Mercredi dernier, la communauté contrecoeuroise a été ébranlée par un crime commis sur son territoire. Mais ce 12e féminicide de l’année a des échos qu’on peut ressentir bien au-delà de notre région.
Au Centre de femmes Entre Ailes Sainte-Julie, le choc n’avait toujours pas été complètement absorbé 24 h après la tragédie. Il faut dire qu’en termes de crimes violents commis contre des femmes, le bilan de 2021 au Québec était déjà alarmant avant même que ne commence le sixième mois de l’année.
« Nous sommes secouées, c’est certain, nous confie Sylvie Riendeau Langlais, coordonnatrice générale du centre qui fait la promotion de l’autonomie et du développement des femmes. Nous sommes toutes très conscientes que ça existe sur notre territoire et que personne n’est à l’abri de la violence conjugale. Mais quand ça se produit aussi près, c’est comme si la chose était plus concrète encore. »
Au Centre, les membres de l’équipe étaient d’ailleurs en mode gestion d’urgence en ce triste lendemain. Afin de répondre aux demandes d’abord, mais aussi pour trouver les mots nécessaires pour réagir rapidement à ce nouveau drame, tout en rappelant l’importance pour les victimes de demander de l’aide.
« Quand il y a un drame comme celui-là, c’est certain que ça vient ébranler les femmes sur le territoire. Mais il faut qu’elles sachent que nous sommes disponibles pour elles et qu’il y a également d’autres organismes. Elles ne doivent pas demeurer seules, mais plutôt aller chercher de l’aide. C’est vraiment important qu’elles sachent qu’elles ont accès à des ressources. »
Une boule au creux du ventre
Parmi les difficultés vécues par les victimes, d’identifier le point de non-retour n’est pas une mince tâche puisque la violence s’installe la plupart du temps de façon insidieuse. Comme le rappelle Mme Riendeau Langlais, il est difficile de tracer la fine ligne au-delà de laquelle la relation devient toxique.
« C’est pernicieux parce que c’est difficile à identifier. Moi, je vous dirais qu’à partir du moment où on a des inquiétudes, où on commence à avoir une boule dans le ventre comme on appelle, il faut commencer à se poser des questions. La violence s’installe quand il y a du contrôle, quand l’autre prend le pouvoir. À ce stade de la relation, il n’y a pas de négociation possible et on n’est pas dans la recherche de solutions ensemble. On se retrouve plutôt dans la contrainte. Alors à partir du moment où on a cette boule dans le ventre, dans la gorge, c’est un des signes indicateurs qu’il y a quelque chose qui ne va pas, que ce que nous vivons n’est pas normal. »
Questionner sans être obligée
En espérant que de meilleurs jours nous attendent, le Centre pour femmes Entre Ailes continue de prôner l’importance de l’éducation et de la prévention, et ce, dès un très jeune âge. « Il faut travailler à changer les comportements pour protéger les femmes. C’est pourquoi ce message que nous voulons envoyer s’adresse d’abord à elles. Il y a des ressources et il ne faut pas hésiter à parler et à poser des questions. C’est confidentiel et ça ne vous engage à rien. Certaines ne veulent pas consulter parce qu’elles ont peur de mettre leur conjoint en difficulté, elles pensent à leurs enfants, mais elles n’ont pas l’obligation de prendre une action après nous avoir consultés. C’est important de démystifier ça. »
Pour contacter le Centre de femmes Entre Ailes, composez le 450 645-0658. Pour S.O.S. Violence Conjugale, vous pouvez composer le 1-800-363-9010 et ce, 24 h/24, 7 j/ 7 www.sosviolenceconjugale.ca