Urgences qui débordent en Montérégie : faudra-t-il s’y faire?

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Par Daniel Bastin
Urgences qui débordent en Montérégie : faudra-t-il s’y faire?
Chaque hôpital visité a reçu un rapport personnalisé de cibles à atteindre d’ici l’an prochain, mais on en vient à croire qu’il faudra beaucoup temps encore avant même de s’en approcher… (Photo : Shutterstock)

29Afin de s’attaquer aux longs délais dans les urgences du Québec, le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS) a ciblé les 25 pires établissements dans le but de les améliorer. Les premiers rapports dont le Journal de Montréal a obtenu copie font état d’un manque flagrant d’organisation, de pénurie de personnel, de mauvaise gestion des congés, etc. Chaque hôpital visité a reçu un rapport personnalisé de cibles à atteindre d’ici l’an prochain, mais on en vient à croire qu’il faudra encore beaucoup temps avant même de s’en approcher…
La centralisation à outrance est le principal constat qui ressort des rapports, dont ceux des hôpitaux Pierre-Boucher et Charles-Le Moyne. On indique même que plusieurs établissements ont des problèmes de communication ainsi qu’une mauvaise planification des congés et de l’accès aux lits sur les étages.
Selon le Dr Gilbert Boucher, président de l’Association des spécialistes en médecine d’urgence du Québec, cité dans l’article : « Environ 85 % du problème, c’est de la gestion. Il faut mieux s’organiser », a-t-il déclaré, avant d’ajouter : « Quand on est submergés, il n’y a plus de règles. Tu fais ce que tu peux, tu t’occupes du prochain patient, mais il n’y a plus de vision. »
Évidemment, la pénurie de personnel empire la situation actuelle et on précise dans un des rapports que les infirmières de l’urgence ont parfois plus de patients à leur charge que sur les étages de soins et que l’accès aux chambres est souvent retardé parce qu’il n’y a personne pour désinfecter.
Un message?
Une médecin a été mandatée par le ministère de la Santé afin de diminuer l’attente dans les pires urgences du Québec, soit la Dre Élyse Berger Pelletier. « C’est la première fois qu’on a un gestionnaire à la tête du ministère depuis 2000 », s’est réjouit le Dr Gilbert Boucher. « Il n’y a rien de compliqué, ça prend une culture du changement », a-t-il expliqué dans l’article.
Le problème, c’est qu’au lendemain de la publication de ces rapports dans le journal, la Dre Élyse Berger Pelletier a remis sa démission…
Depuis un an, elle était responsable de l’équipe STAT (soutien, transformation, accès, terrain) qui avait pour tâche de trouver des solutions pour réduire les longs délais d’attente dans les pires urgences de la province.
À la suite de ce départ, la Dre Judy Morris, présidente de l’Association des médecins d’urgence du Québec, s’est questionnée à voix haute dans le Journal de Montréal, à savoir si cette démission a un rapport avec l’ampleur du virage nécessaire pour améliorer les choses.
« Est-ce qu’il y avait une ouverture à ce que ces changements-là soient mis en place ? », a-t-elle déclaré, avant d’ajouter qu’il fallait peut-être voir ce geste « comme un message ». « Il faut que les ressources suivent, que ce soit priorisé et que ça vienne de très haut au ministère. […] Le gros test, ce sont les six prochains mois. Il faut que les gens soient imputables », avant d’ajouter « qu’il ne faut pas que ce projet tombe ».
Du côté du ministère de la Santé et des Services sociaux, on n’a pas donné la raison du départ, mais on s’est dit confiant de trouver un remplaçant rapidement.
Rouge…foncé!
Si on regarde régulièrement le site Index Santé, on réalise que les urgences de la Montérégie débordent depuis longtemps. En effet, les huit hôpitaux de la région sont en moyenne à plus de 100 % de leur capacité (situation « rouge ») depuis au moins dix jours.
Si l’urgence de Charles-Le Moyne n’est « qu’à » 100 % au moment d’écrire ces lignes (le 27 octobre), elle est à 146 % pour Honoré-Mercier de Saint-Hyacinthe et 165 % à l’Hôtel-Dieu de Sorel. La situation est particulièrement critique à l’hôpital Pierre-Boucher qui avait 72 patients à l’urgence pour 35 lits, soit un taux de 206 %, alors que 39 malades étaient sur une civière depuis plus de 24 heures et 18 depuis plus de 48 heures…

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