Marjorie Lajoie garde la forme et l’espoir

Steve Martin, journaliste de l'Initiative de journalisme local
Marjorie Lajoie garde la forme et l’espoir
Marjorie et son partenaire Zachary Lagha ont terminé au cinquième rang lors des Championnats des quatre continents qui se tenaient à Séoul en février.</ (Photo : courtoisie)

Un an après avoir remporté le titre mondial junior en danse sur glace, Marjorie Lajoie de Boucherville et son partenaire Zachary Lagha avaient de bonnes raisons d’être optimistes il y a un peu plus d’un mois. Après une étonnante cinquième place à Séoul en février, le duo se préparait à faire ses débuts aux Championnats du monde devant son public à Montréal.

La suite de l’histoire, nous la connaissons. En raison de la crise de la COVID-19, la compétition fut repoussée et les athlètes ont dû accrocher provisoirement leurs lames. Marjorie se souvient pour sa part avoir appris la nouvelle alors qu’elle était dans son auto, après avoir fait aiguiser ses patins et quitté l’aréna.

« J’étais en train de me stationner, se rappelle l’espoir olympique. C’est certain que sur le coup ç’a été un choc. J’étais vraiment triste. Ça n’arrive jamais ce genre de situation où tu ne peux pas participer à une compétition pour une autre raison qu’une blessure. C’était vraiment bizarre. »

Selon la patineuse de 19 ans, après l’annonce du report de l’événement, la réalisation de l’ampleur de la crise a rapidement pris le dessus sur le stress et la déception.

« J’ai vite pris conscience de la situation, nous dit-elle. Ce qui se passe, c’est beaucoup plus gros que l’annulation des championnats du monde. »

L’entrainement au temps de la pandémie

Depuis le début de la période d’isolement préventif, les membres de l’équipe canadienne de patinage artistique sont demeurés en contact grâce aux technologies modernes. Les entraîneurs s’assurent par ailleurs qu’ils gardent la forme, autant d’un point de vue physique que moral et mental.

« Chaque jour, nous faisons au mois de deux ou trois heures d’entraînement sur l’application Zoom, raconte Marjorie. Toute l’équipe est là. Nous faisons du gym, du ballet, de la danse et nous avons des meetings avec le psychologue et la nutritionniste. »

Désirant tout de même voir le bon côté des choses, la Bouchervilloise évoque que la situation actuelle permet aux patineurs d’approfondir des aspects de leur discipline auxquels ils ont moins de temps à consacrer lorsqu’ils sont sur la glace.

« Dans le fond, c’est une situation que nous ne contrôlons pas, croit celle qui s’entraîne notamment sous la supervision de Marie-France Dubreuil et Patrice Lauzon. Quand on a une blessure, on peut mettre de la glace, mais là, nous n’y pouvons rien. L’important, c’est surtout d’accepter la situation et de nous assurer de demeurer en forme. C’est quelque chose de nouveau pour tout le monde, mais notre équipe fait du bon travail, alors tout va bien. »

Si les athlètes de l’équipe canadienne ignorent à quel moment ils pourront reprendre leur entrainement, nous savons d’ores et déjà que la prochaine saison sera cruciale. Ceux qui, comme Marjorie et Zachary, espèrent se qualifier pour les Jeux de Beijing en 2022 devront en effet être au sommet de leur art et croiser les doigts en espérant que tout reviendra à la normale d’ici là.

Partie remise pour Patinage Atypique

Outre les Championnats du monde, un autre événement important aux yeux de Marjorie Lajoie a dû être reporté en raison de la pandémie. La seconde édition du spectacle Patinage Atypique qui devait avoir lieu au Centre des glaces Gilles-Chabot de Boucherville le 15 avril.

Comme ce fut le cas l’an dernier, les profits de l’événement devaient être remis à la Fondation de l’autisme, une cause chère au cœur de la patineuse. Son jeune frère et plus grand fan, Charles-Étienne, fait en effet partie des jeunes vivant avec le trouble du spectre de l’autisme (TSA).

« Ma plus grande peine, c’est que nous n’avons pas pu amasser d’argent pour la Fondation, admet celle qui se promet de reprendre l’événement à une date ultérieure. Je suis aussi déçue pour les jeunes qui font partie du hockey adapté et qui avaient très hâte de participer au spectacle. Ils n’ont pas l’habitude de patiner devant de grandes foules et d’être encouragés par autant de personnes. »

La grande sœur  nous rappelle que, pour le jeune autiste, la déception est une émotion qui peut être décuplée lorsqu’un événement attendu n’a pas lieu. « J’ai beaucoup de compassion pour eux, » ajoute-t-elle.

Une adaptation pour les familles

La jeune femme nous confie par ailleurs que la période actuelle d’isolement est une épreuve particulière pour les familles qui, comme la sienne, s’adaptent à un nouveau quotidien avec un enfant ou un adolescent vivant avec le TSA.

« Toute leur routine a été chamboulée et pour un autiste, ce n’est vraiment pas facile, nous confie Marjorie. Dans ma famille, nous essayons d’instaurer une nouvelle routine ancrée dans la réalité que nous vivons en ce moment. Tout se place et je dois dire que nous vivons aussi beaucoup de situations positives à travers tout ça. »

Pour plus d’informations sur la Fondation de l’autisme, visitez le site : www.fondationautisme.com

 

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