Le Comité de concertation et de valorisation du bassin versant de la rivière Richelieu (COVABAR) s’insurge du fait qu’en Montérégie, plus de 28M$ dorment dans les coffres de l’État, car les modalités pour présenter des projets de protection et de restauration de milieux humides sont trop restrictives.
Le directeur général du COVABAR, Sylvain Lapointe, a rappelé que la loi 81 modifiant diverses dispositions en matière d’environnement fait l’objet d’auditions par la Commission des transports et de l’environnement. Or, dans le projet de loi, il y a une disposition qui permettrait d’affecter 15% du fonds de compensations des milieux humides et hydriques pour les diriger à un projet de restauration dans une autre région.
«Nous sommes d’accord avec plusieurs intervenants, cette disposition devrait être retirée du projet de loi afin que les fonds soient prioritairement investis dans la MRC où les compensations ont été reçues, ou du moins dans la région administrative afin de considérer la réalité des bassins versants qui ne se limite pas aux frontières administratives», a-t-il déclaré.
Il a souligné que le Conseil régional de l’environnement de la Montérégie a publié son bilan des milieux humides affectés dans la région et on y constate que ces milieux naturels disparaissent trois fois plus vite que les forêts. Cette réalité fait en sorte que plus de 71% de l’ensemble des milieux humides de la Montérégie sont touchés par divers types de perturbations. Ceux-ci ne couvriraient que 5% de la surface de la Montérégie alors que le minimum recommandé par la science est de 10%.
1 181 hectares perturbés ou détruits
Il déplore que, depuis le 30 novembre 2006, 1 181 hectares de milieux humides ont été perturbés ou détruits dans une «indifférence relative», soit plus que la superficie du parc national du Mont-Saint-Bruno, qui couvre 890 hectares.
Selon le COVABAR, le projet de loi 81 devrait plutôt assouplir les règles d’admissibilité des projets afin de favoriser la restauration des milieux hydriques, tout en déplorant que «les programmes actuellement offerts ne suffisent pas à financer la réalité de nos bassins versants».
«Pourquoi ne pas faire confiance aux organismes de bassins versants pour concerter les travaux de restauration de nos cours d’eau en tenant compte de la réalité des bassins versants, des MRC et des municipalités impliquées?», a fait valoir M. Lapointe en ajoutant que ces organismes ont l’expérience du terrain, de la gestion intégrée de l’eau et de la concertation.
«Il est donc primordial que les fonds demeurent à 100% dans leur région d’attribution afin que l’on puisse investir pour la restauration de nos cours d’eau qui doivent aussi être considérés et redéfinis dans le contexte des changements climatiques. Nous en avons les moyens, les dollars dorment dans les caisses de l’État», a conclu M. Lapointe.
Restauration des milieux humides en Montérégie: plus de 28 M$ dorment dans les coffres de l’État

Par Daniel Bastin
