Bars et pubs: entre l’attente et la fébrilité

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Par Steve Martin, Initiative de journalisme local
Bars et pubs: entre l’attente et la fébrilité
« Quand arrive une crise, on nous considère comme des méchants parce que nous sommes des propriétaires de bars », croit Geneviève Meunier du Pub Le Vieux qu'on voit ici en compagnie de son conjoint Éric Chrétien. (Photo : Steve Martin)

Bar, resto-bar, taverne, pub… Jamais la différence n’aura été aussi importante pour les propriétaires d’établissement avec permis d’alcool. Alors que certains préparent leur retour en affaires le 22 juin, d’autres doivent continuer de ronger leur frein en attendant le feu vert du gouvernement.

À quelques jours d’ouvrir de nouveau ses portes, Geneviève Meunier, propriétaire du Pub Le Vieux, ne cache pas sa fébrilité. « Ç’a été trois mois difficiles, admet cette dernière. On est super contents, mais en même temps, on s’attend à ce que la première semaine en soit une de rodage et d’adaptation, tant pour le personnel que pour les clients. »

Devant se conformer aux règles de distanciation sociale, la femme d’affaires a fait installer des plexiglass afin de bien séparer les tables de l’établissement qui a pignon sur rue à Boucherville depuis 1967.

« Je sais que certains clients vont garder une certaine crainte au début, mais cet aspect-là ne me fait pas peur. La majorité des gens que j’ai croisés ces dernières semaines m’ont dit qu’ils reviendraient manger sur place, alors j’ai confiance que ça va bien aller. »

La propriétaire admet par ailleurs que, pour avoir un soutien financier durant la crise comme d’autres PME, elle a dû frapper à plusieurs portes.

« Ç’a été très difficile d’obtenir de l’aide du gouvernement. Nous étions comme dans une catégorie à part avec les prêts usuraires et les danseuses. Pourtant, je ne fais pas mon alcool en secret. J’achète mes bouteilles à la SAQ, je paie mes taxes et quand je vais chercher des fruits et légumes, j’encourage les cultivateurs de Boucherville. Je participe à la communauté, mais quand arrive une crise, on nous considère comme des méchants parce que nous sommes des propriétaires de bars. Disons que j’ai été bien soulagée quand les règles ont été assouplies. »

Bar de quartier

À quelques kilomètres de là, au Bar De L’eau, les employés sont toujours en attente des directives pour les établissements qui servent de l’alcool, mais pas de nourriture.

« On comprend qu’il faut que le déconfinement se fasse de façon graduelle, admet la gérante Maude Forcier, mais les gyms, les sports d’équipe, la natation peuvent reprendre alors que nous ne pouvons pas ouvrir. C’est un peu bizarre. »

Selon Mme Forcier, il est difficile pour les bars de quartier d’avoir à respecter les règles qui sont imposées à des établissements de Montréal où l’occupation est d’ordinaire beaucoup plus dense.

« Dans la plupart des villes au Québec, ce sont des petits bars comme le nôtre. Il y a un climat familial parce que tout le monde se connait. On pourrait facilement s’adapter aux règles de distanciation. »

La situation de Madame Bovary

Pour Pierre-André Bédard, copropriétaire du Madame Bovary, la situation demeure complexe malgré la possibilité d’ouvrir son commerce.

« La distanciation ne nous permettra pas d’être rentables, explique ce dernier. Quand nous avons fait un plan d’affaires, c’était avec l’idée que nous pouvions réunir tant de personnes dans un certain nombre de pieds carrés. C’est un milieu où les coûts sont élevés et les marges de profit sont très petites, alors il faut maximiser. Si on coupe de moitié, je ne vois pas comment nous allons y arriver. »

Un problème majeur auquel doivent faire face les propriétaires de l’établissement est qu’ils doivent respecter les règles de distanciation alors qu’ils ont payé le gros prix pour pouvoir avoir le droit de servir de l’alcool dans un établissement aux dimensions considérables.

« C’est comme si on donnait à tout le monde le droit que j’ai acheté, alors c’est discutable. Les tenanciers de bars en ce moment sont un peu dans la brume, mais dans quelques semaines, on devrait tous avoir un début de réponse. Disons que je ne pensais pas avoir un jour à vivre une situation comme celle-là! »

 

 

 

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