La fusillade qui a fait quatre blessés à Contrecœur le 22 août a pu rappeler à certains le douloureux souvenir de la mort de Daniel Desrochers, le garçon de 11 ans qui fut une victime collatérale de la guerre des motards au milieu des années 90. Heureusement, cette fois, il y a eu plus de peur que de mal.
Outre les quatre blessés (trois hommes et une femme) qui prenaient place dans la voiture sur laquelle Yves Larocque, 37 ans, aurait ouvert le feu, un garçon de 9 ans fut également atteint à la jambe par un projectile égaré.
Selon un voisin sur place au moment de l’incident, le garçon n’était pas en panique dans les instants suivant la fusillade. Malgré tout, un tel événement peut laisser des marques qui, dans certains cas, vont refaire surface dans les jours, les mois ou même les années qui suivent.
Pour vaincre la détresse
C’est pourquoi les services policiers du Québec et le réseau des Cavac (Centre d’aide des victimes d’actes criminels) font aujourd’hui front commun afin d’offrir aux victimes le soutien nécessaire pour que la vie reprenne son cours normal avec un minimum de séquelles.
« Ce ne sont pas les policiers qui accompagnent les familles durant les semaines qui suivent, explique Francis Lepage, capitaine à la Régie intermunicipale de police Richelieu/Saint-Laurent. C’est pourquoi nous travaillons en partenariat avec l’intervenant de la Cavac qui est ici à temps plein, ainsi qu’une travailleuse sociale qui est également avec nous. Leur mandat, c’est d’accompagner les victimes avec les différents acteurs de la communauté afin de leur donner des services psychosociaux, post-traumatiques ou quoi que ce soit dont ils peuvent avoir besoin pour les aider dans leur détresse. Aussitôt qu’un événement touche ces problématiques, nous les redirigeons automatiquement vers ces deux personnes. »
En toute confidentialité
Dans le cas de la fusillade de Contrecœur, l’intervenante du Cavac est rapidement entrée en contact avec la famille concernée afin de planifier les rencontres préliminaires pour évaluer la situation et les besoins.
« On est de plus en plus sensibilisés à ce type de situation, admet le capitaine Lepage. Oui il y a le garçon qui a été atteint, mais il y a aussi les parents qui ont vécu ça en même temps, il y a peut-être un petit frère, une petite sœur ou d’autres gens près de lui qui ont pu être affectés. On ne vit pas les événements de la même façon, alors c’est pourquoi nous faisons appel à des spécialistes, des intervenants sociaux qui sont habilités à entrer en contact avec ces gens-là. Ils sont en mesure d’identifier les organismes qui peuvent leur venir en aide s’il y a lieu. »
Il est par ailleurs important de rappeler que les victimes d’actes criminels peuvent bénéficier des services des Cavac même s’ils n’ont pas porté plainte, et ce, en toute confidentialité.
Détresse humaine
Outre les victimes directes, le réseau offre par ailleurs du soutien aux témoins et autres citoyens qui peuvent avoir été affectés par les incidents de nature criminelle. On peut penser, à titre d’exemple, à des voisins éprouvant une angoisse accrue à la suite d’un crime près de leur demeure.
« Vous savez, dans le milieu policier, 50 % et plus de notre travail est en lien avec la santé mentale, ajoute le capitaine Lepage. La détresse humaine est assez présente, alors c’est là que nous devons travailler davantage en partenariat avec les ressources spécialisées. »
Dans quelques semaines, le corps policier devrait par ailleurs présenter une conférence de presse afin de présenter le bilan du récent partenariat avec les CISSS Montérégie-Est et Centre.
« C’est un projet qu’on appelle ESIP pour Équipe de soutien en intervention psychosociale. Son but vraiment, c’est de diriger rapidement la clientèle vers des recours ou des ressources pour obtenir de meilleurs soins rapidement et des services. Alors on ne laisse rien au hasard. C’est vraiment une avancée. »