Les matières organiques détournées des sites d’enfouissement et transformées en énergie verte à Varennes

Photo de Daniel Bastin
Par Daniel Bastin
Les matières organiques détournées des sites d’enfouissement et transformées en énergie verte à Varennes
Le contenu des bacs bruns est envoyé dans une sorte de malaxeur géant, puis dans les deux grands digesteurs où il est transformé lentement en énergie verte renouvelable grâce à un procédé anaérobique.
Le directeur de l’usine, Sylvain Trépanier, et le directeur général par intérim de la SÉMECS, Sylvain Berthiaume, ont expliqué que les matières organiques peuvent produire un digestat qui est utilisé comme amendement sur des terres agricoles.
Des pourparlers se poursuivent avec l’agglomération de Longueuil afin d’étudier la possibilité que leurs matières organiques, estimées à 35 000 tonnes par année, soient traitées à Varennes.

Le projet a demandé près de 10 ans de travail, mais le centre de traitement des matières organiques par biométhanisation à Varennes est maintenant fonctionnel. Si la scène finale du film « Retour vers le futur » où le « Doc » met une pelure de banane dans le moteur de sa voiture du futur est un amusant raccourci à la Hollywood, la réalité est bien là : les matières organiques du bac brun sont désormais transformées en énergie verte renouvelable.
Le centre est en activité depuis le 8 janvier dernier et l’on y valorise les matières organiques résidentielles, institutionnelles, commerciales et industrielles de l’ensemble des 27 municipalités des trois MRC (Vallée-du-Richelieu, Marguerite-D’Youville et Rouville) qu’elle dessert, soit une population de 245 000 personnes, en plus de traiter les boues des fosses septiques.
Le contenu des bacs bruns (Organibac) est mis dans une sorte de malaxeur géant dans lequel on ajoute de l’eau et seul ce qui flotte ensuite à la surface et ce qui coule au fond est envoyé dans les sites d’enfouissement. Le reste, la « pulpe », est transférée dans les deux grands digesteurs, où elle est transformée lentement grâce à un procédé anaérobique en énergie verte renouvelable qui est vendue à sa voisine, Greenfield Global, et acheminée par un pipeline qui relie les deux usines.
40 000 tonnes détournées des sites
Rappelons que c’est dans le but de répondre aux objectifs gouvernementaux visant à bannir de l’enfouissement les matières organiques dès 2022 qu’un partenariat a été établi avec le consortium privé Biogaz EG, formé de Greenfield Global et du Groupe Valorrr, pour la construction et l’exploitation du centre. Cette alliance a permis la création de la Société d’économie mixte de l’est de la couronne sud (SÉMECS) qui est détenue à 66 % par les instances publiques et 33 % par le consortium privé.
Le centre a été construit en 16 mois au coût de 57,8 millions de dollars, dont 31,25 millions de dollars en subventions. Grâce à la technologie utilisée dans le parc industriel Novoparc de Varennes, les matières organiques peuvent être transformées en biométhane et en digestat, qui peut servir comme amendement sur des terres agricoles. De plus, la technologie permet d’extraire du sulfate d’ammonium lors du traitement des eaux de procédé, une matière pouvant être vendue à des producteurs d’engrais chimiques.
Le directeur de l’usine, Sylvain Trépanier, précise que ce centre permettra de détourner des sites d’enfouissement plus de 40 000 tonnes de matières résiduelles organiques, contribuant ainsi à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Pour sa part, le Martin Damphousse, président de la Société et maire de Varennes, souligne que la SÉMECS est basée sur un modèle d’affaires exportable et l’expertise acquise ici pourra bénéficier à d’autres collectivités désirant implanter un centre de traitement par biométhanisation sur leur territoire.
Déjà, des pourparlers se poursuivent avec l’agglomération de Longueuil afin d’étudier la possibilité que leurs matières organiques, estimées à 35 000 tonnes par année, soient traitées à Varennes, ce qui entrainerait un agrandissement des installations actuelles. Il est à noter qu’une offre d’achat pour un terrain adjacent à l’usine a été déposée par la SÉMECS en vue d’un tel scénario et son dénouement devrait être connu d’ici à la fin de l’année.
« Nous poursuivrons nos efforts pour mener le projet encore plus loin, car la SÉMECS possède un fort potentiel de croissance dans un monde où les enjeux environnementaux deviennent prioritaires », conclut pour sa part Martin Damphousse.

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