Des « pouponnières » de monarques à Varennes!

Photo de Daniel Bastin
Par Daniel Bastin
Des « pouponnières » de monarques à Varennes!
Le secret, c’est de semer et de planter des asclépiades, ces plantes nectarifères et nourrissantes qui sont vitales pour les monarques.
« Je n’ai jamais pensé de ma vie qu’un jour je serais obligée de faire l’élevage de monarques pour les sauver de l’extinction », a avoué la Varennoise Chantal Breton.

Varennes est une ville certifiée Amie des monarques par la Fondation David Suzuki, mais il est néanmoins nécessaire que des initiatives citoyennes permettent d’améliorer leur milieu de vie qui a été dévasté au fil des décennies, menaçant même la survie de cette espèce qui est si belle. Heureusement, Varennes a des « pouponnières » de monarques et une de celles qui veillent à leur bien-être est Chantal Breton, une Varennoise de planetsos.org qui ne ménage pas ses efforts pour aider les papillons à littéralement prendre leur envol!
Depuis maintenant cinq ans, Chantal Breton a décidé de sensibiliser la population à ce que nous pouvons faire concrètement pour sauver les monarques de l’extinction. « C’est facile lorsqu’on connaît le secret : c’est de semer et de planter des asclépiades, ces plantes nectarifères et nourrissantes qui sont vitales pour les monarques. C’est la seule plante hôte sur laquelle les femelles déposent leurs œufs et dont les chenilles se nourrissent. Une fois les chenilles à terme, elles forment leurs chrysalides pendant dix jours et les plantes d’asclépiades repoussent encore plus belles! »
Elle rappelle que la population de monarques a décliné de 90 % et cette disparition accélérée est principalement due au manque d’asclépiades pour pondre leurs œufs en chemin; à la coupe hâtive en bordure des routes en août qui tue directement les générations migratoires vers le Mexique; sans oublier le déséquilibre climatique. Ce constat fait d’autant plus mal que les papillons pollinisent environ 30 % de nos fruits et légumes avec leurs ailes.
« Auparavant, on voyait partout des asclépiades le long des routes, maintenant elles sont étouffées par le phragmite, une espèce envahissante importée d’Europe, au détriment de nos espèces indigènes, causant d’importants dommages écologiques. De plus, les champs sont vaporisés de pesticides, ce qui tue littéralement toute la biodiversité, incluant les œufs et les chenilles du monarque. »
4 000 km à coup d’ailes!
« Les Monarques sont de grands voyageurs », a poursuivi la Varennoise. « En saison d’été, on les voit apparaître au Québec en juin. Ça leur aura pris deux ou trois générations pour remonter à partir du Mexique vers chez nous! Une fois rendus ici, ils s’accouplent et les femelles déposent leurs œufs uniquement sur les asclépiades. »
« Vers la fin août, ils pensent déjà à retourner au Mexique. Seule cette dernière génération – qui ne se reproduira pas ici pour conserver son énergie – parcourra 4 000 km à coup d’ailes, car ces papillons ne survivent pas aux températures glaciales du nord du Canada et des États-Unis. Une fois rendus au Mexique, ils se mettent en diapause, c’est-à-dire un ralentissement du métabolisme leur permettant de recalibrer leur boussole interne en préparation de la migration printanière vers le nord. Cette quatrième génération a une durée de vie d’environ huit mois, tandis que les autres générations vivent entre trois et cinq semaines. »
« Je n’ai jamais pensé de ma vie qu’un jour je serais obligée de faire l’élevage de monarques pour les sauver de l’extinction et que je nourrirais des chenilles une à deux fois par jour avec des feuilles d’asclépiades. C’est fou quand on y pense! J’ai eu plus de 200 chenilles à nourrir cette année! Dans mon jeune temps, on les voyait partout et on croyait bien que la biodiversité était éternelle! »
« Nous cueillons les œufs sur les asclépiades et nous les élevons en cage pour insectes pour les protéger contre les prédateurs (araignées, coccinelles, fourmis, oiseaux, humains). En faisant cela, je réussis à sauver 95 % des œufs comparativement à 2 % quand ils sont non protégés dans la nature. De plus en plus de gens sont sensibilisés à la cause et ils m’apportent aussi les œufs de monarques trouvés sur leurs asclépiades, pour que je les protège. C’est merveilleux! »
« Ma récompense c’est d’avoir réussi à en sauver 200 cette année et de les voir s’envoler pour la première fois. Voir partir un de mes «bébés» auquel j’ai consacré quelques mois de ma vie, pour les voir s’épanouir, est toujours un moment émouvant. La fondation varennoise planetsos.org invite les gens à venir libérer les nouveau-nés dans la nature. C’est un moment magique et unique. Les gens sont émus aux larmes devant tant de beauté et moi aussi. Je crois que le fait de vivre ce moment change leur vision et ils désirent planter des asclépiades après cette expérience! », de lancer Chantal Breton avec un large sourire.





Pour en savoir plus

Il est à noter que planetsos.org vend des semences et des plants d’asclépiades à 5 $ (planetesos.org@hotmail.com). On peut également communiquer avec Chantal Breton à l’adresse : chantalbreton77@gmail.com

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