La mairesse Parent demande à la Commission municipale d’enquêter sur l’opposition

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Par Diane Lapointe
La mairesse Parent demande à la Commission municipale d’enquêter sur l’opposition
La mairesse Sylvie Parent.

Bras de fer au Conseil municipal de Longueuil

L’administration de la Ville de Longueuil connaît des heures troublantes. Jeudi dernier, la mairesse Sylvie Parent a d’ailleurs demandé à la Commission municipale du Québec d’enquêter sur le comportement de l’opposition qui, faut-il le rappeler, détient une mince majorité au conseil municipal.
Cette démarche s’inscrit dans une cascade de rebondissements qui a incité la mairesse Parent à demander l’intervention de l’Unité permanente anticorruption (UPAC), et le parti d’opposition, demander l’intervention du ministère des Affaires municipales.
Cette situation, du jamais vu à Longueuil, découle d’une série d’actions, de joutes politiques et d’exercices de pouvoir qui tiennent en fait leur origine de l’élection du 1er novembre dernier de la mairesse Sylvie Parent avec une courte majorité d’un peu plus de 100 voix. Son parti a fait élire cinq conseillers seulement contre huit de la formation adverse, Longueuil citoyen, dont la chef est Josée Latendresse. À la surprise de tous, celle-ci avait d’ailleurs été nommée, au lendemain de sa défaite, chef de cabinet du bureau de l’opposition, devenant du même coup une employée rémunérée par la Ville de Longueuil.
Depuis, il ne s’est pas passé une séance publique sans que les deux partis ne s’affrontent. Il aura fallu trois séances publiques pour nommer un président du Conseil. L’opposition majoritaire s’est adjugé environ 40 postes sur 50 au sein des différentes commissions, la nomination d’un représentant au conseil du Réseau de transport de Longueuil (RTL) a fait l’objet d’une controverse et, pour la première fois depuis novembre dernier, c’est le conseiller de l’arrondissement de Greenfield Park, et seul représentant du parti Option Longueuil, Robert Myles, qui a permis de trancher, en votant contre l’opposition et leur faisant perdre, pour la première fois, leur majorité.
Les mois suivants n’ont apporté rien de mieux. L’opposition a empêché l’adjudication d’un contrat d’entretien de terrain de soccer, ce qui a forcé la Ville à retourner en appel d’offres. Le contrat a finalement été octroyé, mais à prix plus élevé que lors de la première démarche. C’est à ce moment que Sylvie Parent a demandé à l’UPAC d’enquêter sur ce dossier, car elle croyait que quelqu’un avait peut-être forcé la main à l’opposition pour faire annuler le premier contrat.
Puis, l’opposition a demandé l’intervention du ministère des Affaires municipales pour enquêter sur la conduite de la mairesse. Forte de sa majorité, l’opposition a également retardé l’implantation des bacs bruns dans deux des trois arrondissements de la Ville de Longueuil pour finalement dire oui plusieurs semaines plus tard.
Au début juin, Sylvie Parent a fait une sortie médiatique pour dire « Assez, c’est assez », accusant du même souffle l’opposition de s’immiscer dans l’appareil administratif en contactant directement des employés pour obtenir des services dans leurs quartiers.
Enfin, la semaine dernière, pour des raisons de « dysfonctionnements », la mairesse a annoncé la suspension des activités des six commissions de la Ville de Longueuil pour revoir avec l’ensemble des élus le fonctionnement, l’orientation et les priorités desdites commissions.
Pour ce faire, le groupe d’opposition a demandé la tenue d’une assemblée extraordinaire du Conseil, compte tenu de l’urgence de remettre en marche les six commissions. L’assemblée a été convoquée pour le mercredi 20 juin, mais aucun membre de l’opposition ne s’est présenté. Il a cependant été proposé de reporter la tenue de l’assemblée au lendemain 21 juin, 13 h. Encore une fois en l’absence des élus de l’opposition, il n’y a pas eu quorum. Il faut préciser que plusieurs membres de l’opposition étaient à l’extérieur de la Ville et s’il avait fallu que les autres se pointent à ladite assemblée extraordinaire, ils auraient fait en sorte qu’il y ait quorum, mais ils auraient alors été minoritaires. Par voie de communiqué de presse, le chef de l’opposition, Xavier Léger, a affirmé que sa formation avait plutôt demandé de tenir la fameuse assemblée entre le 26 et le 29 juin.
Et pour en rajouter, chaque parti voulait profiter de cette séance pour déposer des blâmes mutuels. Contre la mairesse pour ses comportements et contre l’actuel président du conseil municipal et membre du groupe d’opposition majoritaire, pour avoir pris parti dans deux récents dossiers, ce qui est contraire à la pratique dans l’exercice des fonctions de président.
La mairesse Sylvie Parent maintient que « ça va bien à Longueuil », car environ 90 % des résolutions qui sont apportées au Conseil municipal sont votées à l’unanimité. Le dernier 10% est cependant celui qui fait le plus de bruit, celui qui fait en sorte que la Ville de Longueuil fait souvent les manchettes pour les mauvaises raisons.

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