Trois fois plus de gens auraient contracté la COVID-19 que ne l’indiquent les statistiques officielles

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Par Daniel Bastin
Trois fois plus de gens auraient contracté la COVID-19 que ne l’indiquent les statistiques officielles
(Photo : Héma-Québec)

Une étude de séroprévalence des donneurs de sang réalisée par Héma-Québec en collaboration avec l’Institut national de santé publique (INSPQ) démontre que 2,23% d’entre eux auraient été infectés par le virus de la COVID-19, soit trois fois plus que ce qu’indiquent les chiffres officiels compilés par le ministère de la Santé et des Services sociaux.
Les responsables ont expliqué que l’étude avait pour objectif d’estimer la proportion de personnes qui ont contracté le virus au Québec à partir d’un échantillon de 7 691 personnes âgées de 18 à 69 ans ayant fait un don de sang entre le 25 mai et le 9 juillet dernier.
Les résultats permettent d’estimer qu’environ 124 880 personnes du groupe d’âge visé auraient contracté le virus depuis le début de la pandémie. Cela est beaucoup plus que les chiffres provenant du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, qui a commandité la recherche rappelons-le, soit environ 37 000 cas pour la tranche d’âge de 20 à 69 ans pour la même période.
Il est à noter qu’une recherche similaire réalisée en Ontario a conclu qu’environ 1 % de la population de la province (près de 160 000 personnes) a contracté la COVID-19, soit quatre fois plus que les données officielles portant sur les cas confirmés, qui se chiffraient à 39 449.
Les responsables de l’étude chez Héma-Québec ont précisé qu’elle a été menée à la demande de la santé publique du Québec, car on voulait savoir quelle proportion de la population avait été affectée par la première vague et quel pourcentage des gens ont développé des anticorps contre le virus de la COVID-19.
Héma-Québec avait la capacité de réaliser une telle étude du fait qu’elle prélève déjà systématiquement des échantillons de sang sur chaque don de sang et dispose de laboratoires et de l’expertise pour réaliser ces tests.
Des anticorps
Tel qu’anticipé, c’est dans les régions de Montréal et de Laval que les taux les plus élevés ont été observés, c’est-à-dire 3,05%. Quant au reste du Québec, à l’exclusion de Montréal et sa région, la séroprévalence s’y est avérée beaucoup moins élevée pour s’établir à 1,29%.
Fait intéressant, les 173 donneurs chez qui ont été détectés des anticorps seront contactés afin de documenter leurs symptômes, d’en apprendre plus sur ces anticorps, ainsi que la source possible de l’infection. Un nombre équivalent de donneurs pour qui le résultat du test se sera avéré négatif, seront aussi questionnés.
Les chercheurs ajoutent que cette démarche permettra d’estimer la proportion de personnes infectées qui sont demeurées asymptomatiques, et les résultats de ces recherches seront présentés dès que possible.
Enfin, afin de poursuivre la surveillance de l’évolution de la COVID-19 dans la population québécoise, l’étude pourra être répétée à intervalle régulier jusqu’à la fin de la pandémie.
Il est important de noter que cette étude n’est pas représentative de toute la population québécoise, car elle ne portait que sur des adultes de 18 à 69 et qu’elle n’inclut pas la population des enfants et des adolescents parce qu’ils ne sont pas admissibles au don de sang. Il n’empêche que les résultats indiquent clairement qu’il y a beaucoup plus de cas au sein de la population que ne l’indiquent les données du ministère de la Santé et des Services sociaux.

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