Les deux producteurs agricoles au parc des Îles-de-Boucherville obtiennent un bail de 15 ans

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Par Daniel Hart
Les deux producteurs agricoles au parc des Îles-de-Boucherville obtiennent un bail de 15 ans
(Photo : SÉPAQ)

Les producteurs agricoles Savaria et frères et la ferme Van Velzen et fils pourront poursuivre leurs activités avec des pratiques agroenvironnementales quelque peu modifiées à l’avenir. Le Gouvernement du Québec leur accorde un nouveau bail de 15 ans qui leur permettra de continuer à cultiver sur 141 hectares, ce qui mène jusqu’en 2033. «Je suis fière de dire que nous pourrons encore déguster le maïs de Boucherville que nous aimons tant », a signalé au passage la députée de Laporte, Nicole Ménard, whip en chef du gouvernement, venue confirmer l’entente la semaine dernière au parc des Îles-de-Boucherville.
Une table de concertation réunissant des représentants des milieux agricole, municipal, et universitaire a formulé des recommandations sur l’avenir des activités agricoles sur le territoire du parc des Îles-de-Boucherville Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation a aussi collaboré à cette démarche afin de préconiser certaines pratiques agroenvironnementales. La gestion agricole devra être exemplaire et respectueuse des milieux naturels. Les activités devront cohabiter harmonieusement avec celles du parc. Il est aussi question d’une mise en valeur éducative des pratiques de l’agriculture et de faire des suivis en continu.
Les conditions du bail comprennent l’aménagement de bandes riveraines visant à protéger les cours d’eau, la mise en place d’un plan de rotation d’au moins trois cultures, l’utilisation d’agents biologiques pour lutter contre les ennemis de la culture et l’implantation de haies brise-vent pour contrer l’érosion éolienne, là où le besoin se manifeste. Un comité de suivi s’assurera que les activités agricoles s’exercent en harmonie avec la mission du parc.
Présent au point de presse de cette annonce gouvernementale, le maire Jean Martel a salué la décision de Québec. « C’est la consécration d’un travail de longue haleine; il s’agit d’un dossier sur lequel la Ville de Boucherville travaille depuis au moins six ans », a résumé M. Martel. Une pétition de 4200 signatures avait été déposée auprès du gouvernement afin de réclamer la poursuite des activités agricoles à l’île de la Commune. La Ville, l’agglomération de Longueuil et la CMM avaient adopté à tour de rôle des résolutions pour soutenir cette démarche. L’issue du dossier réjouit le maire de Boucherville. « Il y a eu des compromis de part et d’autre pour en arriver là », a-t-il précisé.
L’agriculteur Paul Van Velzen accueille avec satisfaction les conditions du bail. S’il n’a pas pas cultivé de blé d’inde depuis cinq ans en raison de la problématique du chevreuil, présent en grand nombre sur les îles, il compte recommencer dans les années à venir en misant sur le maïs primeur qu’il plantera sur les 42 hectares de terres dont il dispose à cet endroit. Comme les conditions du bail exigent une rotation de trois cultures, il prévoit aussi produire du soja et du blé.
Amis du parc
Le président des Amis du parc des Îles-de-Boucherville, Yves Lamarche, se dit également satisfait de l’entente intervenue entre le gouvernement et les deux producteurs agricoles. «Retirer l’agriculture trop rapidement aurait créé des problèmes de développement de la fragmite qui aurait pu s’étendre partout sur les terres. Le parc avait effectué certaines études avec une université pour éviter que ça se produise », explique M. Lamarche.
En raison des nouvelles conditions imposées pour la poursuite de l’agriculture sur l’île de la Commune, le président des Amis du parc estime que les producteurs auront une certaine auréole à se positionner comme citoyens responsables. À la table de concertation, les Amis du parc avaient proposé l’apport d’une tierce partie indépendante pour faire les vérifications d’usage sur les résultats de réduction des herbicides dans les eaux périphériques et la possibilité d’explorer de nouvelles techniques en ce sens. « Il y aurait un avantage à promouvoir une collaboration avec le milieu universitaire pour établir de meilleures pratiques agricoles sur le plan du développement durable. Je ne sais pas si ça va se concrétiser mais le ministère a retenu l’idée proposée », a a jouté M Lamarche.
Seule voix discordante au terme de l’annonce de la décision gouvernementale, l’ancien président du même organisme, Marcel Couture, s’est dit déçu qu’il y ait encore de l’agriculture au parc des Îles-de-Boucherville. « Ces terres appartiennent à l’État ; elles sont vouées à la conservation : c’est leur vocation. Lorsque l’ancienne ministre Line Beauchamp avait signé le bail précédent de huit ans, ça devait être le dernier; l’agriculture devait prendre fin en 2016 », argue M. Couture qui reconnaît tout de même respecter le choix du gouvernement.

 

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