La pénurie de main-d’œuvre entraine des pertes de 1,3 milliard $ en Montérégie

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Par Daniel Bastin
La pénurie de main-d’œuvre entraine des pertes de 1,3 milliard $ en Montérégie
La majorité des entreprises manufacturières ressentent les conséquences de la pénurie de main-d’œuvre en constatant des retards de livraison (82 %), une augmentation des coûts (73 %) et une insatisfaction des clients (62 %). (Photo : Shutterstock)

Un sondage mené par Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) a dressé un portrait alarmant de la situation de ces entreprises alors que près de 7 G$ ont été laissés sur la table dans la dernière année en raison de la pénurie de main-d’œuvre qui persiste dans ce secteur à l’échelle de la province. De ce nombre, 4 G$ représentent des pertes entrainées par des contrats refusés et des retards accumulés et 3 G$ sont le résultat d’investissements retardés ou annulés. En Montérégie seulement, ces pertes sont de l’ordre de 1,3 G$.
Le secteur manufacturier québécois emploie près d’un demi-million de travailleurs et représente 12,6 % du produit intérieur brut (PIB) ainsi que 86,1 % des exportations. Il a généré des ventes globales de près de 183,1 G$ en 2021.
Cette problématique du manque de main-d’œuvre fait en sorte qu’au cours de la dernière année, près d’une entreprise manufacturière sur trois (30 %) a pensé à déménager une partie de ses activités à l’étranger ou à donner davantage de contrats à l’extérieur. La majorité des entrepreneurs ressentent les conséquences de la pénurie de main-d’œuvre en constatant des retards de livraison (82 %), une augmentation des coûts (73 %) et une insatisfaction des clients (62 %).
Selon les données de Statistique Canada, il y avait 31 985 postes vacants dans le secteur manufacturier québécois au deuxième trimestre de 2022, en comparaison à 30 720 au premier trimestre de la même année.
Des solutions nécessaires
« Nous sommes à l’aube d’une récession, le gouvernement doit faire de la pénurie de main-d’œuvre une priorité et en faire plus, plus vite, pour appuyer les entreprises manufacturières, les piliers de notre développement économique », lance Véronique Proulx, présidente-directrice générale de MEQ.
Elle précise que les secteurs comptant le plus de postes à pourvoir sont ceux de la fabrication de matériel de transport, de machines et d’aliments, tout en soulignant que les grandes régions manufacturières les plus touchées sont la Montérégie, Chaudière-Appalaches et Montréal.
Mme Proulx ajoute qu’une majorité de 70 % des manufacturiers interrogés se tournent vers le recrutement international pour pallier leurs besoins en travailleurs. Toutefois, ils identifient plusieurs obstacles au recrutement de main-d’œuvre étrangère, soit la complexité des processus, les délais et les coûts ainsi que le manque de ressources pour accueillir les ouvriers étrangers.
La PDG rappelle que six entreprises sur dix sont d’avis que le gouvernement du Québec pourrait en faire beaucoup plus pour aider à régler le problème de pénurie de main-d’œuvre et que près de la moitié (45%) des entrepreneurs sondés sont d’avis que le recrutement international ainsi que la hausse des seuils d’immigration devraient faire partie de la solution.
« La pénurie de main-d’œuvre demeure le plus grand frein à la croissance internationale des manufacturiers québécois. La pénurie devient un goulot d’étranglement dans nos chaînes d’approvisionnement, un frein à l’investissement technologique qui permet notamment de décarboner notre industrie et elle limite notre capacité à développer de nouveaux marchés. On demande au gouvernement du Québec d’en faire une priorité et d’activer tous les leviers qui sont à sa disposition afin d’appuyer les manufacturiers. On peut penser à hausser des seuils d’immigration, favoriser le passage des travailleurs étrangers temporaires vers l’immigration permanente, accélérer l’automatisation et la robotisation, de même que hausser le nombre de manufacturiers qui bénéficient de programmes de formation », conclut Véronique Proulx.






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