Cascadeurs, de père en fille

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Par Diane Lapointe
Cascadeurs, de père en fille
Le maître des cascades Jean Frenette, qui est également propriétaire de On Set Stunts, une école d’entraînement pour les acteurs et cascadeurs pose ici en compagnie de Bruce Willis.

Ils tombent de haut, ils s’immolent, ils se battent, et font des acrobaties. On peut lire leurs noms dans plusieurs génériques de grands films américains où se déroulent des scènes d’action périlleuses et d’impressionnants combats. Jean et Naomi Frenette mènent chacun une carrière de cascadeur. Quand ils ne sont pas sur un plateau de tournage, ils sont ici, à Boucherville.
Le duo père-fille a travaillé entre autres sur les films 300, Mirror mirror, Immortals, X-men, Pompei, Mortal Instruments. Jean et Naomie Frenette ont côtoyé professionnellement, et aussi parfois amicalement, de grandes vedettes: Gene Hackman, Armie Hammer, Lily Collins, Julia Roberts et Bruce Willis, pour ne nommer que ceux-là.
Jean Frenette est 9e dam au karaté et cinq fois champions du monde. Propriétaire depuis 40 ans de l’école Karaté Boucherville, il rêvait de faire ce travail depuis son adolescence. Dans les années 1980, une cascade réalisée pour un film américain propulse sa carrière. Depuis, il coordonne des cascades et réalise des chorégraphies de combat. Il planche sur plusieurs projets à la fois, sur les plateaux de tournage de Montréal, de Toronto, de Vancouver, de New York et d’Hollywood.
Présentement, il travaille aux côtés du metteur en scène Franco Dragone sur le concept chorégraphique du prochain spectacle du Cirque du Soleil qui sera présenté à Las Vegas en 2018. Le concept sera différent des précédentes représentations, mais Jean Frenette est tenu au secret. On peut s’attendre à ce qu’il y ait beaucoup d’acrobaties, des combats et des effets spéciaux spectaculaires.
En même temps, le cascadeur travaille jusqu’en décembre sur une série américaine produite par le studio de cinéma américain Metro-Goldwyn-Mayer (MGM) et réalisée par Jean-Jacques Annaud, réalisateur français qui s’est démarqué entre autres par le film d’aventures La guerre du feu, gagnant d’un César en 1982. La série The Truth About The Harry Quebert Affair mettant en vedette Patrick Dempsey, tournée en grande partie à Montréal et à Forestville, sur la Côte-Nord, sortira le printemps prochain. On y verra des cascades signées Jean Frenette.
« Lorsque je conceptualise des séquences d’action de films, des chorégraphies de combats, et que je guide des acteurs, je dois toujours répondre de l’histoire des films. Ils ne peuvent improviser et faire n’importe quoi», explique M. Frenette qui priorise toujours l’embauche de cascadeurs canadiens sur les tournages réalisés au pays.
Principalement tourné vers les grandes productions américaines, Jean Frenette a également orchestré des cascades dans deux films québécois: Bon Cup, Bad Cup 2, mettant en vedette un autre Bouchervillois, Patrick Huard, et dans Nitro Rush, avec Guillaume-Lemay-Thivierge.
Pourquoi œuvré davantage du côté de l’industrie cinématographique américaine? « C’est une question de budget, répond-il. Ici, les premières choses qui sont coupées, ce sont les cascades et les effets spéciaux.»
Le plus gros budget qu’a géré Jean Frenette pour conceptualiser des cascades très risquées se chiffrait à 10 M$, dans un film dont le budget total était de 100 M$. « Il y avait des séances impliquant des dizaines de cascadeurs et des explosions. Sur Immortals, je dirigeais 60 cascadeurs par jour durant près de quatre semaines », mentionne le spécialiste des scènes d’action.
Il lui arrive encore d’exécuter des cascades, mais jamais sur ses propres productions. Quelles ont été les plus risquées? « J’ai été transformé en torche humaine, de la tête au pied, alors que je doublais Guy Nadon dans le film Les Dangereux. Également, celle où je conduisais une moto et que je devais faire un face à face avec une bagnole. Je passais par-dessus la voiture et je tombais de l’autre côté sur l’asphalte.»
Définitivement, Jean Frenette n’a pas froid aux yeux. Ce métier, il l’a dans la peau, tout comme le karaté. D’ailleurs lorsqu’il est à Boucherville, il va encore à la rencontre des élèves de son école pour leur enseigner le karaté.

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