

L’exploration de l’espace ne cesse de nous fasciner et de nous étonner. Celle-ci a souvent mis de l’avant des hommes, mais de plus en plus de femmes jouent un rôle déterminant dans les avancées réalisées dans ce domaine. Julie Bellerose fait partie de ces étonnantes pionnières puisqu’elle a occupé à deux reprises un poste de premier plan à la NASA.
En septembre 2022, la Julievilloise d’origine était cheffe de navigation au Jet Propulsion Laboratory de la NASA dans le cadre de la mission DART, dont l’objectif était de lancer une sonde de 570 kilos contre un astéroïde afin de créer un impact suffisamment précis pour le faire dévier de sa trajectoire.
Cette collision, provoquée par Julie Bellerose, a eu lieu à 11 millions de kilomètres de la Terre et s’est avérée un succès, malgré les nombreux problèmes qu’il a fallu résoudre au fur et à mesure.
Avec cette mission DART dotée d’un budget de 325 M$, la NASA voulait protéger la Terre des menaces venues de l’espace qui peuvent faire d’énormes dégâts une fois qu’elles entrent en collision avec notre planète, comme ce fut le cas avec le cratère météoritique de 72 kilomètres de diamètre qui se nomme aujourd’hui le lac Manicouagan.
Cette mission à laquelle a pris part Julie Bellerose est revenue dans l’actualité récemment en raison de la découverte de l’astéroïde 2024 YR4 qui avait initialement une probabilité de 3,1% de frapper la Terre dans 7 ans, soit le niveau de danger le plus élevé jamais enregistré par la NASA. Heureusement, cette probabilité a été revue à la baisse et elle est maintenant à moins de 1%, car son impact aurait pu être 500 fois plus puissant que la bombe nucléaire d’Hiroshima…
Des bases sur la lune
Présentement, la Julievilloise est aux commandes d’une nouvelle mission qui doit se rendre sur la lune cette fois, puisqu’elle est cheffe de navigation de Lunar TraiBlazer.
À quelques heures seulement du lancement prévu le 26 février, Julie Bellerose a accordé une entrevue à La Relève, malgré son horaire des plus chargés. «C’est quasiment le calme avant la tempête!» de rire l’ingénieure qui a notamment un doctorat en génie aérospatial à l’Université du Michigan.
«On doit faire beaucoup plus que pour la mission DART. On doit probablement faire jusqu’à quatre manœuvres en quatre jours, ce qui ne se fait pas très souvent. Moi et mon équipe d’une douzaine de personnes, on va être dans la navigation 24 heures sur 24 pendant les quatre prochains jours. Ça va être très occupé!»
«Je suis celle qui a le dernier mot à dire pour tout ce qui est des manœuvres de navigation, pour savoir où est-ce qu’on est dans l’espace et où on s’en va. […] Ça va prendre quatre mois avant qu’on soit alignés exactement pour pouvoir s’insérer dans l’orbite lunaire qui est à 100 kilomètres d’altitude.»
Un des instruments à bord analysera certaines régions qui ont plus de glace, surtout dans les cratères qui ne sont pas éclairés par le soleil, et l’autre procèdera à une cartographie des zones par infrarouge, c’est-à-dire les endroits qui ne sont pas observables en lumière visible.
«On va essayer de faire une cartographie des ressources de glace sur la lune, donc ça va informer les futures missions, soit orbitales, mais surtout les missions humaines que la NASA veut envoyer sur la lune dans la prochaine décennie. Ça va indiquer à quels endroits on pourra explorer dans les prochaines années.»
Donc, après avoir participé à la protection de la Terre avec la mission DART, Julie Bellerose apportera cette fois sa contribution à la construction de futures stations lunaires afin d’y mener des missions scientifiques et d’explorer les ressources de la lune. Celle-ci pourront éventuellement être précieuses pour l’exploration spatiale et, qui sait, peut-être apporter des solutions afin d’assurer le futur de l’humanité.
Pour en savoir plus sur la mission Lunar TrailBlazer https://www.jpl.nasa.gov/missions/lunar-trailblazer/
Julie Bellerose a complété un baccalauréat en génie mécanique à l’Université McGill, une maîtrise en science et génie à l’Université du Michigan et un doctorat en génie aérospatial à cette même université.