Le martinet ramoneur est-il menacé dans le Vieux-Boucherville?

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Par Diane Lapointe
Le martinet ramoneur est-il menacé dans le Vieux-Boucherville?
(Photo : Québec Oiseaux)

Une colonie de martinets ramoneurs, une espèce d’oiseaux chassant de petits insectes, ayant élu domicile dans la cheminée de l’église Sainte-Famille est menacée en raison du projet de démolition de ladite structure.
Ces petits oiseaux aux ailes arquées et au corps en forme de cigare, ressemblant à une hirondelle, arrivent au Québec dès la fin avril et retournent passer l’hiver en Amérique du Sud en septembre. Leur lieu de nidification et de dortoir est dans la majorité des cas les vieilles cheminées des églises.
Les ornithologues amateurs Suzanne Cholette et Dominic Chartier s’inquiètent pour leur survie. « Les cheminées accessibles pour ces oiseaux sont de plus en plus rares, et ceux-ci reviennent année après année au même endroit. En 2015, l’organisme Québec Oiseaux avait tenté de sensibiliser les responsables et essayer de trouver des solutions, mais apparemment sans succès. Il serait dommage de détruire cette colonie de martinets ramoneurs qu’on voit voler dans le ciel du Vieux-Boucherville du printemps à l’automne. » Le couple de Bouchervillois espère qu’une solution soit trouvée afin de sauver ces volatiles. « Y a-t-il quelque chose à faire pour construire ou aménager une structure de remplacement afin d’assurer pour l’an prochain, le retour de nos ramoneurs? », se questionnent-ils.

Une cheminée lourdement endommagée
La cheminée de l’église Sainte-Famille, qui n’est pas l’originale, n’est plus utilisée depuis plusieurs années. Elle est très endommagée et elle risque même éventuellement de tomber. « Est-ce que l’on va attendre qu’un citoyen se blesse? », lance le marguillier délégué au patrimoine, Jacques Castonguay, joint au téléphone.
« Nous l’avons fait réparer temporairement, mais elle se dégrade tranquillement », ajoute-t-il. La structure présente de nombreuses fissures sur près de la moitié de sa hauteur et il en coûterait environ 50 000 $ pour la réparer. La paroisse projette ainsi de la détruire. Elle a d’ailleurs obtenu l’autorisation du ministère de la Culture et des Communications, et attend que le permis de la Ville soit accordé avant de procéder à sa démolition.
« On ne fait pas ça de gaieté de cœur, ajoute M. Castonguay, mais on n’a pas d’argent pour la restaurer. C’est triste, mais ces oiseaux peuvent peut-être aller se loger dans la cheminée de la salle paroissiale qui date de près de 100 ans », ajoute-t-il.
Déclin de 95 %
Le martinet ramoneur a subi un déclin de l’ordre de 95 % depuis 1968. Il figure maintenant sur la liste des espèces menacées au Canada selon la Loi sur les espèces en péril. Les causes exactes de son déclin sont encore inconnues, mais la perte d’habitat a probablement joué un rôle important dans la diminution de sa population, apprend-on sur le site de QuébecOiseaux.
« Autrefois, les gros arbres morts étaient utilisés par le martinet ramoneur comme sites de nidification ou de repos (dortoir). Ces chicots se faisant rares depuis l’avènement de la foresterie industrielle, le martinet a adopté les cheminées de maçonnerie comme habitat alternatif.
Au Québec, les bâtiments religieux représentent 57 % des sites connus de nidification et de dortoir pour le martinet ramoneur. Les cheminées adéquates pour le martinet ont généralement été construites avant 1960, ce qui est le cas de la majorité des bâtiments religieux de la province. De plus, les cheminées de tels bâtiments sont plus résistantes que les cheminées des maisons construites durant la même période, qui sont pour la plupart détériorées. Conséquemment, la conservation des cheminées de bâtiments religieux constitue une véritable bouée de sauvetage pour le martinet ramoneur », conclut QuébecOiseaux.
D’autres solutions?
Le Service canadien de la faune d’Environnement et Changement climatique Canada a été informé de la situation par la biologiste et chargée de projets à QuébecOiseaux, Geneviève Perreault.
Dans un échange de courriels avec M. Chartier, celle-ci mentionne par ailleurs « douter que QuébecOiseaux ne puisse faire quoi que ce soit d’autre pour tenter de sauver la cheminée de cette église. « Nous avions déjà entamé des démarches pour sensibiliser les gestionnaires de l’église en 2015. Une rencontre avait eu lieu et la cheminée semblait déjà être un problème à ce moment-là. Nous avions suggéré une série d’alternatives pour maintenir la cheminée disponible pour les martinets, mais les gestionnaires avaient refusé de signer une entente de protection », écrit-elle.






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