Devenir maman en temps de pandémie

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Par Steve Martin, Initiative de journalisme local
Devenir maman en temps de pandémie
Christine Fortier et sa petite Lounaelle née en mars dernier (Photo : courtoisie)

Mettre au monde un enfant est un moment inoubliable qui vient avec ses joies, mais aussi avec ses petits moments d’angoisse. Pour leur part, les mamans qui ont donné naissance durant la pandémie ont dû puiser dans leurs propres ressources et faire preuve, dans bien des cas, d’une grande capacité d’adaptation.

C’est le cas notamment de Christine Fortier, une résidente de Verchères qui a donné naissance à sa fille Lounaelle, née le 1er mars dernier.

Déjà maman d’un garçon âgé de trois ans, Christine fait partie de celles qui ont vécu des lendemains d’accouchements bien différents de ce qu’elle avait anticipé. « J’ai eu un accouchement à domicile, nous raconte-t-elle alors que sa fille sommeille à ses côtés. Ç’a été très facilitant. J’avais du soutien et ma fille a rencontré ses grands-parents quelques heures plus tard. Ma sœur a pu la voir également. »

Si elle a accouché à temps pour recevoir des soins professionnels dans les jours suivants, il s’en est fallu de peu pour que, comme d’autres femmes, Christine soit privée de ces services en raison des consignes d’isolement et mesures de distanciation mises en place par le gouvernement.

« Je suis chanceuse, car j’avais des ressources autour de moi. Le lendemain de sa naissance, j’avais un ostéopathe à la maison, j’ai eu de la chiro pour ma fille. On a pu mettre aussi certaines choses en place, car ça faisait trop mal quand j’allaitais. Ç’a pris environ deux semaines pour que ça fonctionne. Si j’avais accouché deux jours plus tard, je n’aurais pas pu avoir accès à tous ces services, alors j’aurais été complètement démunie. »

Faire confiance à son bébé

En étant marraine au Comité d’allaitement maternel (CALM), Christine a pu constater à quel point, pour celles qui ont accouché après le début du confinement, la situation a pu être différente.

« J’arrivais à la 42e semaine, alors je n’aurais pas vraiment pu accoucher plus tard (rires). Mais je sais que je fais partie des privilégiées. J’ai des amies qui ont vécu leur grossesse au même moment et elles ont vécu ça autrement. Elles ne pouvaient même pas aller au CLSC ou à la pharmacie pour faire peser leur bébé. C’est pourtant un moment qui est rassurant durant les mois où tu as l’impression que ton premier rôle, c’est de nourrir ton enfant pour qu’il prenne du poids. Ça n’est pas que ça, bien entendu, mais c’est quelque chose qui demeure présent dans la tête de beaucoup de mamans. »

Malgré le contexte inhabituel, Christine Fortier admet que la situation lui a permis de réaliser quelque chose de positif dans la création de son lien avec Lounaelle.

« J’ai fait beaucoup confiance à ma fille. Je me suis répété que ça allait bien et qu’elle allait s’adapter. Si ça avait été mon premier enfant cependant, je ne sais pas si j’aurais vécu les choses comme ça. Pour les mamans qui accouchent aujourd’hui, durant la seconde vague, c’est déjà un peu différent. Ce second confinement est quand même plus social qu’au printemps dernier. »

Un enjeu de santé mentale

Même si elle profite grandement du temps passé avec sa fille, Christine admet que, pour une nouvelle maman, les journées de confinement peuvent parfois être longues.

« Lors de la première vague, tout le monde avait le sentiment de participer à quelque chose en s’isolant, pour faire en sorte que ça aille mieux. Cette fois, plusieurs personnes ont continué de travailler. Je vais porter mon fils à la garderie, mais je ne peux techniquement pas rester pour parler avec les autres mamans. Ça peut être intense. Il y a des femmes qui sont bien là-dedans alors que d’autres ont besoin de vivre d’autres choses! »

Malgré les rencontres sur les réseaux sociaux et la présence d’un conjoint excessivement supportant, Christine admet d’ailleurs que, malgré ce qui semble être une bonne nature, certaines journées peuvent sembler plus sombres.

« Des journées grises comme celles que nous avons connues la semaine dernière, on peut se sentir comme «mou». J’aurais aimé pouvoir aller prendre un café, me changer les idées. Il y a aussi des moments où tu fais des remises en question profondes sur le fait d’avoir mis un enfant au monde dans un tel contexte. Comprenez-moi, je n’ai aucun regret. J’aime ma fille et j’aime être avec elle. Tout se passe bien. Mais ça peut être difficile si tu n’as pas les ressources ou si tu es le moindrement fragilisée en raison des hormones ou peu importe. C’est un bel épisode d’avoir un enfant, mais si tu sais d’emblée que tu ne vas rien contrôler, avec la pandémie, il y a en plus de nouveaux éléments qui vont être hors de ton contrôle. Ça peut-être fragilisant et jouer sur la bonne santé mentale des mamans. »

Un papa impliqué

Par ailleurs, Christine tient à rappeler à quel point les choses sont plus facile quand on a un conjoint qui s’implique, comme c’est le cas chez elle.

« Si je n’avais pas eu un chum présent et compréhensif comme celui que j’ai, je ne sais pas comment je serais passée à travers tout ça. Hier, j’ai pu avoir un peu de temps pour m’installer et écouter Netflix pendant qu’il s’occupait des couches et de la vaisselle. Julien, c’est vraiment un homme magnifique qui fait tout pour alléger le quotidien. »

Messieurs les nouveaux papas, la balle est dans votre camp.

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