Une maison ancestrale au cœur de bien des inquiétudes à Varennes

Photo de Daniel Bastin
Par Daniel Bastin
Une maison ancestrale au cœur de bien des inquiétudes à Varennes
Une de plus anciennes maisons de Varennes datant fort probablement de 1730 est située au 2661, rue Riendeau.
Ce projet fait suite à la volonté du conseil de déménager l’entreprise Excavation Civilpro sur les terrains de l’ancienne usine de Pétromont, soit à l’extérieur de la zone urbaine de Varennes. (Le terrain de la maison ancestrale est encerclé en rouge)
Le projet résidentiel comprendrait huit bâtiments de 32 condos chacun.
Les propriétaires de la demeure ancestrale ont demandé l’intervention du ministère de la Culture dans ce dossier.

Un article intitulé « Une maison ancestrale cernée par des tours d’habitation » et publié dans le journal Le Devoir le 11 août dernier a fait beaucoup réagir à la suite de sa publication.
On y précisait qu’une de plus anciennes maisons de Varennes datant fort probablement de 1730 et située au 2661, rue Riendeau risquait de se trouver ceinturée par huit bâtiments de 32 condos chacun. Les propriétaires de la demeure déploraient qu’ils n’ont pas été prévenus ni consultés par la Ville de la venue de ce projet résidentiel d’envergure, ajoute-t-on dans l’article, en précisant qu’ils ont demandé l’intervention du ministère de la Culture dans ce dossier.
Ce serait à la fin de juin dernier qu’une des propriétaires, Isabelle Rodrigue, aurait découvert par hasard l’avis de démolition affiché sur la bâtisse d’Excavation Civilpro, une entreprise spécialisée en travaux de voirie, égouts et aqueducs, située tout près sur la rue Riendeau. C’est à ce moment qu’elle et son conjoint auraient pris connaissance de ce projet.
Précisions
« De laisser entendre que le projet a été fait en catimini est inexact. Tout le processus de réglementation a été suivi à la lettre », déplore pour sa part le maire de Varennes Martin Damphousse qui a mentionné lors d’un entretien à La Relève qu’un communiqué a été émis par la Ville afin de rectifier les faits rapportés dans le journal Le Devoir.
Il a rappelé que ce projet fait suite à la volonté du conseil de déménager l’entreprise Excavation Civilpro sur les terrains de l’ancienne usine de Pétromont, soit à l’extérieur de la zone urbaine de Varennes, afin d’éliminer les désagréments causées par le trafic des camions lourds, du bruit et de la poussière dans ce quartier.
C’est dans cette optique qu’à l’automne 2019, conformément à la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme, la Ville a entamé un processus en vue de convertir une zone industrielle et commerciale lourde en espace immobilier dans le but retirer les nuisances et d’accroitre l’offre de logements pour les familles.
Des avis publics ont été émis dans le journal local ainsi que sur le site Internet de la Ville, alors que les citoyens étaient invités à une soirée de consultation publique qui s’est tenue le 25 novembre dernier. Dans le communiqué de presse, on indique que « le règlement a été adopté le 3 février dernier en séance publique, en présence de citoyens, avant la période de confinement liée à la pandémie. »
Le maire a ajouté que, préalablement à ces démarches et à la demande de la Ville, le promoteur du projet, Daniel Abandonato, a rencontré les résidents adossés afin de recueillir leur avis et leur assentiment. Le conseil municipal a également entrepris au début de l’été un processus visant la démolition des bâtiments industriels existants et vétustes. La Ville a donc émis un avis public de la démolition comportant un plan concept non final du projet en invitant les citoyens à transmettre leur opposition à la démolition ou leurs suggestions.
« Un panneau d’information a aussi été installé face au terrain dans le but de joindre les citoyens qui n’auraient pas pris connaissance de l’avis public, est-il précisé dans le communiqué. Enfin, un comité municipal qui étudie les démolitions sur le territoire a donné son aval à la démolition le 13 juillet 2020. Le lendemain, l’information fut aussitôt publiée sur le site Internet de la Ville de Varennes. À cette date, l’hôtel de ville était rouvert et le personnel était joignable dans les heures de bureau. »
« Bien que ce processus de démolition se soit déroulé pendant la pandémie, toutes les personnes intéressées ont pu faire valoir leur point de vue par écrit, dont les propriétaires de la résidence citée à l’article du Devoir », est-il mentionné dans le communiqué.
Intervention du ministère
« C’est bien important de préciser que je n’ai rien contre le projet en soi, bien au contraire, j’en ai contre son ampleur, ça n’a pas de bon sens! », a fait valoir pour sa part Isabelle Rodrigue lorsque jointe par le journal La Relève. Après avoir étudié le projet à partir des aperçus disponibles, elle constate qu’une partie de la rue Riendeau devant chez elle sera condamnée pour faire place au projet de huit immeubles de quatre étages, dont deux seraient alors construits en avant de sa maison ancestrale.
« Nous avons demandé au ministère de la Culture et des communications d’intervenir dans ce dossier en urgence, ajoute Mme Rodrigue, afin qu’ils puisse instaurer une aire de protection qui éviterait de construire des tours d’habitation autour de la demeure, mais on ne se fait malheureusement pas d’illusion, le processus demeure assez long. »
« Ce projet serait la touche finale… », de laisser tomber Isabelle Rodrigue. « Déjà que notre maison est entourée de blocs (NDLR : deux triplex et une maison unifamiliale), si en plus le projet se construit, moi je m’en vais! C’est certain que la maison sera à vendre… », de lancer la propriétaire avec une pointe de découragement.
« D’aucune façon la maison ne sera cernée », a pour sa part déclaré Martin Damphousse en invitant les citoyens à regarder la carte et les photos qui montrent la localisation et aussi à se rendre sur les lieux pour constater les faits. Il ajoute que le terrain où se trouverait le projet est situé en retrait d’un voisinage adjacent qui comporte une mixité architecturale d’unités de logement.
Le maire s’est dit également déçu que l’article du journal Le Devoir laisse l’impression que la Ville ne se soucie pas de son patrimoine. Il a rappelé que Varennes a mis en place en 2015 un programme de préservation et d’investissement dans son patrimoine bâti, accompagné d’un fonds spécial qui a été créé pour le soutenir. La Ville a ainsi aidé financièrement douze propriétaires qui ont rénové leur maison à caractère patrimonial.
De plus, avec la collaboration de la Société d’histoire de Varennes, le conseil municipal a conservé la Maison ancestrale Jodoin-Hébert en la faisant déconstruire minutieusement en vue de la restaurer comme à l’origine pour les fêtes du 350e anniversaire de Varennes en 2022.
Lors de l’entrevue téléphonique, Martin Damphousse a conclu : « Si Mme Rodrigue et son conjoint souhaitent que leur maison soit citée (NDLR : il s’agit d’une mesure de protection particulière dont dispose le conseil municipal en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel qui permet d’assurer la sauvegarde et la mise en valeur), c’est un pouvoir que possède le conseil et nous l’envisagerons très sérieusement. »



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