Métier: camionneuse

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Par Steve Martin, Initiative de journalisme local
Métier: camionneuse
Membre du groupe Facebook Camionneuses Québec, Véronique nous confirme qu’il existe une grande solidarité entre les camionneuses. « On est une belle gang. Les hommes ne se disent pas vraiment bonjour sur la route quand ils se croisent, mais nous, on se fait beaucoup de signes! » (Photo : courtoisie)

Comme beaucoup de jeunes femmes, la camionneuse Véronique Miville-Bachand a opté pour un métier qu’elle aurait difficilement pu considérer il y a quelques années.

Les temps changent, les mentalités évoluent et dans certains métiers autrefois considérés comme des chasse-gardées masculines, les femmes occupent aujourd’hui une place de plus en plus importante.

À ce chapitre, il faut louer les récents efforts de l’industrie du camionnage qui s’est fixé comme mandat en 2019 de doubler, en deux ans, la proportion de camionneuses dans ses rangs.

Alors que les femmes occupaient 4% des effectifs en 2018 (soit environ 1600 conductrices de véhicules lourds), l’objectif était de faire grimper la proportion à 10%, ce qui représenterait environ 4000 conductrices au Québec. Un renfort qui serait par ailleurs bienvenu considérant le manque d’effectifs disponibles pour remplir les postes vacants.

Afin d’atteindre son but, l’organisme Camo-Route, qui est le Comité sectoriel de main-d’œuvre de l’industrie du transport routier, a mis en place une stratégie incluant la création d’un groupe d’entreprises au sein desquelles serait offerte une formation sur la gestion de la main-d’œuvre féminine dans un contexte traditionnellement masculin.

Des camionneuses ont par ailleurs livré, via une vidéo promotionnelle, des témoignages sur leur métier destinés aux femmes intéressées à suivre leurs traces.

Un métier inévitable

Dans notre région, ce récent vent de changement a aussi ses effets, notamment à Saint-Amable où l’industrie du transport lourd occupe une place importante dans l’économie locale.

Parmi ces jeunes femmes qui ont récemment choisi de faire leur place dans ce milieu, la camionneuse Véronique Miville-Bachand fait partie de celles qui avait visiblement le profil pour se retrouver derrière le volant d’un de ces géants métalliques.

« Dans le fond, moi j’ai déjà travaillé comme répartitrice, explique celle qui vient de célébrer son 25e anniversaire. J’aimais déjà faire de la route, alors c’est vraiment ce qui m’allumait dans l’idée de devenir camionneuse. Disons que pour moi, c’était un métier « inévitable »! »

Contrairement à certaines de ses consoeurs qui couvrent de grandes distances en transportant de la marchandise, Véronique œuvre plutôt du côté des opérations qui se font principalement dans la région.

« Dans le fond, moi je pars le matin et je reviens chez moi à tous les soirs. Nous, soit on charge de la pierre, du béton, de l’asphalte pour mettre au rebus, ou encore, on procède à des travaux de creusage. Je peux dire très honnêtement que de conduire un camion, c’est pas mal la même chose que de conduire un pick-up. Sauf que c’est beaucoup plus gros et il y a plus d’angles morts! »

Gentleman trucker?

Au-delà de l’augmentation du nombre de femmes pratiquant un métier jugé non-traditionnel, l’attitude des collègues et employeurs doit également suivre le courant si on peut espérer que le changement sera durable et même permanent.

« C’est vrai qu’on voit de plus en plus de filles, mais ça reste un métier d’homme, observe la camionneuse. J’ai l’impression en fait que les hommes sont plus tolérants avec les femmes qu’ils le sont entre eux. Ils sont plus attentionnés. Par contre, les filles ont peut-être tendance à être minutieuses dans leur travail. »

Peut-on par ailleurs présumer que les conductrices ont un égo plus flexible quand vient le temps de se faire corriger sur un chantier?

« C’est certain qu’il y a des filles qui ont un égo plus gros que les autres, nous répond l’Amablienne. Mais dans mon cas, si je rate mon coup, je recommence et on s’y prend d’une autre façon. Je prends toujours les conseils de mes collègues. »

Membre du groupe Facebook Camionneuses Québec, Véronique nous confirme qu’il existe une grande solidarité entre les «truckeuses». « On est une belle gang, admet-elle avec enthousiasme. Les hommes ne se disent pas vraiment bonjour sur la route quand ils se croisent, mais nous, on se fait beaucoup de signes! »

 

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