Le 12 novembre dernier, le premier ministre du Québec, François Legault, a présenté les cinq chantiers de sa nouvelle vision économique, qui fait belle place aux énergies propres, dont l’hydrogène. Pour sa part, la Ville de Varennes est à l’avant-garde dans ce dossier, car elle accueillera bientôt les deux plus grandes usines de production d’hydrogène vert en Amérique du Nord. Tout récemment, l’association Hydrogène Québec a annoncé que Varennes est la toute première ville à joindre ses rangs, tout en soulignant « son leadership » en ce domaine.
« En dix ans, le secteur économique de Varennes a pris un virage majeur », a rappelé le maire Martin Damphousse à ce sujet. « L’ancien parc de raffineries pétrochimiques a été décontaminé et s’est transformé en un lieu de production d’énergies vertes et durables », a-t-il ajouté en précisant que Varennes s’est alors positionné afin d’être au cœur de la « révolution des énergies propres ».
De son côté, Hydrogène Québec, une coalition de 42 membres qui font partie de la filière de l’hydrogène, a fait valoir que la position avant-gardiste de la Ville représente une occasion de tracer la voie du futur pour la participation active des Municipalités dans l’élaboration des grands projets d’infrastructures.
« C’est avec plaisir que nous accueillons la Ville de Varennes chez Hydrogène Québec et nous saluons son leadership », a mentionné sa directrice exécutive, Marie Lapointe. « Nous sommes confiants qu’elle continuera de jouer un rôle central dans l’élaboration des premiers carrefours d’applications multiples d’hydrogène au Québec qui permettront de développer des solutions à bas carbone de transport lourd routier, portuaire et de chauffage. »
Deux usines d’hydrogène vert
Bientôt, deux projets d’envergure verront le jour en sol varennois, soit Recyclage Carbone Varennes (RCV), et celui de Greenfield Global, qui pourraient produire de l’hydrogène vert dès 2024.
Rappelons à ce sujet qu’en décembre dernier, Hydro-Québec avait annoncé qu’elle construira une usine d’électrolyse d’une capacité de 88 mégawatts (MW), ce qui en fera l’un des électrolyseurs verts les plus puissants du monde. Celui-ci alimentera en hydrogène vert la future usine de biocarburants Recyclage Carbone Varennes, dont la technologie permet d’éviter l’enfouissement et l’incinération des matières résiduelles non recyclables en les transformant en biocarburants. Il est à noter que ce complexe sera élaboré conjointement avec Énerkem, Shell, Suncor et Proman,
L’autre projet d’envergure consiste à construire une nouvelle usine au coût de 240 millions de dollars et qui serait adjacente à la bioraffinerie de Greenfield Global à Varennes. La nouvelle installation utilisera les dernières technologies d’électrolyse alimentées par l’hydroélectricité. Les produits finaux, soit l’hydrogène vert, le biométhane et le biométhanol, devraient atteindre la norme de zéro empreinte carbone et zéro gaz à effet de serre (GES) grâce à l’utilisation du dioxyde de carbone vert provenant de la bioraffinerie varennoise. L’installation aura une capacité de 60 MW et devrait être en activité d’ici la fin de 2025 ou au début de 2026. Greenfield Global serait le maître d’œuvre du projet, en partenariat avec Hydro-Québec.
Un marché vert prometteur
Ces projets majeurs s’inscrivent bien dans la future stratégie de l’hydrogène vert et des bioénergies que le gouvernement Legault devrait annoncer bientôt, avec notamment la création d’une nouvelle société chargée de développer cette filière, la Société québécoise de l’hydrogène vert.
Notons en terminant que l’hydrogène est en développement rapide à travers le monde. L’intérêt à son endroit va en grandissant en raison des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le Boston Consulting Group prévoit que, d’ici 2040, le marché de l’hydrogène vert pourrait atteindre 290 milliards à l’échelle mondiale. À elle seule, l’Amérique du Nord pourrait représenter jusqu’à 21 % de la demande annuelle estimée entre 40 et 146 mégatonnes en 2040, des prévisions qui pourraient encore augmenter d’ici peu.
La disponibilité d’énergie propre est un des atouts principaux du Québec pour devenir le leader du secteur de l’hydrogène vert, qui se distingue des autres issus des énergies fossiles. Actuellement, le Québec peut produire de l’hydrogène vert à un coût inférieur de 50 % comparativement à l’Ontario et aux États voisins de la Nouvelle-Angleterre, ce qui est un facteur particulièrement intéressant.