Patinage artistique: Une relève hypothéquée?

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Par Steve Martin, Initiative de journalisme local
Patinage artistique: Une relève hypothéquée?
(Photo : Shutterstock)

Si les conséquences immédiates de la COVID-19 nous semblent évidentes, les impacts à long terme sur les jeunes sportifs sont plus difficiles à prévoir. Une chose est certaine, du côté du patinage artistique, c’est toute une génération qui risque de s’en ressentir.

Les administrateurs et entraîneurs du Club de patinage artistique (CPA) de Varennes ont dû se livrer à un exercice complexe au fil des dernières semaines. Bâtir un horaire d’entraînement pour les jeunes patineurs de différents niveaux tout en tenant compte des demandes de plus en plus restrictives, au fur et à mesure que le niveau d’alerte augmentait dans la région.

Le passage en zone rouge des municipalités faisant partie de la Communauté métropolitaine de Montréal aura finalement mis un holà aux activités pour quelques semaines. Sans doute davantage.

« Nos cours de groupe pour les tout-petits, c’est le samedi matin, explique Caroline Ouellet, présidente du conseil d’administration. Nous avions déjà dû réduire le nombre de patineurs de 40 à 25.  Nous avons divisé nos groupes en deux et changé les horaires des patineurs à moins de 24 heures d’avis. Les parents ont été super compréhensifs. Nous avions aussi recruté beaucoup de bénévoles pour aider, car tout devait être désinfecté. Les parents, les enfants, même les tout-petits, nous avons tout suivi à la lettre. Ils ont vraiment bien fait ça. »

Si la situation est fâcheuse pour tous les sportifs, dans le cas du patinage artistique, elle vient par ailleurs avec son lot de défis particuliers. « C’est dommage, car cette année, nous n’aurons pas de relève, ajoute Caroline Ouellet. Nous ne pouvions pas prendre de petits nouveaux parce que les entraîneurs ne pouvaient pas toucher les jeunes. Comme on ne pouvait pas les aider à se relever, ça n’a pas été possible de prendre des enfants qui ne savaient pas patiner. »

Poussée de croissance

Selon Mme Ouellet, les nouveaux patineurs représentent bon an, mal an, environ un tiers des inscriptions au CPA Varennes. « Ces enfants, ce sont eux qui deviennent notre relève, ajoute-t-elle, mais cette année, il n’y en aura pas. ».

La situation est également problématique pour les patineurs un peu plus âgés qui ne pourront notamment pas se développer au même rythme que les jeunes qui évoluent dans une région dont le niveau d’alerte est moins élevé.

« Et à l’adolescence, le corps change vite, rappelle Mme Ouellet qui s’inquiète de voir nombre de jeunes accrocher leurs patins pour pratiquer un autre sport. Un jeune peut beaucoup grandir au cours d’un été. Et de reprendre tes pirouettes quand ton point d’équilibre n’est plus le même, déjà, c’est un défi en temps normal. Au moins, tu peux te pratiquer quelques fois par semaine et te rattraper, mais cette fois, nos patineurs doivent arrêter complètement. »

L’administratrice évoque par ailleurs les risques de voir ces jeunes tenter de conserver leurs acquis sans l’aide de leur entraîneur.

« Certains patineurs de 10 à 14 ans peuvent être tentés de pratiquer hors glace, mais si le saut n’est pas maîtrisé, ça peut être dangereux, prévient-elle. Ils ne vont pas nécessairement pratiquer la bonne chose et risquer de se blesser. C’est pour ça que les entraîneurs veulent moins que les jeunes pratiquent sans supervision. »

 

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