Selon une étude de préfaisabilité, le déplacement de la voie ferrée est un projet réalisable. Cinq tracés sont proposés à proximité de l’autoroute 30.
L’étude réalisée par la firme Norda Stelo a été commandée par la Ville de Boucherville et le Comité ferroviaire à la suite de l’annonce de la construction d’un nouveau terminal portuaire à Contrecœur. Ce projet a eu pour effet d’alimenter les inquiétudes de la population du fait qu’il générera une augmentation de la fréquence des trains, de la longueur des convois qui obstrueront temporairement plusieurs passages à niveau en milieu urbain, une hausse du transport de matières dangereuses, du bruit et des vibrations perçus dans le secteur de la voie ferrée.
L’étude avait pour but d’étudier la possibilité de relocaliser le tronçon de la voie ferrée du CN qui est dédiée au transport de marchandises principalement pour l’approvisionnement des industries de la région entre les villes de Boucherville et Sorel-Tracy.
La voie ferrée traverse les terres agricoles, mais également les secteurs urbanisés des villes de Boucherville, Varennes et Verchères, dont un vaste quartier résidentiel de plus de 5,5 km, entre le boulevard Industriel et la rue D’Argenson à Boucherville.
Une moyenne de trois à quatre trains (pouvant aller jusqu’à sept) circulent sur la voie ferrée chaque jour à une vitesse maximale de 48,3 km/h à l’intérieur de la ville. D’ici à 2026, un taux de croissance entre 50 à 75 % par rapport à 2010 est anticipé.
« Dans un souci d’améliorer la sécurité des déplacements ferroviaires et la qualité de vie des citoyens vivant à proximité du chemin de fer, la Ville de Boucherville est heureuse d’annoncer que le projet de réaménagement est possible et justifiable et qu’en plus, plusieurs options sont envisageables », a souligné le maire Jean Martel lors de la présentation par visioconférence des résultats de l’étude.
Cinq tracés
L’étude identifie cinq tracés possibles dans les limites de la ville de Boucherville, et à proximité de l’axe de l’autoroute 30 : trois sont situés du côté ouest de l’A-30, un au centre de l’A-30 et un se trouve à l’est de l’A-30. Le choix final du tracé retenu ne pourra être arrêté qu’après un examen plus approfondi découlant d’une étude de faisabilité en bonne et due forme.
Avec une précision de l’ordre de 50 %, les coûts de réalisation du projet varient entre 200 M$ et 600 M$ selon le tracé. La durée de réalisation des travaux est évaluée de deux à cinq ans, en excluant les activités reliées à la préparation des diverses études, à l’obtention des autorisations et à la négociation des acquisitions et des servitudes.
Un vieux dossier
Le projet de déplacement de la voie ferrée est un dossier vieux d’une trentaine d’années qui est revenu dans l’actualité après l’incident ferroviaire survenu à Lac-Mégantic en 2013, et à la suite de l’annonce de la construction d’un nouveau terminal portuaire à Contrecœur. Il n’est qu’à l’étape de préfaisabilité et s’il devait se réaliser, il devra l’être selon des principes directeurs, a mentionné la maire Martel, c’est-à-dire : faible coût d’entretien à long terme; faible taux de morcellement des terres agricoles; le moins possible de courbes prononcées; facilité de l’intégration dans les phases subséquentes d’un prolongement vers les autres villes; le moins possible de nuisances sur le réseau routier lors des travaux; échéancier raisonnable des travaux; préservation des milieux humides protégés; prise en considération des services ayant des servitudes dans l’axe de chacun des tracés proposés, notamment dans l’axe de l’autoroute 30; et faible taux d’expropriation.
En ce qui concerne l’utilisation de l’emprise actuelle qui pourrait ainsi être libérée, la Ville de Boucherville a rappelé qu’elle ne prenait actuellement aucune position à ce sujet, et indique qu’il devra y avoir une consultation publique et une acceptabilité sociale pour tout usage futur. On sait que le comité Sécurité ferroviaire Rive-Sud (SFRS) a proposé que l’emprise du CN, une fois libérée, soit utilisée pour y établir un système de transport collectif électrique léger.
La prochaine étape sera de mobiliser les intervenants concernés, notamment pour financer une étude de faisabilité plus poussée. Celle menée par Norda Stelo a coûté 130 000 $. Elle a été financée en grande partie par la Ville de Boucherville qui a reçu des contributions de l’ordre de 20 000 $.
Pour le maire Martel, le porte-parole du comité ferroviaire de Boucherville François Beaulne et le député fédéral Barsalou-Duval, il est important que la réflexion se poursuive avec les différentes instances, dont le Canadien National qui est propriétaire de la voie ferrée, afin de trouver un scénario qui pourrait s’avérer gagnant pour tous.
Cinq tracés
– Tracé A : Relocalisation de la voie ferrée à l’ouest de l’A-30 et traversée de l’A-20 à l’intérieur du terrain appartenant à la municipalité, entre le groupe AFFI Logistique et ENERCON Canada Services, à l’aide d’un pont ferroviaire;
– Tracé B : Relocalisation de la voie ferrée à l’ouest de l’A-30 et traversée de l’A-20 à l’est de Honda Canada, à l’aide d’un pont ferroviaire;
– Tracé C : Relocalisation de la voie ferrée à l’ouest de l’A-30 et traversée de l’A-20 en construction en tranchée sous les bretelles de l’échangeur A-20/A-30;
– Tracé D : Relocalisation de la voie ferrée au centre de l’A-30;
– Tracé E : Relocalisation de la voie ferrée à l’est de l’A-30 et traversée de l’A-20 à l’aide d’un pont ferroviaire