Selon des experts: des fleurs nectarifères plutôt que les pissenlits

Yanick Michaud
Selon des experts: des fleurs nectarifères plutôt que les pissenlits

Les Défis Pissenlits (No Mow May ailleurs dans le monde) et autre Journée mondiale de l’abeille, célébrée le 20 mai, sont des outils de sensibilisation qui doivent servir de prétexte à mieux informer la population sur les abeilles et les autres pollinisateurs, croient des experts interrogés par Gravité Média.

« On pense qu’il n’y a qu’une seule sorte d’abeilles et qu’elles ne font que du miel. En fait, il y a plus de 20 000 espèces d’abeilles sur la planète, dont de 300 à 400 différentes au Québec. On connaît les mellifères, mais elles nuisent à la biodiversité si on y regarde de plus près », indique André-Philippe Drapeau-Picard, entomologiste et agent de recherche à l’Insectarium de Montréal.

Les abeilles qui produisent le miel sont exotiques.

« Elles viennent d’Europe de l’Est et du nord de l’Afrique. Elles sont plus grosses que nos abeilles indigènes et viennent donc piger dans le garde-manger de ces dernières. Quand on crée des ruches urbaines, on crée un plus grand problème pour les abeilles d’ici qui sont souvent des abeilles solitaires qui vivent dans des branches mortes ou dans la terre », plaide l’expert.

Créer de la biodiversité
Pour lui le message est clair: il faut diversifier nos manières de faire.

« Plutôt que de ne pas tondre sa pelouse, on peut laisser une partie de son terrain en friche pour aider les abeilles indigènes, planter des plantes nectarifères et indigènes qui vont aider tous les pollinisateurs comme les mouches, les oiseaux, les papillons et parfois même les chauves-souris. On peut aussi laisser un tas de branches mortes loin sur son terrain. Ça va aider encore plus », ajuste M. Drapeau-Picard.

Même son de cloche de la part de l’auteur du livre Pissenlit contre Pelouse, Une histoire d’amour de haine et de tondeuse, Claude Lavoie, qui affirme que le Défi pissenlits ne sauvera pas les abeilles.

« Ça ne leur nuira pas, mais c’est surtout un outil de sensibilisation au triste sort des pollinisateurs. Les pissenlits sont une bonne source de nectar pour ces insectes pollinisateurs, il y en a partout et, souvent, les fleurs sont proches les unes des autres. Mais un peu plus tard, il suffit de lever les yeux pour voir les fleurs dans les arbres, les pommiers. Ça, ça va être plus riche en matière de pollen », indique-t-il.

Du miel, mais encore
Quant à la fameuse affirmation que sans abeilles, les humains ne pourraient plus se nourrir, Claude Lavoie s’inscrit en faux.

« Ça représente 10 % du volume de ce que nous mangeons. Par exemple, ici au Québec, il serait difficile de cultiver des bleuets, des canneberges ou des pommes. Ailleurs dans le monde, c’est le café et le chocolat qu’il ne serait plus possible de cultiver. Notre alimentation, comme celle des abeilles, serait moins diversifiée, mais nous pourrions quand même nous nourrir », lance-t-il.

« Ces mouvements servent à faire prendre conscience aux gens que nos insectes en arrachent et que nous devons provoquer des choses, mais de manière sensée, plus réfléchie », conclut-il.

Défi Pissenlits
Créée il y a quatre ans, la campagne Défi Pissenlits qui consiste à retarder la première tonte de gazon le plus longtemps possible au printemps, gagne en popularité et en 2023, ce sont 155 villes (dont Boucherville, Sainte-Julie et Varennes), huit MRC, 33 entreprises et plus de 50 000 individus qui ont pris part à cette initiative.

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