Un Prix du Québec à un pionnier de l’Institut de recherche d’Hydro-Québec à Varennes

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Par Daniel Bastin
Un Prix du Québec à un pionnier de l’Institut de recherche d’Hydro-Québec à Varennes
Je suis fier d’avoir apporté ma petite contribution dans un domaine qui préoccupe l’humanité », a lancé Michel Gauthier, récipiendaire du Prix Lionel-Boulet. (Photo : Éric Labonté UdM)

Les Prix du Québec représentent la plus haute distinction décernée par le gouvernement en culture et en science. Michel Gauthier, récipiendaire du Prix Lionel-Boulet – Recherche et développement en milieu industriel, est un acteur incontournable de la recherche sur les batteries au lithium et il a été l’un des pionniers de l’Institut de recherche d’Hydro-Québec (IREQ) à Varennes.
Le natif de Trois-Rivières a obtenu un doctorat en électrochimie en 1970 à l’Université de Montréal et a suivi des études postdoctorales à Grenoble, où il se spécialise en électrochimie des solides à l’École nationale supérieure d’ingénieurs. De retour au Québec en 1972, il amorce une fructueuse carrière de 27 années chez Hydro-Québec et se joint à l’équipe de Lionel Boulet, qui vient de créer l’Institut de recherche d’Hydro-Québec, à Varennes. « C’était un visionnaire! Au-delà d’Hydro-Québec comme producteur d’électricité, il souhaitait, par la recherche, aller encore plus loin dans l’industrialisation et faire entrer le Québec dans l’ère moderne. J’ai embarqué dans ce rêve-là! », explique-t-il.
Le chercheur développe une expertise sur les accumulateurs au lithium pour répondre aux besoins de stockage chimique de l’énergie électrique. Il travaille sur le projet Accumulateur à électrolyte polymère (ACEP) et, en 1999, il figure comme inventeur sur 36 des 108 familles de brevets détenus par Hydro-Québec pour cette technologie. Ses réalisations ont permis au Québec de se placer en tête de peloton dans la mise au point des premiers accumulateurs tout solide.
Michel Gauthier est soucieux du développement local et contribue à mettre sur pied des filiales d’Hydro-Québec, soit la coentreprise ACEP avec la société japonaise Yuasa et la filiale Argo-Tech en lien avec la société américaine 3M et le US Battery Consortium, pour commercialiser les brevets sur les accumulateurs. Il dirige alors 3 équipes de 145 chercheurs, ingénieurs et techniciens.
Une usine à Boucherville
Au fil des ans, Argo-Tech devient Avestor, puis Blue Solutions Canada. Propriété de la multinationale Bolloré, l’usine de Boucherville compte aujourd’hui quelque 170 employés. La production de l’entreprise, qui a fabriqué la première batterie tout solide au monde, repose sur les brevets liés à la technologie ACEP.
En 1999, Michel Gauthier quitte l’IREQ. Il se lance en affaires à titre de conseiller scientifique, devient chercheur invité au département de chimie de l’Université de Montréal et fonde l’entreprise Phostech Lithium en 2001. Son but est d’implanter au Québec la première usine de production de phosphate de fer au monde, un matériau d’électrode susceptible de remplacer l’oxyde de cobalt dans les accumulateurs au lithium-ion.
Le projet culmine avec l’ouverture d’une première usine à Saint-Bruno-de-Montarville en 2006. Une seconde installation, d’une plus grande capacité de production, voit ensuite le jour à Candiac. Le chercheur poursuit aujourd’hui son rêve de faire évoluer l’industrie en s’affairant au démarrage d’Ignis Lithium. « Ce sera probablement ma dernière aventure scientifico-commerciale! », précise-t-il en mentionnant que Tesla utilise maintenant le phosphate de fer dans ses voitures électriques.
« Autant je m’intéresse au passé, autant le futur me préoccupe beaucoup. On a l’impression d’influencer un peu l’évolution de cet avenir en rendant disponibles des solutions innovantes et moins dommageables pour la planète. »
Le récipiendaire est heureux des retombées engendrées par ses recherches. Des entreprises bien implantées fabriquent désormais ce qu’il avait en tête il y a cinquante ans. « La question de l’énergie, c’est un enjeu majeur présentement avec le réchauffement climatique. Je suis fier d’avoir apporté ma petite contribution dans un domaine qui préoccupe l’humanité. »
(Source : Prix du Québec)



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