Budget fédéral: des initiatives intéressantes pour une économie en transformation, mais qui nécessitent davantage de mordant, disent la FCCQ et la CCIRS

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Par Daniel Bastin
Budget fédéral: des initiatives intéressantes pour une économie en transformation, mais qui nécessitent davantage de mordant, disent la FCCQ et la CCIRS
Le gouvernement fédéral a déposé aujourd’hui un budget proposant des mesures aux entreprises et aux travailleurs qui sont au coeur d’une économie en transformation rapide, croient la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) et la Chambre de commerce et d’industrie de la Rive-Sud (CCIRS). (Photo : iStock)

Le gouvernement fédéral a déposé aujourd’hui un budget proposant des mesures aux entreprises et aux travailleurs qui sont au coeur d’une économie en transformation rapide, croient la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) et la Chambre de commerce et d’industrie de la Rive-Sud (CCIRS).
« Les initiatives présentes comme l’allocation de soutien à la formation, les investissements dans Internet haute vitesse et l’appui aux entreprises innovantes seront utiles aux entreprises de toutes les régions du Québec », affirme Stéphane Forget, président-directeur général de la FCCQ. « Il faut cependant des moyens plus importants et leur déploiement rapide pour assurer la compétitivité des entreprises et la capacité des employés de répondre aux exigences du marché du travail actuel et futur », ajoute Richard D’Amour, président de la CCIRS
Mesures pour les travailleurs
La FCCQ demandait, dans son mémoire prébudgétaire, des mesures pour aider les entreprises à faire face à la rareté de main-d’oeuvre et salue ainsi la bonification de l’exemption des gains du Supplément de revenu garanti, qui incitera les travailleurs expérimentés à faible revenu, les plus susceptibles à avoir besoin de travailler, à rester sur le marché du travail. « Les entreprises à la recherche de main-d’oeuvre auraient intérêt à pouvoir maintenir les travailleurs expérimentés en milieu de travail, afin de répondre à leur besoin de main-d’oeuvre tout en favorisant le transfert de connaissances », rappellent Stéphane Forget et Richard D’Amour, alors que plusieurs entreprises de la région Rive-Sud cherchent activement du personnel.
Le gouvernement a compris l’importance d’investir en formation, mais ce qui est proposé dans le budget déposé par le ministre Bill Morneau est nettement insuffisant et sa mise en place progressive ne permettra probablement pas de faire face aux défis urgents du marché du travail, selon la FCCQ, qui prône depuis deux ans la création d’un régime volontaire d’épargne pour la formation continue. Financée à même les fonds de l’assurance-emploi, il faudra prévoir que les employeurs auront leur mot à dire sur l’application d’une telle mesure, notamment quant au moment et au sujet des formations suivies.
Déploiement d’Internet haute vitesse partout au Québec
La FCCQ et la CCIRS souscrivent à l’objectif du gouvernement fédéral de donner à tous les Canadiens un accès à Internet haute vitesse et saluent les sommes annoncées. « Nous espérons que les sommes seront déployées rapidement et que les programmes feront l’objet d’une évaluation de performance afin d’assurer à tous les ménages et entreprises d’avoir accès aux technologies numériques nécessaires aujourd’hui », précise Richard D’Amour.
La FCCQ demande également au gouvernement fédéral de collaborer avec le gouvernement du Québec afin de favoriser le déploiement des réseaux numériques dans les zones moins bien desservies, ainsi que dans l’administration et la coordination des programmes afin d’éviter les dédoublements.
Régime national d’assurance-médicaments
La FCCQ et la CCIRS saluent la volonté du gouvernement de travailler sur un régime d’assurance-médicaments en collaboration avec les provinces et les territoires, les peuples autochtones, les patients
