La Société Alzheimer Rive-Sud (SARS) a dû suspendre ses services de répit aux personnes atteintes d’Alzheimer et à leur proche aidant car elle a dépassé l’enveloppe budgétaire qui lui était allouée par le Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Est (CISSSME) qui, de son côté, n’est pas en mesure de financer les heures supplémentaires.
Cette coupe de service affecte une centaine de clients des CLSC des Seigneuries, Simonne-Monet-Chartrand et Longueuil Ouest qui étaient référés à la Société Alzheimer.
L’organisme est ainsi forcé d’interrompre ses prestations jusqu’à la fin de l’année financière, le 31 mars.
«Le CISSSME nous embauche pour offrir du soutien à domicile pour un certain nombre d’heures déterminé en début d’année. L’entente est de 11 000 heures», explique le directeur général du SARS, Normand Tanguay.
«On a su en juillet qu’on allait exploser les heures et j’avais avisé le CISSSME. Notre projection en août était de 20 000 heures pour l’année financière 2024-2025», poursuit M. Tanguay.
«On s’attend à que le service de répit à domicile reprenne en mars, mais on n’a pas de garantie. On va le savoir en janvier, parce qu’on est avec la nouvelle structure Santé Québec», détaille M. Tanguay
Une autre ressource
«Il n’y a eu aucune diminution de budget envers la Société Alzheimer Rive-Sud (SARS), ils ont écoulé la banque d’heures allouées», confirme la conseillère aux relations médias au CISSSME, Caroline Doucet.
Les citoyens qui bénéficiaient auparavant de blocs de quatre à six heures de visites hebdomadaires à domicile ont été dirigés vers une autre ressource d’aide, soit l’organisme Amélys qui devrait leur offrir désormais les services de répit.
Ils sont pour la plupart sur une liste d’attente.
«Les usagers du SARS visés ont tous été appelés par leur intervenant pivot du soutien à domicile pour leur expliquer ce changement. La transition vers ce nouvel organisme se fera graduellement dans les semaines à venir», signale Mme Doucet
Des clients dépourvus
Pour les familles touchées, cette suspension des services de répit est un coup dur.
«J’ai des clients en pleurs. La coordonnatrice l’est aussi car elle ne reçoit que des appels de gens en larmes. Ça fait un contexte assez lourd», exprime M. Tanguay
Michel Daviau, de Boucherville, est un proche-aidant auprès de sa mère âgée de 94 ans et de son frère handicapé. Il est en colère contre le gouvernement. Sa mère est sur la liste d’attente, elle qui avait la visite d’une intervenante tous les lundis après-midi.
«Je n’ai pas de répit depuis deux semaines. Je vais tenter de trouver quelqu’un qui pourra me donner un coup de main temporairement, pour respirer un peu, mais ce n’est pas évident», dit-il à La Relève
«Les gens âgés ne sont pas des pions. Il faut être humain», ajoute-t-il.
Constante augmentation
Selon le directeur général de SARS, la demande pour ces services a explosé au cours des dernières années, en grande partie en raison du vieillissement de la population.
En 2023-2024, la SARS comptait 25 accompagnateurs pour répondre aux besoins, mais ce nombre a presque doublé, atteignant aujourd’hui 46 accompagnateurs.
«Avec le vieillissement de la population, les besoins en accompagnement pour les personnes atteintes d’Alzheimer continueront de s’accroître», appréhende-t-il.
Ce service permet aux proches aidants de bénéficier d’une pause cruciale de quelques heures, chaque semaine.