Un milliard pour produire et traiter l’eau dans l’agglomération: et si la solution passait par des compteurs d’eau

François Laramée
Un milliard pour produire et traiter l’eau dans l’agglomération: et si la solution passait par des compteurs d’eau
Lionel Baron de Boucherville est un spécialiste en gestion de l'eau

Il faudra, à moyen termes, investir un milliard de dollars pour répondre aux besoins sans cesse grandissant en eau potable et en traitement de l’eau, dans l’agglomération de Longueuil. Les trois usines de traitement de l’eau potable fournissent à peine à la demande alors que celle qui traite les eaux usées de l’agglomération, située sur l’Ile Charron, est presqu’à pleine capacité de traitement.
Un citoyen de Boucherville, Lionel Baron, chercheur indépendant, spécialiste en tarification des eaux et compteur d’eau, étudie la question depuis des années. Il croit fermement que la meilleure et la plus rationnelle des solutions passe par une autre voie : les compteurs d’eau. Il a déjà conseillé en la matière les villes de Laval, de Montréal, de Saint-Constant, de Hawksbury ainsi que de nombreuses associations, groupes environnementaux et médias.
Études et statistiques à l’appui, monsieur Baron, en entrevue à La Relève, affirme que la consommation d’eau a dramatiquement chuté dans des villes comme Winnipeg et même New-York le jour ou des compteurs d’eau ont été installés.
« Les compteurs d’eau jouent un rôle important dans l’atteinte des objectifs du gouvernement en matière d’environnement et de changements climatiques. Ils aident les ménages à surveiller leur consommation d’eau. Selon une étude menée au Canada il y a quelques années, les ménages utilisant un compteur d’eau et dont la consommation était facturée en fonction du volume, utilisaient en moyenne 73 % moins d’eau que les ménages sans compteur » A titre d’exemple il en coute aux citoyens d’Halifax entre 54$ et 121 $ par an pour l’eau potable, selon la quantité d’eau consommé.
L’équation est fort simple, lorsque l’utilisateur qui est facturé selon sa consommation est beaucoup plus sensible à l’utilisation de l’eau et il s’en suit une diminution substantielle de la consommation.
C’est aussi pourquoi, contrairement à la situation actuelle, selon Lionel Baron, les services d’eau et d’égout devraient complètement s’autofinancer et non simplement être inclus dans la taxe foncière des citoyens. En fait la personne qui prend soin de ne pas gaspiller l’eau devrait être récompensée et l’autre personne qui en abuse devrait payer le plein prix et cette équation est réalisable avec l’installation des compteurs d’eau.
Nonobstant le projet pilote qui sera bientôt instauré à Boucherville d’ici à la fin de l’année et qui visera à installer 380 compteurs d’eau à des fins d’évaluation seulement, Lionel Baron espère rencontrer les membres du conseil d’agglomération de Longueuil au cours des prochains mois pour les sensibiliser à cette réalité qui pourrait faire en sorte que, plutôt que de penser à investir un milliard de dollars en nouvelles infrastructures pour fournir et traiter l’eau, l’agglomération pourrait viser l’installation de compteurs sur l’ensemble du territoire pour à la fois économiser de l’argent mais aussi pour sauvegarder une ressource qui n’est pas totalement inépuisable, l’eau.



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