Un ambitieux plan de relance économique agricole de 75 M$ à Saint-Amable

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Par Daniel Bastin
Un ambitieux plan de relance économique agricole de 75 M$ à Saint-Amable
« Ensemble, nous allons transformer le malheur que nos agriculteurs ont subi lors des dernières années en succès! Ensemble, créons notre richesse! », a lancé le maire de Saint-Amable sous les applaudissements des partenaires.
La crise du nématode doré a occasionné des pertes estimées à 43 M$ et de plus d’une centaine d’emplois. Sur 21 producteurs de pommes de terre, on en compte aujourd’hui seulement 5 à Saint-Amable…

La crise du nématode doré de 2016 a été vécue très difficilement par toute la communauté de Saint-Amable puisque le nombre de producteurs de pommes de terre a chuté de 75 % en un peu plus de 10 ans… Depuis son élection en novembre 2017, le maire Stéphane Williams et son équipe ont travaillé sur un plan de relance de 75 M$ et les premières étapes de celui-ci prennent la forme de deux importants projets de développement des activités agricoles et bioalimentaires, dont les détails ont été dévoilés le 19 juin dernier.
Ce projet d’envergure est le fruit de la concertation de différents partenaires puisque M. Williams était entouré pour l’occasion du maire de Varennes, Martin Damphousse, qui est également membre du comité exécutif de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) et de la mairesse de Sainte-Julie, Suzanne Roy, qui parlait à titre de préfet de la MRC de Marguerite-D’Youville. À leurs côtés, on remarquait la présence de représentants de l’Union des producteurs agricoles (UPA), du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH) et du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ).
Des pertes de 43 M$
D’entrée de jeu, M. Williams a rappelé les conséquences de cette crise qui a marqué sa communauté. « À Saint-Amable, nous avons un contexte particulier. Le nématode doré est un petit parasite qui se nourrit de la racine de la pomme de terre et je tiens à préciser qu’il n’est nullement dommageable pour la consommation. À Saint-Amable, 90% de notre territoire est agricole et notre principale activité économique est la culture de la pomme de terre. »
« En 2006, nos agriculteurs se sont vus imposer par l’Agence canadienne d’inspection des aliments un moratoire sur la totalité de notre territoire. Cela a engendré des contraintes énormes sur notre économie locale alors que nos agriculteurs ont perdu la totalité de leur marché. On compte jusqu’à ce jour plus de 43 millions de dollars de pertes et cela a engendré la perte de plus d’une centaine d’emplois. Sur 21 entreprises qui pratiquaient la culture de la pomme de terre, seulement 5 entreprises aujourd’hui la cultivent encore, mais avec un marché incertain. »
Selon lui, le moratoire n’est pas prêt d’être levé et il faudra attendre plus de 50 ans avant qu’il le soit. « Saint-Amable a été sacrifié pour rouvrir le marché américain! Saint-Amable est la seule municipalité ou ville au Québec à subir un moratoire de la sorte! C’est pour cela que je répète sans cesse que nous avons un contexte particulier ici! »
« Sacrifiés », ce terme est revenu à plusieurs reprises dans la bouche des producteurs qui étaient aussi présents à la conférence de presse. Depuis 2016, nombre d’entre eux ont fermé leurs portes ou ont diversifié leur production, alors que d’autres ont décidé de cultiver la pomme de terre à l’extérieur de Saint-Amable.
Relance : deux premières étapes
Le maire Stéphane Williams a par la suite parlé d’espoir aux « sacrifiés » en donnant les détails d’un plan de relance économique agricole qu’il estime à près de 75 M$. Sa première étape est la mise sur pied d’un comité de travail. Celui-ci sera constitué de représentants de la CMM, de la MRC et de l’UPA. Des partenaires gouvernementaux seront également invités à y participer. Ce comité sera chargé plus précisément de définir une zone d’innovation métropolitaine agricole (ZIMA), c’est-à-dire un territoire destiné à l’innovation agricole et bioalimentaire où seront regroupées notamment les activités prévues au programme de relance économique agricole de Saint-Amable.
Ces activités ont pour objectif de trouver des variétés de pommes de terre résistantes au nématode doré et qui peuvent être transformées. Elles se traduiront principalement par la création d’infrastructures de recherche appliquée aux phytopathologies (science qui étudie les maladies des plantes cultivées) de la pomme de terre et à d’autres cultures de rotation.
Il est également prévu dans le plan de relance de construire une usine de transformation agroalimentaire dans le but de permettre aux producteurs et transformateurs agricoles de la région de consolider leur production et de tirer parti d’une meilleure commercialisation.
En parallèle avec cette première étape, une étude de marché sera également menée par une firme indépendante afin d’évaluer le potentiel de relance de l’industrie de la transformation de la pomme de terre à Saint-Amable. Ce projet, qui permettra notamment d’identifier le ou les types de production à privilégier (en frites ou autres produits frais ou surgelés), recevra une contribution financière de 80 000 $ découlant de l’entente tripartite conclue récemment entre la CMM, le MAMH et le MAPAQ, visant à soutenir le développement des activités agricoles et bioalimentaires dans la région métropolitaine.
« Ensemble, nous allons transformer le malheur que nos agriculteurs ont subi lors des dernières années en succès! Ensemble, créons notre richesse! », a lancé le maire de Saint-Amable sous les applaudissements des partenaires.

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