Le déficit du transport en commun pourrait plomber la bonne santé financière de la Ville de Boucherville

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Par Diane Lapointe
Le déficit du transport en commun pourrait plomber la bonne santé financière de la Ville de Boucherville

La crise de la COVID-19 ne devrait pas avoir de répercussions sur les finances de la Ville, si le déficit de L’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) n’est pas refilé aux municipalités. Dans l’hypothèse où Boucherville n’aurait pas à assumer le manque à gagner provenant des transports collectifs, et selon les projections du comité des finances, Boucherville la Ville réaliserait même une économie de 106 900 $.
« Je suis sorti content de la rencontre avec les membres du comité des finances qui s’est tenue le 14 mai. Selon l’analyse qui a été faite, la situation financière de la Ville est sous contrôle pour la période comprise entre le mois de mars et la fin d’août. Et elle est relativement sous contrôle à l’agglomération de Longueuil, qui a eu certaines dépenses supplémentaires au niveau du service de police », mentionne le maire Jean Martel.
Selon les projections du comité des finances, Boucherville pourrait réaliser, pour la période étudiée, une économie de près de 107 000 $. « Ça peut changer », prévient le maire qui ne veut pas non plus extrapoler à plus long terme, « car on ne sait pas ce qui va arriver. »
Revenus en moins de 1 020 000 $ sur ce qui était prévu
Il explique que les pertes de revenus anticipées en raison de la situation que l’on vit en ce moment sont d’environ 1 M$. Cette évaluation s’explique notamment par le report des deux versements des comptes de taxes qui privera la Ville de frais de pénalités et intérêts qu’elle encaisse habituellement des retardataires évalués à environ 50 000 $. Aussi, par des revenus de quelque 60 000 $ en moins provenant de la location de certains locaux de bâtiments municipaux à des organismes; de 200 000 $ en moins générés par une baisse des constats d’infraction au Code de la route (les citoyens seraient plus respectueux des lois présentement); par les fermetures du Complexe aquatique Laurie-Eve-Cormier et du Centre des glaces Gilles-Chabot qui privent la Ville d’environ 485 000 $. Des revenus en moins de 65 000 $ au service de la culture (commandites non perçues, biblio…) et de 80 000 $ dans le rouge dans la colonne « divers ».
Économies de 1 405 000 $ au chapitre des dépenses qui ne seront pas réalisées
« Par ailleurs, on a des dépenses que l’on prévoyait faire et que nous ne ferons pas en raison de la crise », explique M. Martel. La plus grande partie de ces économies, dans la colonne des dépenses, se situe au niveau des ressources humaines alors que la Ville a mis à pied temporairement 25 % de son personnel. En incluant les salaires (- 473 000 $) et les avantages sociaux (- 118 000 $) qu’elle aurait dû payer, cela représente une économie de 591 000 $. Environ 635 000 $ seront aussi épargnés au niveau des loisirs et de la culture puisque, entre autres raisons, plusieurs événements ne seront pas tenus, notamment la fête nationale (- 90 000$), le Rendez-vous de la mairie (- 147 000 $), la soirée des bénévoles (- 37 000 $), l’exposition de voitures anciennes (- 20 000$), et les spectacles Des Airs d’été (- 43 000 $). À la direction des sports, la fermeture du complexe aquatique (- 43 000 $), du centre des glaces (- 24 000 $), l’annulation de la navette fluviale (- 55 000$) et de la Vélo fête (- 10 000 $, et autres,) génèrent des économies de quelque 160 000 $.
278 100 $ en nouvelles dépenses
La Ville de Boucherville a par ailleurs dû réaliser des dépenses non prévues en raison de la pandémie. Elle a fait don de 75 000 $ au Centre d’action bénévole de Boucherville (CABB); de 25 000 $ au Comité d’entraide de Boucherville (CEB); et de 9 000 $ à d’autres organismes. Parmi les autres nouvelles dépenses, signalons 20 000 $ au service des communications pour la production d’affiches, de documents, de publicités, etc.; de 4 000 $ du service du greffe pour de la recherche juridique; de 20 000 $ au niveau informatique et 125 000 à la direction de la culture.
Économie de 106 900 $ à condition qu’un « plan de sauvetage » pour le transport collectif soit adopté
Selon les projections établies par la commission des finances jusqu’à la fin août, la Ville de Boucherville pourrait économiser 106 900 $, en supposant qu’elle n’ait pas à contribuer au déficit du transport collectif de l’ARTM (pertes tarifaires de 62 M$ par mois dans la région métropolitaine) qui, dans l’agglomération de Longueuil, représente entre 32 M$ et 57 M$. La quote-part de Boucherville étant établie à 15 %, sa contribution s’établirait, rappelons-le, entre 5 et 8 M$.
Le maire Martel rappelle que le gouvernement du Québec, à qui les villes réclament un « plan de sauvetage », a promis d’analyser l’impact réel. « Si cette somme n’est pas compensée par les gouvernements supérieurs, elle devra être compensée directement par une augmentation de la contribution municipale, ce qui mettra en péril la stabilité financière de nos municipalités et les autres services essentiels que nous offrons à la population (police, incendie, eau potable et usée, etc.) », ont écrit conjointement les cinq maires et mairesses de l’agglomération de Longueuil en s’adressant, le mois dernier, au premier ministre François Legault ainsi qu’à la ministre déléguée aux Transports et responsable de la région métropolitaine, Chantal Rouleau.
Mentionnons que, contrairement aux gouvernements provincial et fédéral, les villes n’ont pas le pouvoir d’enregistrer des déficits.

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