La CMM interdit toute construction et travaux dans les milieux naturels d’intérêt

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Par Diane Lapointe
La CMM interdit toute construction et travaux dans les milieux naturels d’intérêt
La CMM prend les grands moyens pour accélérer la protection des milieux naturels et les espèces menacées.

La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) a pris les grands moyens pour accélérer la protection des milieux naturels et les espèces menacées et pour la mise en valeur des milieux naturels du territoire métropolitain. Avec le règlement de contrôle intérimaire (RCI) concernant les milieux naturels adopté à l’unanimité le 28 avril dernier, toute construction sur ces sites sera dorénavant interdite.
« C’est une très belle nouvelle environnementale », a lancé le maire de Boucherville, Jean Martel. Le RCI qui entrera en vigueur dès son approbation par le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation, dans un délai maximal de 60 jours, a pour effet d’interdire toute construction, tout ouvrage, tous travaux ou toute activité dans les milieux terrestres et humides d’intérêt métropolitain ciblés par la CMM et dans l’habitat de la rainette faux-grillon, sauf exceptions prévues.
Ce règlement cible 12 367 hectares (ha) de milieux naturels supplémentaires par rapport à ceux protégés par le Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD). Ainsi, un total de 53 435 ha, soit 22,3 % du territoire du Grand Montréal – une superficie équivalente à l’île de Montréal – font désormais l’objet de mesures de conservation.
Ces milieux sont composés de 42 835 ha de milieux terrestres, de 11 604 ha de milieux humides et de 3 313 ha d’habitat de la rainette faux-grillon de l’Ouest, soit l’ensemble de l’habitat de cette espèce dans le Grand Montréal. Il s’agit d’ailleurs de la première fois dans l’histoire du Québec que l’habitat de cette espèce menacée d’extinction est ainsi cartographié et visé par des mesures de conservation dans un outil d’aménagement.
En réduisant les pressions liées à l’urbanisation dans les milieux naturels visés, ce règlement contribuera également à protéger les habitats de diverses espèces en situation précaire, dont le petit blongios, le ginseng à cinq folioles, des occurrences floristiques prioritaires non protégées de plantes vasculaires ainsi que des alvars. Il permettra en outre de protéger des écosystèmes forestiers exceptionnels et participera au maintien de l’équilibre des écosystèmes et de la diversité biologique du territoire.
Depuis 2012, l’objectif fixé par le Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD) était de protéger 17 % du territoire d’ici 2031, mais selon le plus récent bilan (2020) du Plan métropolitain d’aménagement et de développement, la superficie totale des aires protégées du Grand Montréal ne représente que 10,1 % de la superficie totale de la région.
« Je suis très fière de l’annonce. Pour la première fois, la cartographie de la rainette faux-grillon, une espèce particulièrement présente dans l’agglomération de Longueuil, sera intégrée à un outil d’aménagement métropolitain. Nous avons une responsabilité politique d’assurer un développement urbain qui tient compte des défis climatiques et assure un large accès à la nature pour la population. Ce règlement permet de répondre à ces réalités. Il contribuera à freiner l’étalement urbain tout en assurant une prévisibilité aux promoteurs immobiliers et en protégeant davantage de milieux naturels, notamment grâce aux acquisitions que peuvent réaliser les municipalités dans le cadre du programme de la Trame verte et bleue », a déclaré la mairesse de Longueuil et vice-présidente du comité exécutif de la CMM, Catherine Fournier.
« La réglementation constitue un moyen efficace, permettant au milieu municipal de contribuer directement et concrètement à la lutte aux changements climatiques. Le RCI de la CMM est un bel exemple pour la préservation des milieux naturels. Grâce à ce geste important, les villes de la CMM agissent concrètement pour lutter contre les changements climatiques », a pour sa part mentionné Martin Damphousse, maire de Varennes, membre du comité exécutif de la CMM ET président du Comité des changements climatiques de l’Union des municipalités du Québec (UMQ).
La mairesse de Montréal et présidente de la CMM, Valérie Plante, parle d’un « geste historique » posé par la CMM pour répondre à la crise climatique en matière d’aménagement. « Avec ce règlement, nous freinons la pression sur nos milieux naturels et protégeons les espèces en situation précaire les plus rares ».
Les conseils régionaux de l’environnement (CRE) de Laval, de la Montérégie, de Montréal et des Laurentides se réjouissent de l’adoption par les élus de la CMM de ce règlement de contrôle intérimaire sur les milieux naturels. « Alors que les milieux naturels représentent moins de 25 % du territoire de la CMM, que l’avenir de plusieurs d’entre eux est en péril et que les pressions de développement ne cessent de s’intensifier, un geste fort était plus que nécessaire pour stopper l’hémorragie et renverser la tendance de destruction des dernières décennies. »
Les CRE espèrent que le gouvernement du Québec approuvera rapidement la recommandation des élus de la CMM afin que le règlement entre en application. À terme, les quatre organisations font également le souhait que l’ensemble de ces milieux d’intérêt identifiés soient protégés à perpétuité et que des actions soient prises pour assurer le maintien de leur intégrité écologique.

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