L’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) a présenté dernièrement la plus récente mise à jour des deux rapports qu’il produit de manière hebdomadaire en soutien aux décideurs et aux gestionnaires du réseau, soit le rapport sur les risques d’hospitalisation et celui sur les projections des besoins hospitaliers. Les documents indiquent que, si le taux de transmission demeure constant, les projections suggèrent que le nombre de patients infectés par la Covid hospitalisés s’approchera des capacités hospitalières planifiées au cours des trois prochaines semaines, alors que la situation est particulièrement inquiétante pour la grande région de Montréal, dont la Montérégie.
Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, s’est dit inquiet de constater que ces données démontrent que la tendance générale pour le nombre de nouvelles hospitalisations est en augmentation pour l’ensemble du Québec. Les statistiques démontrent également que le profil des cas hospitalisés est en en évolution, car la proportion des personnes âgées diminue et celle des patients hospitalisés qui présentent un profil avec forte comorbidité (NDLR : la présence d’un ou de plusieurs troubles associés à une maladie) est en augmentation.
« À la lumière des données rendues publiques par l’INESSS, notre gouvernement a bien fait d’agir en mettant en place des mesures qui sont nécessaires. Les décisions que nous avons eues à prendre au cours des dernières semaines sont difficiles, mais justifiées. Nous voulons éviter que notre réseau soit débordé. Plus que jamais, chacun a un rôle à jouer pour inverser la tendance. Il n’est pas trop tard », a-t-il déclaré.
Les urgences déjà dans le rouge
On précise notamment dans les documents de l’INESSS : « Plus spécifiquement pour les régions de Montréal, Laval, Laurentides, Lanaudière et Montérégie (zone 1 [NDLR : la partie plus densément peuplée]), les projections suggèrent que les capacités hospitalières seront atteintes au terme du prochain mois et plus rapidement encore en ce qui a trait aux lits de soins intensifs. »
« Quant aux autres régions du Québec (zone 2), même si la tendance démontre une augmentation des hospitalisations et de l’utilisation de lits de soins intensifs, les projections à ce jour ne prévoient pas un dépassement des capacités. »
« Les mesures pour limiter la transmission ont été intensifiées depuis le début octobre. Ces dernières pourraient avoir un impact sur les hospitalisations dans les prochaines semaines, impact qui n’est pas encore observé. Au-delà de la disponibilité des lits d’autres facteurs influencent également la capacité hospitalière, notamment la disponibilité du personnel et du matériel. »
Les rapports de l’INESSS précisent que ces capacités réfèrent aux cibles de lits réservés pour les patients atteints de la Covid dans les différents établissements de santé et de services sociaux du Québec.
Ces projections sont préoccupantes, car la situation des urgences dans la région est déjà inquiétante étant donné que les indicateurs du site Index santé sont au rouge depuis des semaines. En date du 15 octobre dernier, la capacité des hôpitaux Charles-LeMoyne, Haut-Richelieu, Hôtel-Dieu de Sorel, Honoré-Mercier, Pierre-Boucher, le Centre hospitalier Anna-Laberge, Barrie Memorial et du Suroît est en moyenne à 137 %.
L’hôpital Pierre-Boucher à Longueuil est pour sa part à 154 %, car il y a 54 patients alités alors que la capacité habituelle est de 35 lits. La situation est particulièrement critique dans cet établissement de santé puisque 27 patients sont sur leur civière depuis au moins 24 heures, alors que 11 malades sont en attente depuis plus de 48 heures.