Québec veut protéger le droit à une information régionale

Québec veut protéger le droit à une information régionale
Aller directement aux commentaires 4 Plutôt que de venir en aide dès maintenant aux médias d'information, Québec crée une commission parlementaire à ce sujet. Le gouvernement caquiste ne tente toutefois pas de gagner du temps dans ce dossier, s'est défendue Nathalie Roy, vendredi­. (Photo : Radio-Canada- Anne Marie Lecomte)

Plutôt que de venir en aide dès maintenant aux médias d’information, Québec crée une commission parlementaire à ce sujet. Le gouvernement caquiste ne tente toutefois pas de gagner du temps dans ce dossier, s’est défendue Nathalie Roy, vendredi­.
« Prenez ma parole, ça va aller rondement et rapidement », a promis la ministre de la Culture et des Communications, qui s’engage à proposer des solutions dès 2019.
En conférence de presse vendredi, Mme Roy a fait remarquer qu’elle n’était ministre que depuis 43 jours. Celle qui fut journaliste successivement à Télémédia, Cogeco, TQS, Radio-Canada et TVA affirme qu’il lui importe d’entendre les spécialistes des médias « avant de leur imposer un projet de loi ».
C’est notamment afin de « protéger le droit à l’information des Québécois » et de trouver des solutions « concrètes » aux « problèmes structurels » des médias du Québec, notamment locaux et régionaux, que la ministre souhaite mettre une commission parlementaire sur pied.
Parlementaire depuis 2012, Nathalie Roy affirme avoir vu passer dans son bureau des propriétaires de presse, des journalistes, des éditeurs et des gens impliqués dans le milieu qui lui disent : « Il faut faire quelque chose […], on a un grave grave problème qui est l’exode des revenus publicitaires vers les plateformes numériques ».
La ministre explique que les sources d’information sont moins nombreuses qu’avant. Il devient plus difficile de s’informer, dit-elle, surtout pour « le citoyen en région qui a besoin de savoir ce qui se passe dans sa ville, dans son comté, sa municipalité régionale de comté (MRC) ».
L’ex-journaliste considère que ce citoyen est laissé pour compte.
Depuis 2010, le Québec a connu une baisse de 28 % du nombre de ses journaux locaux et régionaux, qui sont passés de 200 à 143, affirme-t-elle encore. « Et je ne vous parle pas des radios et des télévisions, dit Nathalie Roy, qui se souvient que le réseau TQS – au sein duquel elle a travaillé pendant 16 ans à Montréal – avait des antennes régionales, avec des bulletins régionaux : « Sherbrooke, Trois-Rivières, Saguenay, etc.; on a vu disparaître ces antennes-là », se désole Nathalie Roy.
La commission parlementaire créée par le gouvernement majoritaire de François Legault vise à comprendre ce qu’il faut faire pour protéger le droit à une information de qualité, fiable et diversifiée. Un droit d’ailleurs inscrit dans la Charte des droits et libertés de la personne dont s’est doté le Québec, rappelle la ministre Roy.
Faire payer les géants du numérique
Aux journalistes qui lui demandaient pourquoi le ministre des Finances n’était pas à ses côtés, histoire de chiffrer l’engagement éventuel du gouvernement Legault dans ce dossier, Nathalie Roy a fait valoir que l’argent ne permettait pas de s’attaquer aux problèmes structurels.
Nathalie Roy loue l’initiative d’Ottawa, qui a versé 595 millions de dollars sur cinq ans pour venir en aide à l’industrie médiatique, le 21 novembre dernier. Mais elle croit qu’un gouvernement devra se décider à réclamer « quelque chose, un montant, peut-être des redevances » au « GAFAM », c’est-à-dire Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft.
« Comment ces [entreprises] pourraient-elles payer pour les revenus qu’elles engrangent, payer de l’impôt; ce sont des capitaux qui sortent et qui vident nos médias locaux », dit Nathalie Roy.

«Voir des industries qui font une fortune en revenus publicitaires ici et qui ne paient pas d’impôt ici, ça me dérange.»
Nathalie Roy, ministre de la Culture et des Communications du Québec

Nathalie Roy tend la perche à son homologue fédéral pour que les deux ordres de gouvernement réfléchissent ensemble à la situation.
Des revenus précieux qui échappent aux médias locaux
La ministre explore aussi d’autres avenues. Elle pense par exemple qu’on pourrait forcer la main aux ministères du Québec afin qu’ils respectent davantage un décret gouvernemental les incitant à investir un minimum de 4 % de leur budget en placements publicitaires dans les médias communautaires.
Elle déplore aussi qu’avec l’adoption du projet de la Loi reconnaissant les municipalités comme des gouvernements de proximité, les municipalités ne soient plus tenues d’afficher leurs avis publics dans les journaux. C’est une source de revenus en moins pour nos médias, dit Nathalie Roy en substance.
Et elle poursuit en disant que peu de gens feront la démarche de fureter sur le site Internet de leur ville dans le but d’y dénicher une information potentiellement importante pour eux et qu’ils auraient ratée, faute d’en avoir été informés.
Nathalie Roy n’exclut pas la possibilité que Québec confie à Télé-Québec le mandat de s’occuper d’information régionale, ou que la commission parlementaire traite aussi du dossier de la propriété intellectuelle. Toutes les options sont envisagées, dit-elle.
Le gouvernement de la CAQ entend par ailleurs maintenir la stratégie numérique de 200 millions de dollars, établie par son prédécesseur libéral en 2016 et s’échelonnant jusqu’en 2021.
(Soucre: Radio-Canada, Anne Marie Lecomte)

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