Une école de karaté dans une communauté vulnérable lutte pour sa survie

Sylvain Daignault - Initiative de journalisme local
Une école de karaté dans une communauté vulnérable lutte pour sa survie
L’école de karaté Ate Waza de Longueuil est ouverte depuis 1998. (Photo : Le Courrier du Sud - Denis Germain)

Ouverte depuis près de trente ans, l’école de karaté Ate Waza de Longueuil dessert à coût «raisonnable» une clientèle économiquement fragile et dont plusieurs élèves ont des troubles d’apprentissage. Elle se retrouvera bientôt au tapis si elle ne devient pas un OBNL ou si un organisme dûment reconnu par la Ville ne manifeste pas un intérêt à augmenter ou diversifier son offre de service.

L’an dernier, la Maison de la famille le Cavalier, organisme responsable de chapeauter les activités de l’école de karaté, a fermé ses portes.

«Comme l’entente avec la Ville le prévoyait, l’organisme le Trait d’Union a récupéré le mandat d’assurer la gestion du soutien à notre école, en s’occupant notamment des démarches administratives», explique Marie-Hélène Fortier, administratrice et bénévole à l’école de karaté.

Or, comme ce mandat sera complété à la fin du mois de mai, l’école de karaté doit se trouver un autre partenaire car le Trait d’Union, qui possède déjà dans sa carte d’offre de services une école de karaté, ne prolongera pas son soutien.

L’école de karaté Ate Waza Longueuil, qui tient ses activités entre les murs de l’école Jacques-Ouellette, n’est pas un OBNL. L’offre de service et la gestion interne sont menées par la Senseï Claude Mongeau et une poignée de bénévoles.

Au fil des 27 ans d’existence de l’école, cet état de fait n’a jamais freiné la Ville de Longueuil dans son soutien aux activités de l’école. Mais la Ville a depuis modifié sa politique de reconnaissance des organismes.

Développement personnel

La valeur et les bienfaits de cette école et sa pertinence pour le mieux-être des citoyens dans notre quartier, particulièrement auprès d’une communauté vulnérable, sont inestimables», soutient Mme Fortier.

«Plusieurs de nos élèves ont des troubles d’apprentissage, TDAH ou autres difficultés et nous travaillons à surpasser ces difficultés pour progresser au karaté, tout comme dans nos vies personnelles, poursuit-elle. À travers le karaté, les jeunes apprennent le contrôle de soi, le respect et l’estime de soi.»

Professeur bénévole à cette école, Charles Loiselle tient le même discours. «Sa fermeture serait une grande perte tant pour les jeunes que pour le quartier.»

L’école compte actuellement plus de 80 élèves et six professeurs.

Deux options

L’une des options qui est de devenir un OBNL. «Cette option est envisagée mais le temps de mettre cette structure en place, de se qualifier comme organisme auprès de la Ville, d’avoir notre cote de service, de négocier des locaux, cela prend du temps et compromet l’offre de service en septembre, concède Mme Fortier. On a besoin d’un pont qui nous permet de poursuivre l’offre de service.»

Advenant que l’école obtienne son statut L, ses responsables se demandent si cela lui garantit l’obtention d’un gymnase d’école ou autre, à un prix modique, l’école ne bénéficiant d’aucune subvention.

Une autre option est de se greffer à une maison de la famille ou à un organisme existant. «Nous sommes en démarche actuellement et avons approché quelques organismes. On pourrait compléter leur carte de services», indique l’administratrice et bénévole.

Collaboration

La Ville affirme être bien au courant de la situation. «Une régisseuse de la Direction de la culture, du sport, développement des communautés de la Ville de Longueuil a d’ailleurs agi comme répondante à l’organisme afin de les aider dans leur réflexion et selon les prochaines démarches à envisager. Tous les outils et toutes les informations nécessaires ont été transmis à l’école afin qu’ils puissent faire un choix éclairé sur la poursuite de leurs activités», indique-t-on.

Advenant que l’école de karaté entame une demande de reconnaissance, on assure qu’«elle sera accompagnée étroitement par l’équipe de la Ville, au même titre que les 500 organismes qui sont soutenus par la Ville annuellement».

Si l’«organisme répond à l’ensemble des critères et obtient sa reconnaissance, d’écrire la régisseuse au dossier, il pourra effectivement faire une demande pour avoir accès aux installations de la Ville et de son partenaire, le Centre de services scolaire Marie-Victorin, au tarif en vigueur, selon la disponibilité des ressources et des espaces.»

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