Un projet de 200 M$: une des plus grandes usines d’hydrogène vert verra le jour à Varennes

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Par Daniel Bastin
Un projet de 200 M$: une des plus grandes usines d’hydrogène vert verra le jour à Varennes
L’usine d’hydrogène d’une capacité de 88 mégawatts (MW) alimentera en énergie la future entreprise de fabrication de biocarburants appelée Recyclage Carbone Varennes. (Photo : HQ)
Les travaux d’Hydro-Québec en cours.

La fermeture de la raffinerie Pétromont en janvier 2009 a causé un dur coup au parc pétrochimique de Varennes et à toute la ville qui voyait une des plus importantes entreprises de son territoire cesser ses opérations, provoquant par le fait même bien des inquiétudes en ce qui concerne l’avenir économique de la municipalité de près de 20 000 citoyens.
Toutefois, les élus de l’époque ont trouvé une façon de rappeler qu’en chinois, le mot « crise » est composé de deux caractères : le premier représente un homme au bord d’un précipice, c’est-à-dire le « danger », alors que le second signifie « opportunité / chance », ce qui rappelle que toute crise peut offrir une occasion à saisir.
C’est ainsi que la Ville de Varennes a acheté par la suite les quelque 15 millions de pieds carrés de terrains de Pétromont qui ont été décontaminés avec certificat du ministère de l’Environnement. Le conseil avait comme plan de délaisser le secteur pétrochimique, trop polluant, pour faire place à des entreprises axées sur l’environnement et l’énergie verte.
Le 18 février dernier, Hydro-Québec annonçait officiellement que la société d’État démarrait son projet d’usine de production d’hydrogène vert à Varennes, estimé à près de 200 M$. La construction de l’une des plus imposantes usines au monde du genre concrétise de façon éloquente ce virage environnemental pris il y a plus de 10 ans.
Remplacer les énergies fossiles
On a précisé lors de l’annonce que l’hydrogène vert sera produit par l’électrolyse de l’eau à partir de l’hydroélectricité renouvelable et servira de matière première pour remplacer les énergies de sources fossiles dans un procédé industriel, contribuant du même coup à la décarbonisation de l’économie.
À Varennes, l’usine d’hydrogène d’une capacité de 88 mégawatts (MW) alimentera en énergie la future usine de biocarburants portant le nom de Recyclage Carbone Varennes (RCV), qui sera construite sur la nouvelle rue Vincent-Chornet dans la zone industrialo-portuaire.
Le complexe RCV, évalué pour sa part à 687 M$, transformera des matières résiduelles non recyclables en biocarburants et en produits chimiques renouvelables. Il est à noter que les matières résiduelles proviendront des centres de tri et des centres de recyclage, tandis que la biomasse forestière résiduelle proviendra des régions.
« Varennes se place désormais au cœur de la révolution industrielle des énergies vertes et propres en Amérique du Nord. Nous avons réussi à transformer un vieux parc pétrochimique contaminé en un pôle d’énergies renouvelables pour l’avenir », a mentionné le maire Martin Damphousse, qui a rappelé que la mise en service est prévue pour la fin de 2023.
En parallèle à ce projet, une autre équipe d’Hydro-Québec construira une ligne de transport à 230 kV pour répondre aux besoins d’énergie de la nouvelle zone industrialo-portuaire de Varennes. Cette ligne permettra notamment de fournir 150 MW d’électricité à l’usine de biocarburants de l’entreprise Recyclage Carbone Varennes et à l’usine de production d’hydrogène d’Hydro-Québec.
La société d’État a fait savoir que la ligne d’environ trois kilomètres partira du poste de Varennes, situé sur le chemin de la Baronnie. Hydro-Québec analyse actuellement le corridor qui pourrait accueillir la future ligne et une période de consultation de la population et de l’ensemble des parties prenantes concernées a été enclenchée afin de déterminer le meilleur tracé, en tenant compte des considérations sociales, environnementales, économiques et techniques. La mise en service de la nouvelle ligne est planifiée pour sa part à la fin de 2022.
Une deuxième usine d’hydrogène
D’ici peu, Varennes devrait accueillir sur son territoire une autre usine de production d’hydrogène vert nommée Hénergia, un projet estimé à près de 120 M$. Dans ce but, le plus grand producteur d’éthanol du Canada, Greenfield Global, qui est situé sur Marie-Victorin, et Hy2Gen, une compagnie allemande en développement de projets d’hydrogène vert, se sont unis en co-entreprise afin d’implanter un centre de production d’hydrogène vert et de valorisation du CO2 en méthanol vert.
Rappelons en terminant que cette filière énergétique a un potentiel intéressant puisque le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a mentionné en 2019 que Québec devra intégrer l’hydrogène à sa stratégie de réduction des gaz à effet de serre, tout en donnant priorité à l’électrification des transports, c’est-à-dire les voiture électriques.

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