Olivier Marchand toujours poète à 88 ans

Photo de Daniel Hart
Par Daniel Hart
Olivier Marchand toujours poète à 88 ans
Olivier Marchand

Retraité qui sait profiter de la vie à 88 ans, Olivier Marchand a toujours aimé la lecture et les livres. Cet homme attachant relate ses souvenirs avec bagou et une voix pleine de chaleur. En entretien avec La Relève au Cercle social Pierre-Boucher (locaux de la FADOQ et du Lunch Club), il s’ouvre sur certains chapitres qui ont marqué son parcours personnel et professionnel.
Ses plus lointains souvenirs lui rappellent que durant son enfance, il a écrit son journal intime. Sans doute en raison de son tempérament solitaire. Cette pratique initiale à l’écriture allait le conduire à l’adolescence à composer ses premiers poèmes.
Un peu plus tard, en 1947, alors âgé de 19 ans, il fait une rencontre marquante avec Gaston Miron avec qui il nouera une solide amitié. Les deux hommes avaient le même intérêt pour la poésie. «J’étais dans le tramway qui empruntait le chemin de la rue Côte Sainte-Catherine; je lisais un ouvrage de Saint-Denys Garneau et nous avons alors fraternisé», se souvient M. Marchand. Miron faisait à ce moment de la poésie en dilettante.
Cette amitié allait mener à un premier recueil conjoint de poèmes sous le titre Deux sangs, une publication artisanale dont le tirage initial se limitait à 200 exemplaires. Les deux amis ont épuisé l’ouvrage après avoir fait le tour des gens qu’ils connaissaient. Un second tirage cette fois de 300 exemplaires fut par la suite édité. Ainsi naquit les éditions de l’Hexagone, une maison qui a fait  sa marque non seulement en poésie mais en publiant bon nombre de romans et d’essais littéraires. Fait amusant, le regretté cinéaste Gilles Carle avait produit une série de dessins pour illustrer les pages de Deux sangs. Au 60e anniversaire de la publication, une nouvelle édition de ce recueil est arrivée sur les étalages des librairies. Les originaux valent aujourd’hui leur pesant d’or compte tenu de leur rareté.
Un peu plus tard,  M. Marchand a produit deux autres recueils, Crier que je vis dont il existe une version italienne également de même que Par détresse et tendresse.
Presse canadienne
Sans plan d’avenir précis rendu dans la vingtaine, le poète au tempérament un brin rêveur cherchait sa voie sur le plan professionnel. «J’ai eu de la difficulté à faire un choix de carrière contrairement à mon frère qui a tôt su vouloir devenir médecin», confie-t-il. Après un passage d’une année à l’École normale,  influencé par un ami, il s’est vite rendu compte qu’il n’avait aucune attirance envers l’enseignement. Il s’est ensuite déniché un emploi aux douanes, son gagne-pain pendant un certain temps.
Un autre ami ayant l’intention de quitter son emploi à la Presse canadienne lui a offert son poste. Après un test d’embauche à cette agence, il fut accepté. Le travail consistait à traduire des dépêches et à rédiger des bulletins de nouvelles pour la radio et la télé. Il s’est alors retrouvé dans un milieu de travail qui lui convenait davantage. Il a également passé quelques années au quotidien La Presse comme titreur et correcteur d’épreuves, chroniqueur radio télé et rédacteur de nouvelles internationales. «J’écrivais en essayant de mettre un peu de fantaisie dans tout ça», signale-t-il en souriant. Plus tard, il retourna à la Presse canadienne afin de poursuivre sa carrière.
Parvenu à la retraite, il quitta Montréal pour aller s’établir avec sa femme dans les Laurentides où il a passé plusieurs années. Il avait envie de couper les ponts avec la métropole. Au cours des dernières années, son épouse a connu de sérieux ennuis de santé. Il s’est installé à Boucherville pour des raisons familiales. Il s’est remis à l’écriture de poèmes lorsque l’inspiration se manifeste. Il demeure actif, compte de nombreux amis Facebook et échange des courriels au quotidien avec les gens qu’il aime. «J’ai trouvé mon bonheur à Boucherville», admet-il. En plus d’être un assidu au Lunch Club, il passe de nombreuses heures à la bibliothèque municipale et fréquente le Club de lecture.
Anecdote amusante, ce Bouchervillois depuis cinq ans a un lien lointain avec Pierre Boucher. «Mes ancêtres sont trifluviens et mon grand-père a bénéficié, avant son abolition, de paiements relatifs à la tenure seigneuriale en raison d’une parenté quelconque avec Pierre Boucher, au moment de son séjour à Trois-Rivières. D’ailleurs, ma famille est issue d’un certain Valentin Marchand qui fut forgeron-marteleur aux Forges du Saint-Maurice», se remémore-t-il.

Afin de rendre hommage à sa ville d’adoption, notre octogénaire inspiré a composé le court poème que voici.

Boucherville
à la souplesse du temps
à la rencontre du vent
au confluent de l’histoire
au détour de mon histoire

Boucherville
gigantesque halte
au coeur du continent
pour abriter gaillardement
les songes suprêmes

Partager cet article