Marie-Josée Salvail : les travaux publics; aussi une affaire de femmes !

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Par Diane Lapointe
Marie-Josée Salvail : les travaux publics; aussi une affaire de femmes !
Marie-Josée Salvail aura 55 ans le 7 mars, la veille de la Journée internationale des droits des femmes. Elle dit fêter durant deux jours. (Photo : Diane Lapointe - La Relève)

À Boucherville, c’est une femme qui est la boss des Travaux publics. Marie-Josée Salvail en est la directrice depuis 20 ans. Elle fait partie de la poignée de femmes au Québec à la tête d’un service traditionnellement réservé à la gent masculine.

« Au début, quand on allait inspecter une machine, par exemple, on pensait que j’étais la secrétaire. Ça m’a toujours fait rire », confie Mme Salvail.

Les temps ont changé et la société a évolué.

« Ça ne m’arrive plus. J’ai trois fils et je leur raconte ce que j’ai connu et qui n’est plus la réalité d’aujourd’hui. C’est maintenant plus égalitaire. Mais à l’époque, il y a des choses qu’on se faisait dire et qui seraient maintenant épouvantables », poursuit-elle.

Une anecdote l’a marquée.

« J’étais en stage dans une usine de métallurgie et un ingénieur nous racontait ses souvenirs d’université. Il nous dit : il y avait une fille dans notre cours, je ne sais pas ce qu’elle faisait là, elle était belle, pourtant . »

Mme Salvail, que son père avait surnommée Tiger , lui demande pourquoi il disait cela.

« Et il m’a répondu que les belles filles ont d’autres choses à faire que d’étudier.»

« Je n’ai jamais connu de sexisme à l’école comme sur le marché du travail à mes débuts. Au cégep, en sciences, c’était majoritairement des gars. À l’université, nous étions 13 filles sur 45 étudiants. Probablement que ma génération était rendue ailleurs », remarque-t-elle.

Mme Salvail est diplômée en génie mécanique de l’Université de Sherbrooke. La tuerie de l’École Polytechnique de Montréal l’a beaucoup secouée.

S’imposer
« Je rêvais de travailler dans des usines et c’est ce que j’ai fait en début de ma carrière. »

Mais la conciliation travail-famille n’était pas facile dans ce secteur. En 1999, alors qu’elle était en congé de maternité de son premier enfant, Mme Salvail pose sa candidature à un emploi de chef de division approvisionnement mécanique à la Ville de Saint-Bruno-de-Montarville. Poste qu’elle obtient. Puis les fusions municipales arrivent et elle devient à l’emploi de la Ville de Longueuil.

« Ç’a été un tremplin professionnel extraordinaire », précise-t-elle.

Elle a ensuite été nommée directrice du service des Travaux publics à l’arrondissement de Boucherville, qui est redevenue une ville en 2006.

Elle se souvient que parfois au début de sa carrière, quand quelqu’un (de l’extérieur de son service) voulait parler au directeur et que c’est elle qui se présentait, elle se faisait dire donne-moi un homme, donne-moi quelqu’un qui connaît ça. « Ben, ça va être moi! », lui répondait-elle.

« Je me disais que c’était lui qui n’avait pas évolué. »

Le service des Travaux publics est composé d’une quinzaine d’employés de bureaux, et de 61 cols bleus, dont 11 sont des femmes.

« Ma p’tite dame »
Les défis qu’elle a rencontrés dans un travail à prédominance masculine ont été de gagner en crédibilité. « Les petits mononcles qui t’appellent Ma p’tite dame et qui pensent qu’on ne connait pas ça parce qu’on est une femme », elle en a rencontrés, pas parmi ses employés, spécifie-t-elle, mais en dehors de l’organisation municipale.

« On m’a souvent dit que je suis une main de fer dans un gant de velours, mais le gant tombe parfois. Les rofs qui essaient de m’embobiner, j’en ai vu d’autres.»

Mme Salvail dit ne jamais avoir été victime de discrimination de la part de ses employés. Elle se souvient avoir entendu un col bleu de Saint-Bruno dire : J’ai bien hâte de la voir couchée en dessous d’un truck , parce que je travaillais en mécanique. Mais ce n’était pas de la discrimination, mais davantage un préjugé », analyse-t-elle.

Lorsqu’elle est confrontée à des préjugés ou des stéréotypes liés à son genre, elle gère la situation avec de l’humour.

« Ça désarçonne plus que la colère », reconnait-elle.

Aux femmes qui souhaitent embrasser une carrière dans un domaine majoritairement masculin : « Foncez. Faut pas avoir peur, on vaut autant qu’un gars, on a les mêmes compétences, les mêmes capacités, le même potentiel », conseille celle qui ne réalise même pas la différence lorsqu’elle est assise à une table juste avec des hommes tellement elle est habituée à cette immersion. « Ça ne fait pas différence. Si on est professionnel, on oublie qu’on est une femme ou un homme.»

« Ça fait 20 ans que je suis à la ville de Boucherville et je suis toujours aussi heureuse. C’est un milieu dynamique et stimulant. J’ai une super équipe. De rendre service, c’est ce qui est le plus gratifiant dans notre travail. »

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