De l’aide plus que bienvenue pour les aînés en résidence

Photo de Daniel Bastin
Par Daniel Bastin
De l’aide plus que bienvenue pour les aînés en résidence
« Sans la présence de leur proche aidant, des personnes aînées refusaient de s’alimenter », a rappelé Mélanie Perroux, du Regroupement des Aidants Naturels du Québec. (Photo : Shutterstock)

Le 5 mai dernier, le premier ministre du Québec, François Legault, a annoncé l’assouplissement de certaines mesures de confinement dans les différents milieux de vie pour aînés afin de contrer la détresse physique et psychologique qui se fait de plus en plus sentir, notamment chez les personnes âgées qui sont confinées depuis plusieurs semaines déjà. À cette occasion, le gouvernement a annoncé de nombreuses mesures qui permettaient à plusieurs de retrouver une vie plus normale, tout en priorisant la protection de leur santé et de leur sécurité.
Il faut particulièrement souligner qu’à partir du 11 mai, sous réserve du respect de conditions spécifiques, une personne proche aidante significative, soit celle qui était déjà présente sur une base régulière avant la pandémie, pourra apporter du soutien à une personne tant en centre d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) qu’en ressource intermédiaire et de type familial (RI-RTF) ou en résidence privée pour aînés (RPA).
« On change le paradigme. Avant, les proches aidants étaient admis en cas exceptionnels. Maintenant, il faudrait que ce soit exceptionnel pour qu’ils ne soient pas admis », a fait savoir le premier ministre, tout en précisant que l’assouplissement de ces mesures sera évidemment assujetti au respect de certaines précautions pour assurer un équilibre favorable entre les risques et les bénéfices associés.
La personne proche aidante devra notamment signer un formulaire attestant qu’elle prend une décision éclairée et volontaire, en pleine connaissance des risques qui y sont associés, et qu’elle s’engage à adopter les comportements requis pour assurer sa sécurité, celle du résident qu’elle soutient ainsi que celle des autres résidents et des membres du personnel.
Des consignes devront par ailleurs être respectées par les personnes proches aidantes. Elles devront notamment porter le masque de procédure en tout temps ; respecter rigoureusement l’hygiène des mains; surveiller attentivement leurs symptômes; subir un test de dépistage avant leur première visite dans un milieu n’ayant pas de personnes atteintes de COVID-19, et aussi souvent que nécessaire; D’autres éléments de l’équipement de protection individuelle pourraient être demandés selon la condition de la personne.
Bouffée d’oxygène
Ces décisions gouvernementales ont été saluées par différentes instances, notamment le Regroupement des aidants naturels du Québec (RANQ) qui accueille favorablement l’annonce visant l’obligation de tous les établissements de soins de longue durée de permettre aux personnes proches aidantes d’entrer pour soutenir leur proche dès le 11 mai.
« Sans la présence de leur proche aidant, des personnes aînées refusaient de s’alimenter, d’autres avec un trouble du spectre de l’autisme ou une déficience intellectuelle multipliaient les comportements anxieux. La situation démontre une méconnaissance du rôle de proche aidant en établissement », a expliqué Mélanie Perroux, coordonnatrice du développement stratégique.
« L’affection des personnes proches aidantes a été sous-estimée en raison des risques de contamination, alors qu’elle est encore plus importante dans les moments d’angoisse et d’incertitude. Et pour les proches aidants, agir à soutenir la personne aimée confinée ou être présents lors de ses derniers instants si c’est le cas, va considérablement réduire la détresse qu’ils vivent depuis les huit dernières semaines et favoriser leur deuil. »
« Dans les établissements ayant eu de nombreux cas de COVID-19, les personnes proches aidantes doivent s’attendre toutefois à être témoins de situations difficiles », ajoute Josée Côté, coordonnatrice générale. « Nous voulons leur rappeler qu’il existe des organismes communautaires avec des intervenants formés pour les soutenir au niveau psychosocial et au moment du deuil. Il est important de ne pas demeurer seul et d’être accompagné dans cette période hors du commun, afin de ne pas s’épuiser ou de vivre une trop grande détresse. »
Pour sa part, le Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRA) a déclaré que cette décision apporte une bouffée d’oxygène des plus salutaires aux 130 000 personnes astreintes à un confinement strict depuis déjà huit semaines dans les résidences pour aînés où elles habitent. Le président-directeur général de l’organisme, Yves Desjardins a toutefois précisé qu’il ne faut toutefois pas minimiser les risques pour autant. Le virus est toujours en circulation et les gens âgés de 70 ans et plus demeurent la tranche de population la plus susceptible de développer de graves complications de la maladie.
« La prudence reste donc de mise et il n’est pas exclu que l’on doive reculer sur les assouplissements annoncés, si nécessaire, a précisé M. Desjardins. Le tout doit se faire de façon graduelle, en tenant compte de la réalité propre de chaque résidence pour aînés et de la région où elle est située », a-t-il conclu,

Partager cet article