Une méthode inédite pour développer un vaccin anticancer

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Une méthode inédite pour développer un vaccin anticancer
Cette année, c’est une méthode inédite pour produire des vaccins capables de traiter certains cancers qui a obtenu la faveur des lecteurs, avec 40 % des votes enregistrés dans le cadre du concours des découvertes de l’année 2019. (Photo : IRIC)

Depuis 27 ans, le magazine Québec Science poursuit la tradition : chaque automne, un jury de chercheurs et de journalistes sélectionne les 10 découvertes québécoises les plus impressionnantes de la dernière année et le public est ensuite invité à voter pour celle de son choix. Cette année, c’est une méthode inédite pour produire des vaccins capables de traiter certains cancers qui a obtenu la faveur des lecteurs, avec 40 % des votes enregistrés dans le cadre du concours des découvertes de l’année 2019.

Depuis des décennies, la quête d’un vaccin contre le cancer demeure infructueuse, mais une équipe de l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC) de l’Université de Montréal a réussi à changer la donne en fouillant dans « l’ADN poubelle ». Ce surnom est attribué à plus de 90 % de notre ADN sous prétexte que ce matériel génétique ne code pour aucune protéine. Mais le Dr Claude Perreault et ses collègues ont trouvé dans ces séquences d’ADN incomprises l’ingrédient pour une thérapie unique.

Tout vaccin doit fournir au système immunitaire une cible claire. Cette cible, ce sont des antigènes, des fragments de protéines présents à la surface des cellules. C’est grâce à eux que des cellules immunitaires spécialisées, les lymphocytes T, reconnaissent et éliminent les cellules malades. Or, les cellules cancéreuses présentent peu d’antigènes repérables par les lymphocytes T; elles restent ainsi indétectables et prolifèrent.

L’équipe du Dr Perreault a étudié de façon systématique tous les antigènes présents sur des cellules normales et des cellules cancéreuses pour ensuite repérer les différences entre les deux : les antigènes dits « cancer-spécifiques ». Une tâche colossale qui a révélé que la vaste majorité des antigènes cancer-spécifiques provenaient de l’ADN poubelle. Ils pourront servir de cibles chez plusieurs patients atteints d’un même type de cancer. Chez la souris, les résultats s’annoncent prometteurs : certains des vaccins testés ont guéri la totalité des rongeurs. Du jamais-vu!

Pour mettre au point un premier vaccin destiné à l’humain, les chercheurs se concentrent sur le cancer de l’ovaire et la leucémie myéloïde aiguë. À ce propos, une avancée récente a permis de démontrer que les antigènes cancer-spécifiques se trouvent dans pratiquement toutes les tumeurs cancéreuses ovariennes et sont largement partagés entre celles-ci. D’ici trois ans, des études cliniques seront lancées. Si elles s’avèrent concluantes, des milliers de patients en verront un jour leur vie transformée.

« Mon équipe et moi sommes extrêmement reconnaissants que nos travaux aient été désignés découverte scientifique de l’année 2019 par Québec Science. Nous veillerons à honorer cette distinction en poursuivant nos objectifs, dans l’optique de changer la vie des gens touchés par le cancer. Nous remercions tous ceux et celles qui ont contribué à l’avancement de notre projet de recherche et qui ont eu foi en notre audace d’envisager la recherche différemment. C’est ensemble que nous parviendrons un jour à dompter ce fléau », a déclaré le Dr Perreault, chercheur principal à l’IRIC.

« Quand l’IRIC a été créé sur le campus de l’Université de Montréal, en 2003, nous avions la ferme conviction que, grâce à son modèle unique regroupant sous un même toit des activités de recherche fondamentale, un programme de formation universitaire et une équipe traduisant les découvertes en solutions thérapeutiques, nos chercheurs apporteraient des réponses cruciales quant à la compréhension du cancer et aux traitements qui en découlent », a souligné le recteur de l’Université de Montréal, monsieur Guy Breton. « Aujourd’hui, nous avons une preuve de plus que nos espoirs sont partagés par de nombreux Québécois. »

« Le cancer nous touche tous de près ou de loin. Ce vote du public incarne l’importance qu’a acquise la lutte contre le cancer dans notre société. C’est aussi un hommage à la capacité de nos chercheurs à innover et à repousser les limites, encore et toujours », a mentionné la rédactrice en chef de Québec Science, Marie Lambert-Chan.

Ont aussi participé à la découverte : Céline Laumont, Krystel Vincent, Leslie Hesnard, Éric Audemard, Éric Bonneil, Jean-Philippe Laverdure, Patrick Gendron, Mathieu Courcelles, Marie-Pierre Hardy, Caroline Côté, Chantal Durette, Charles St-Pierre, Mohamed Benhammadi, Joël Lanoix, Sébastien Lemieux et Pierre Thibault, de l’IRIC, ainsi qu’Elie Haddad et Suzanne Vobecky, du CHU Sainte-Justine.

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