Une nouvelle vie à Boucherville pour une famille de réfugiés syriens

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Par Diane Lapointe
Une nouvelle vie à Boucherville pour une famille de réfugiés syriens
Dans leur appartement, Joubran et Jounia Issa, leurs enfants, Alice (12 ans), Jad (10 ans) et Sam (7 ans), entourés de membres d’Accueil Boucherville, soit Marie Gareau, Gérald Cloutier, Daniel Bouthillier, Marcelle Turbide et le conseiller municipal Raouf Absi.

Arrivée le 7 décembre dernier

L’année 2019 signifie un véritable nouveau départ pour la famille Issa. Arrivée au Québec le 7 décembre dernier, elle vit maintenant paisiblement dans un appartement de Boucherville, loin des conflits qui menaçaient sa sécurité. Bien entourée par les membres d’Accueil Boucherville, elle s’intègre tranquillement. Les trois enfants commenceront dans quelques jours à fréquenter l’école tandis que les parents ont pour priorité d’apprendre la langue française pour faciliter leur entrée sur le marché du travail.

La famille a fui la Syrie où sévit la guerre depuis 2011. Parrainée par une organisation privée, soit Accueil Boucherville, elle a pu s’établir au pays après deux longues années de démarches. Il va de soi que l’émotion était grande lorsque les Issa, qui ont reçu leur statut de résidents permanents, ont été accueillis à l’aéroport Pierre-Elliot-Trudeau par des membres de l’organisme et par le conseiller municipal Raouf Absi, d’origine égyptienne, qui a joué le rôle d’interprète pour l’entrevue qu’ils ont accordée à La Relève.

Une guerre

Les Issa, une famille de classe moyenne, habitaient Kafr Buhum, un petit village situé près de Hama, en Syrie, composé d’une communauté chrétienne. Chimiste, Jounia Issa travaillait à l’Université de Hama. Joubran occupait un poste d’ingénieur électrique à la Banque agricole de Hama.

Ce dernier explique que le conflit politique transformé en conflit religieux les menaçait de plus en plus et que des amis ont même été kidnappés. « Lorsqu’il y avait des bombardements non loin, des fusées tombaient parfois dans leur village. » Joubran et Jounia ont pris la décision de tout quitter pour assurer le futur de leurs enfants.

Pour y parvenir, Joubran s’est enfui en novembre 2015 de Hama pour se rendre à Beyrouth, au Liban, seule porte de sortie pour eux. Il a réussi à obtenir un permis de travail et dénicher un emploi. Il y a vécu seul durant quelques mois avant de pouvoir faire venir les membres de sa famille, une première fois en mai 2016. Mais parce qu’il n’avait pas encore son statut de résident temporaire, sa famille a dû retourner en Syrie pour revenir à Beyrouth six mois plus tard. Joubran a répété à plusieurs reprises au conseiller Absi : « Je vis avec ma famille ou je meurs avec ma famille.»

Une communauté bouchervilloise généreuse

Au Canada, la famille Issa n’est pas prise en charge par l’État, mais par l’organisme Accueil Boucherville qui a été créé il y a trois ans à la suite de la vague de réfugiés de décembre 2015 qui ont fui le régime d’Assad. « Nous voulions aider une famille avec enfants, quelle que soit sa religion », précise Daniel Bouthillier, un des membres fondateurs. Action Boucherville s’est informée auprès de groupes de parrainage, notamment de Longueuil, de Saint-Lambert et de Brossard, puis a entrepris des démarches auprès du Bureau des missions jésuites. Ce dernier les a mis en contact avec le Service jésuite des réfugiés à Beyrouth, puis avec Joubran.

« Un miracle »

La famille Issa se dit extrêmement reconnaissante. « C’est un miracle pour nous d’avoir réussi à sortir et je remercie le Bon Dieu !», s’exclame Joubran. Il espère un jour réussir à réunir toute sa famille. Mais les difficultés de leur trouver une nouvelle patrie sont grandes mentionne-t-il, notamment parce que ses frères agriculteurs ne détiennent pas de formation pour se trouver un travail à Beyrouth.

Une grande mobilisation

Pour concrétiser cette aventure humanitaire, Accueil Boucherville a développé un partenariat avec le Centre des générations de Boucherville en plus de compter sur l’aide des Filles d’Isabelle. Mentionnons que pour tout parrainage privé, le gouvernement exige qu’une somme minimale de 17 000 $ soit amassée pour assurer la survie des familles réfugiées durant une année puisqu’elles ne sont admissibles à aucune aide gouvernementale durant cette période. L’argent amassé par Accueil Boucherville provient de citoyens (55%) et d’entreprises et commerçants de Boucherville et de Montréal (45%).

Dès le début de l’année, les parents commenceront à suivre des cours de français à la Maison internationale de la Rive-Sud (MIRS) à Brossard. Lorsque le français sera maitrisé, des entreprises ont signifié leur intérêt à leur offrir un emploi dans un domaine de leur formation, bien qu’ils ne pourront, pour le  moment, exercer leur profession de chimiste et d’ingénieur.

Quant aux enfants, l’ainée fréquentera l’école secondaire De Mortagne, et les deux plus jeunes l’école Paul-VI. Ils seront intégrés dans des classes régulières, car aucune classe d’accueil n’est offerte à la Commission scolaire des Patriotes. Ils suivront seulement deux heures de cours de français par semaine.

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