Les aidants naturels ont eux aussi besoin d’aide et le dernier budget du ministre des Finances du Québec ne leur apporte que des mesures trop minimes pour leurs besoins, estiment leurs représentants.
Le Regroupement des aidants naturels du Québec (RANQ), qui réunit 75 organismes membres et plus de 20 000 proches aidants à travers la province, se dit pour sa part insatisfait des mesures présentées lors du budget 2018-2019.
« Des crédits d’impôt, même remboursables, ne remplaceront jamais une politique transversale de soutien aux proches aidants. C’est un changement de culture qui est nécessaire, alors qu’on nous présente de nouveau des dispositions à la pièce. Il est temps d’avoir une stratégie nationale de soutien aux proches aidants qui englobe tous les proches aidants et leurs enjeux, qu’ils prennent soin de leur conjoint, d’un ami, d’un enfant ou d’un parent âgé. Il est nécessaire d’apporter des mesures équitables pour soutenir le quart des Québécois qui prend soin de la population la plus vulnérable », a mentionné Johanne Audet, présidente du RANQ.
Elle précise que les crédits d’impôt sont inégaux et insuffisants. Mme Audet a donné l’exemple des conjoints de personnes ayant moins de 70 ans qui s’occupent de leur proche en devant conjuguer bien souvent le soin aux enfants et la vie professionnelle. Ceux-ci sont encore une fois les oubliés des mesures gouvernementales et ils continuent de s’appauvrir. « Le ministre des Finances lui-même reconnait que ces nouveaux crédits d’impôt ne toucheront que 20 000 proches aidants alors qu’ils représentent plus de 1 675 700 Québécois. Il faut savoir qu’en moyenne, les proches aidants paient 7 600 $ par année de frais additionnels pour leur personne aidée et perdent 16 000 $ de revenus, les 533 $ ajoutés paraissent bien peu pour éviter l’appauvrissement. »
Le RANQ rappelle également que les organismes communautaires s’occupant des proches aidants sont des acteurs majeurs de soutien pour ces derniers. « Pourtant, après des années d’austérité laissant les organismes communautaires d’action autonome et leurs employés dans des situations précaires, il est difficile de se réjouir du maigre 17 millions de dollars de rehaussement du Programme de soutien aux organismes communautaires de la Santé et des Services sociaux. Ce programme comprend près de 3 000 organismes et si ce montant était réparti à parts égales, il permettrait à chaque organisme de gagner moins de 5 700 $, soit environ 1 mois de salaire d’un employé au salaire médian. »
Mentionnons en terminant qu’il y aurait plus de 153 300 aidants naturels en Montérégie, dont plus de 70 000 pour le seul secteur Est qui comprend notre région, c’est-à-dire la MRC de Marguerite-D’Youville.
Quelques statistiques…
• 16 % des personnes de 45 à 64 ans prennent soin d’un proche;
• 20 % à 30 % d’entre elles sont dépressives ou finissent par le devenir;
• Venir en aide à un conjoint âgé augmenterait de 60 % les risques de décès chez la personne aidante;
• Un aidant sur deux offre des soins depuis plus de cinq ans, et ce, à des personnes avec un profil lourd (Lavoie et al., 1995);
• Actuellement, l’aide prodiguée par les aidants familiaux représente cinq milliards de dollars par année (Fast & Frederick, 1999);
• Une étude américaine (Schulz & Beach, 1999) a même révélé que le risque de mortalité augmenterait de 63% chez les aidants durant les quatre premières années de la prise en charge à domicile;
• Bien que les femmes aidantes soient plus nombreuses que les hommes aidants, il demeure que de plus en plus d’hommes sont engagés dans les soins. Au Canada, il y aurait 40% d’hommes aidants, en grande majorité des époux âgés (Frederick & Fast, 1999);
• Une étude (Ducharme et al.) menée auprès de 323 conjoints âgés recrutés dans trois régions du Québec, indique que près de 39% des époux âgés offrent des soins personnels à leur épouse tous les jours ou quelques fois par semaine.