne d’une durée de cinq semaines, du 25 octobre au 25 novembre.

Réduire le nombre d’appels au 911 de moitié

Avec le projet Policiers RESO, le SPAL espère réduire de façon significative le nombre d’appels effectués au 911, idéalement de 50 % sur un horizon de cinq à dix ans, ce qui permettrait d’ajouter sur le terrain plus de policiers RESO, en réduisant le nombre de patrouilleurs (il y en a 280).

Boucherville y croit

La Ville de Boucherville n’échappe pas aux problématiques psychosociales, que ce soit les troubles de la santé mentale, la dépendance, la maltraitance, ou même l’itinérance, ce pour quoi la Ville appuie cette initiative. « Boucherville croit fortement à ce projet parce que nous souhaitons démystifier le rôle coercitif de la police et la rapprocher des citoyens et de la communauté. Ce projet pourra désamorcer plusieurs situations conflictuelles et pourra aider à les résoudre, a mentionné le conseiller municipal Raouf Absi. Il est important que la population ait confiance en ses policiers parce que c’est ainsi qu’ils peuvent faire de la prévention et éviter de canaliser ou d’aggraver des situations. »

Les coordonnées des policiers RESO sont disponibles sur le site Internet longueuil.quebec/RESO.

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