et des experts, et ce afin, de dresser une liste exhaustive de médicaments sur ordonnance et de développer une Stratégie nationale pour les médicaments coûteux pour le traitement des maladies rares. « Nous croyons que la meilleure façon d’y arriver est de mettre en place un régime mixte qui comblera les lacunes en matière de couverture », souligne Stéphane Forget. « Le futur régime doit également être pérenne, sans alourdir le fardeau fiscal des entreprises et des contribuables canadiens », ajoute Richard D’Amour.
La FCCQ soutient également qu’un régime national d’assurance-médicaments qui aurait pour seul but de réduire le coût des médicaments risque de restreindre l’accès aux traitements de pointe et d’avoir des répercussions importantes sur la recherche et le développement, les sciences de la vie et l’accès des patients aux nouveaux médicaments, notamment grâce aux essais cliniques.
Mesures de compensation aux producteurs soumis à la gestion de l’offre
La FCCQ et la CCIRS saluent le soutien offert aux producteurs agricoles et l’aide visant à protéger la valeur des investissements des agriculteurs dans les secteurs soumis à la gestion de l’offre à la suite de l’AECG et du PTPGP. « La volonté annoncée du gouvernement fédéral de continuer de collaborer avec l’industrie est essentielle, afin de répondre aux effets possibles de l’AEUCM et nous espérons que les prochaines mesures seront calculées en fonction de la valeur actuelle nette des pertes perpétuelles que subira l’industrie », souligne le président-directeur général de la FCCQ. « Il faut que les producteurs et transformateurs québécois reçoivent leur juste part des compensations, compte tenu de leur importance au sein de l’industrie canadienne », ajoute le président de la CCIRS.
Les oubliés du budget
« Nous sommes déçus que le présent budget n’accorde pas davantage d’importance aux investissements en infrastructures nécessaires au développement », déplore Richard D’Amour. « Pour que le projet de train grande fréquence (TGF) de VIA Rail puisse être réalisé à l’horizon 2023, il aurait fallu une enveloppe dédiée à la construction du TGF dans le budget », soutient Stéphane Forget.
« De même, le maintien et le remplacement de la flotte de brise-glaces exige des investissements majeurs, car leur vétusté menace l’efficacité du corridor maritime du Saint-Laurent, et met en péril nos échanges commerciaux qui ne cessent de croître », remarque Stéphane Forget, soulignant cependant certaines mesures pour les chantiers maritimes, notamment celui de la Davie. « Dans un contexte de rareté de main-d’oeuvre, il est important d’assurer un maintien des emplois et de l’expertise retrouvée au chantier de Lévis, et cela passe entre autres par des contrats du gouvernement fédéral, entre autres quant à l’acquisition de nouveaux traversiers dans l’Atlantique, pour lesquels nous souhaitons que le gouvernement fédéral fasse confiance aux chantiers maritimes québécois dans l’octroi des contrats », affirme Richard D’Amour, président de la CCIRS.
Les aéroports régionaux ont des besoins importants en réfection de leurs infrastructures et en développement, afin d’assurer une desserte aérienne efficace dans les régions éloignées. Le gouvernement du Québec a fait un premier effort au cours des derniers mois, et la FCCQ souhaité que le gouvernement fédéral emboîte le pas.
« Plusieurs de nos médias régionaux attendaient de voir se concrétiser le soutien annoncé dans la mise à jour économique de novembre dernier », rappelle Richard D’Amour. « L’absence d’une quelconque mention dans le budget, à ce sujet, fait perdurer l’inquiétude. »
Enfin, dans un contexte où la réforme fiscale américaine a envoyé un signal aux investisseurs étrangers, le Canada aurait dû et doit envoyer des signaux identiques afin de préserver l’attractivité et la compétitivité de ses entreprises et ainsi, éviter de voir des investissements déplacés au sud de la frontière.
Résorption du déficit
La FCCQ et la CCIRS demandent depuis le premier budget du ministre Morneau que le gouvernement présente un plan réaliste de résorption du déficit afin de rencontrer l’équilibre budgétaire : « Dans un contexte de situation financière favorable, il est déplorable de constater une fois de plus l’absence d’un plan de résorption du déficit nécessaire aux principes de saine gestion des finances publiques », conclut Stéphane Forget.

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