Tarifs douaniers sur l’aluminium : une entreprise de Sainte-Julie menacée

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Par Diane Lapointe
Tarifs douaniers sur l’aluminium : une entreprise de Sainte-Julie menacée
Bruno Montgrain à l’intérieur de l’usine Alu MC3. (Photo : gracieuseté)

Les tarifs que Donald Trump menace d’imposer sur les produits canadiens pourraient coûter très cher à Alu MC3, une entreprise de Sainte-Julie spécialisée dans la fabrication de lampadaires et de structures de signalisation en aluminium.

Lors d’une entrevue accordée à La Relève, Bruno Montgrain, vice-président de l’entreprise, a exprimé ses préoccupations face à l’imposition possible de tarifs douaniers américains qui, le 11 mars, pouvaient atteindre jusqu’à 75% sur leurs produits destinés à l’exportation vers les États-Unis, avant que le locataire de la Maison blanche ne change encore d’avis.

Actuellement, environ 25% du chiffre d’affaires d’Alu MC3, qui s’élève à 12 M$ par an, provient du marché américain. «Cette part était en croissance et nous avions des projets d’expansion, mais cette incertitude nous force à les mettre sur la glace à court terme», explique M. Mongrain.

Deux types de tarifs menacent l’entreprise, soutient M.Montgrain. Un premier tarif de 25% sur l’ensemble des produits canadiens exportés vers les États-Unis, appelé sweeping tariff qui a été reporté d’un mois,

Un second tarif de 25%, ciblant spécifiquement l’acier et l’aluminium canadiens, a été imposé le 12 mars.
Si ces mesures s’additionnent, le coût total pourrait grimper à 50%, rendant les exportations pratiquement impossibles, avance M. Montgrain.

«Dans un tel scénario, une perte de 50% de notre chiffre d’affaires pourrait entraîner des mises à pied parmi nos 45 employés», affirme M. Montgrain.

«Rien n’est encore certain dans ce dossier, et la situation pourrait évoluer encore et rapidement. Il faut s’organiser en conséquence, explique-t-il. Quand je donne un prix à un client américain, je dois le calculer en fonction du pire des scénarios. Si je m’appuie sur une hypothèse trop optimiste et que la situation s’aggrave, je vais en payer le prix.»

M.Montgrain espère cependant contourner une partie de ces tarifs en utilisant de l’aluminium produit et transformé aux États-Unis, bien que cela impliquerait des démarches administratives complexes pour obtenir une remise tarifaire.

Par ailleurs, il plaide pour une valorisation de l’aluminium québécois auprès des différents clients potentiels comme le ministère des Transports du Québec (MTQ) et les villes.

Il déplore toutefois que des villes achètent également des lampadaires et des structures de signalisation en aluminium en provenance de la Chine.

Il souligne que l’aluminium québécois, produit avec de l’hydroélectricité propre, est plus écologique et de meilleure qualité que l’acier chinois, souvent fabriqué à partir d’électricité produite au charbon.

Face à l’incertitude, Alu MC3 espère que le gouvernement du Québec encouragera l’utilisation de l’aluminium local afin de soutenir les entreprises québécoises tout en respectant une démarche écologique.

Ce texte a été rédigé le 12 mars. Depuis, la situation pourrait avoir évolué.

 

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